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Joseph Koto

Dos au mur, le Sénégal n’a plus le choix. Ce soir, face à la Côté d’Ivoire, les Lions de la Téranga, battus 4-2 à l’aller, ont pour obligation de renverser la situation en leur faveur s’ils veulent éviter un énième fiasco. Une tâche qui s’annonce très difficile donc. D’autant que le climat autour de la sélection n’est pas vraiment propice à la préparation d’un tel match. Au milieu des petites phrases assassines se tient un homme : Joseph Koto, le sélectionneur, coupable de crime de lèse-majesté pour avoir laissé la star El-Hadji Diouf sur le bord de la route.

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« L’intérêt de la nation sénégalaise est au-dessus de tous les intérêts et des différends personnels. Le temps n’est pas à la dispersion mais à l’unité derrière l’objectif commun qui est de qualifier le Sénégal à la CAN 2013 ». Ces mots sont ceux de Malick Gakou. Le Ministre des Sports sénégalais en personne appelle au rassemblement derrière la sélection nationale. Pour cela, il a même décidé de lancer l’opération « Tous derrière les Lions » , destinée à pousser Demba Ba,Moussa Sow et consort vers la qualification pour la prochaine Coupe d’Afrique.

Car oui l’heure est grave. Battu 4-2  lors du troisième et dernier tour aller de qualification par la Côte d’Ivoire, le Sénégal est condamné à l’exploit ce samedi, à Dakar, lors du match retour s’il veut voir l’Afrique du Sud l’hiver prochain. Déjà dans une situation compliquée, les Lions de la Téranga doivent en plus faire avec toutes les tensions et autres guerres d’égo qui gangrènent de l’intérieur la sélection et la Fédération. A l’aube de ce rendez-vous capital, les critiques ne cessent de s’abattre sur le sélectionneur Joseph Koto et ses choix. Et notamment celui de se passer d’El-Hadji Diouf.

El-Hadji Diouf fout toujours la merde

Flashback. Le 26 septembre dernier, la Fédération Sénégalaise de football (FSF) décide de revenir sur la suspension de cinq ans d’El Hadji Diouf, prononcée un an plus tôt par la Commission de Discipline après que l’enfant terrible du foot sénégalais ait déclaré que « tout le système du foot sénégalais était corrompu ». Bizarre ? Pas vraiment.

Certes, Diouf croupit désormais à Leeds, en Championship, mais il n’en reste pas moins le chouchou d’une grande partie des Sénégalais. En faisant cela, la Fédération envoie donc un message à Joseph Koto et cela deux jours avant que ce dernier ne dévoile sa liste pour le retour face aux Eléphants : il faut rappeler le double Ballon d’Or africain. Beaucoup imaginent déjà Diouf revenir en sauveur de la nation et guider les Lions vers l’Afrique du Sud. Ils vont être déçus.Deux jours plus tard, la nouvelle tombe. Joseph Koto reconduit le même groupe qu’à l’aller. Pas de Mamadou Niang donc, mais surtout pas d’El-Hadji Diouf. Les partisans du blondinet s’indignent et s’enflamment. Dès lors, Joseph Koto, en première ligne, puis la Fédération, deviennent les cibles de toutes les critiques. Et premièrement celles du principal intéressé.

« Ces dirigeants sont des cancres, ils ont d’énormes insuffisances, lâche Diouf au quotidien sportif Stades dans son pur style. Je sais que je suis parmi les meilleurs dans ce que je fais, ils ne peuvent pas en dire autant. Ce sont tous des tocards et ils vont tous dégager. Je n’ai même pas envie de faire plaisir à ces mecs-là. S’ils le veulent, ils n’ont qu’à me suspendre encore dix voire douze ans. Tôt ou tard, je reviendrai dans le football sénégalais et quand je reviendrai, ils seront les premiers à être aux anges, comme ils l’ont toujours été quand j’étais là. ». Du Diouf tout craché quoi.

Joseph Koto, l’ennemi public n°1 

Depuis la révélation de cette fameuse liste, pas un jour ne se passe sans une sortie médiatique d’un ancien joueur ou d’un responsable de la fédé pour commenter la situation et donner son avis personnel. Outre la non-sélection de Diouf, ce sont surtout les choix et l’indépendance de Joseph Koto, en poste depuis avril, qui sont remis en cause, certains accusant le sélectionneur de n’être qu’une marionnette de la Fédération. L’ancien Lensois Abdoulaye Diagne-Faye, 35 sélections avec les Lions, pense lui avoir cerné le véritable problème de la sélection et même du football sénégalais dans son ensemble. «Sous l’influence des dirigeants, certains entraîneurs (…) nous ont plongés dans un débat stérile avec des histoires de jeunes et de vieux.

Les joueurs Sénégalais sont bons, mais n’ont plus de repères. Le problème du Sénégal, c’est d’avoir des entraîneurs qui n’ont jamais joué au haut niveau. Depuis le départ de Kasperczak (sélectionneur polonais des Lions entre 2006 et 2008, ndlr), il n’y a aucune organisation, on ne fait que tâtonner. Souvent, les sélectionneurs promettent monts et merveilles aux joueurs, mais une fois confirmés, ils font autre chose. Ils ne respectent pas leur parole et ne disent pas la vérité. J’ai tout le temps plaidé pour l’expertise locale, mais il faut reconnaître que nos entraîneurs ne sont pas à la hauteur.

Ils ne prennent jamais leurs responsabilités et ne font que tâtonner», confie le milieu de Hull City à L’Observateur.Elle est donc bien loin cette époque où le Sénégal, alors sous les ordres de Bruno Metsu, était le cador du continent africain et se hissait jusqu’en quart de finale de la Coupe du Monde japonaise et coréenne il y a dix ans. Depuis 2002, les Lions de la Téranga vont d’échec en échec.

 Le dernier en date ? Cette lamentable dernière place de leur groupe lors de la précédente Coupe d’Afrique en Guinée Equatoriale et au Gabon alors qu’ils avaient auparavant survolés les débats lors des qualifications et partaient comme de sérieux favoris. Ce soir, devant leur public, les Sénégalais seront donc condamnés à l’exploit face aux hommes de Sabri Lamouchi. Sans cela, ils s’enfonceront encore un peu plus dans la crise. Et El-Hadji Diouf traiter tout le monde de crétin.Par Thomas Porlon

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