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L’émotion s’estompe, et voici l’histoire jamais racontée d’une équipe qui, y a une dizaine d’années, s’appelait Diokoul Fc, et végétait en division régionale. Un modèle viable, et un casting XXL qui monte en puissance.

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UNE QUALIFICATION HISTORIQUE À TOUT POINT DE VUE:

Lorsque Laye Diop s’est avancé pour le dernier tir victorieux sous l’orage de Casablanca, le Sénégal a retenu son souffle. Silence de cimetière. Il inspire. Puis expire. Il trottine court, puis la catapulte au fond des filets.

C’est l’extase. La liesse populaire. L’apothéose. Sur le coup, Ablaye ne réalise pas. Et puis, la lucidité. Les bras levés au ciel, il mesure l’exploit. Il est prêt à prendre son envol. Vers l’Afrique. Son destin était tracé: l’ex arrière droit de NGB vient de toucher le Graal.

Il vient de remettre en question une histoire vieille de 16ans. Lui qui y a 16ans, n’était qu’un gamin de 9ans, lorsque la JA se faisait sortir en demi-finale de ligue africaine des champions par les tunisiens de l’Etoile Sportive du Sahel de Sousse, les armes à la main.

AU DÉBUT, IL Y AVAIT D’ABORD UN HOMME COURAGEUX ET AMBITIEUX

Babacar Ndiaye est Docteur en Management, à l’Académie des Sciences de Management de Paris. Un prestigieux diplôme qui lui a permis d’accéder à la compagnie Oryx, dont il est présentement le DG de la filiale au Nigeria.

Babacar Ndiaye, Président Teungueth FC

Le Président Babacar Ndiaye a pris les rênes du Diokoul Fc en 2011, alors en division régionale. Lui qui a été Président de l’ASC Bonne Entente 2 de Keuri Kaw, puis dirigeant de Yakar de Rufisque. Mais les urgences sont là: le Diokoul Fc est quasi anonyme.

Le branding commence d’abord par un naming très intelligent et fédérateur : « Teungueth » est le nom traditionnel lébou de Rufisque, et il faut faire en sorte que toute la ville s’y retrouve. Donc, « Teungueth Fc » est le nouveau du désormais ex Diokoul Fc.

S’ORGANISER, SE STRUCTURER: LA CLÉ DU SUCCÈS 

L’objectif de Babacar de mettre sur pied un club de dimension africaine dans 10ans est bien en marche. Il faut tempérer, patienter, y aller petit à petit, prendre le temps de grandir tout en recrutant les meilleurs techniciens.

A force de travailler et s’entourer d’une bonne équipe, il gravit les échelons un à un, remonte, descend puis remonte en ligue 2, puis en ligue 1 en collaboration du « frère » Génération Foot en 2016, avec le titre de champion de Ligue 2 grâce à l’excellent Moustapha Seck.

Moustapha Seck, entraineur

La Ligue1 est compliquée, et le Tfc se sauve de la relégation en 2017-18 grâce au technicien Lamine Dieng. En 2018-19 Babacar recrute Jules Diallo, avec qui il remporte la coupe du Senegal en 2019 1-0 contre l’US Gorée. Le dernier trophée à Rufisque était en 1977 avec Saltigué.

PARFOIS IL FAUT SAVOIR DIRE NON

Quand on est humble, on sait quand y aller, et quand non. Sous la houlette du nouveau technicien transfuge du Stade de Mbour Youssouph Dabo, le Tfc crée la stupéfaction en renonçant volontairement à participer aux préliminaires de la Coupe Caf.

Depuis la saison 2013-14, le Tfc a commencé à payer de manière formelle tous ses joueurs et staff, alors qu’ils ne sont qu’en National 1. Joueurs, encadrement, personnel administratif, tous sont salariés. Aller à la CAF allait être une sorte de précipitation. Il faut patienter.

L’opinion sportive s’en étonna même, croyant que le souci était plus financier que stratégique. Youssouph Dabo me dira: « nous avons un plan clair et notre renoncement n’est pas que financier, il est aussi stratégique et bien réfléchi, on a un objectif à long terme ».

D’autres clubs ont aussi fait des investissements à l’image de Mady Touré de GF, Modou Fall alors à l’As Pikine, Diamil Faye alors au Gfc, Djibril Wade au Ngb, Cheikh Seck au Jaraaf, Me Augustin Senghor à l’Us Gorée entre autres. Mais le Tfc a eu plus de chance et de réussite.

LE TRAVAIL DE YOUSSOUPH DABO ET LES HOMMES DE L’OMBRE : 

Sous Dabo, le Tfc n’a pas encore perdu de match officiel. Depuis sa signature au club, il a disputé 18 rencontres sur le banc, dont 13 en championnat.

1 en coupe de la ligue perdue aux buts contre Jamono de Fatick, et 4 en ligue africaine des champions. Énorme, non? Et mieux, encore l’équipe marque 26 fois et ne prend de buts que 8 fois ! Cet homme est sous-côté !

Mais au delà du gros travail de Babacar Ndiaye et du coach Youss, il y a aussi et surtout les hommes l’ombre: Abdou Gueye Coach Adjoint, Kana Fall Préparateur des Gardiens, Pathé Sarr Préparateur Physique, et le doyen Alassane Dia Directeur Technique.

Alassane Dia est très connu du football sénégalais à la faveur de son excellent parcours. Homme de l’ombre depuis bientôt 3ans après avoir coaché à l’As Pikine puis une année sabbatique suivi de quelques piges au Ngb, sa supervision technique est importante pour Dabo.

Avec son analyste vidéo Moussa Camara, le Tfc s’est abonné à la célèbre plateforme russe INSTAT, afin de se voir livrer toutes les statistiques possibles de ses matchs, et ce au détail près. Un abonnement très onéreux. Mais le jeu en vaut une chandelle.

FAIRE MIEUX QUE LA JA?

Le Tfc de Babacar Ndiaye n’a pas lésiné sur les moyens pour se construire une réputation. Le club s’est doté d’un R+2 pour un bloc administratif, et de 2 bâtiments de R+2 pour loger ses joueurs, qui perçoivent des primes de match de 100 milles frs ou plus, selon.

La fermeture du Stade Ngalandou Diouf pendant longtemps a fait que le club a joué pendant presque 8ans hors de ses bases, en jouant à Amadou Barry. Sa mise à service augurerait de meilleurs lendemains pour une ville qui a toujours compté dans le football national.

Symbole ultime, cette qualification historique quelques semaines après le décès tragique du fils de la ville Pape Bouba Diop ancien joueur des Saltigués de Rufisque en catégorie cadets, n’est sûrement pas un hasard. 2021 est là. Il tend nous les bras. La bonne année ?

 

 

Adama Ndione (Twitter) – Journaliste

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