Pour brouiller les pistes concernant ses choix tactiques, Aliou Cissé s’est essayé à plusieurs systèmes de jeu lors des dernières sorties des Lions. Mais le sélectionneur national s’est complétement loupé face aux Eperviers (0-0), mardi à Lomé, pour avoir opté au départ de jouer sans attaquant de pointe.
Le Sénégal est revenu de Lomé avec un point précieux, lors de la 2e journée de qualifications pour le Mondial 2026. Bousculés par les Eperviers, les Lions ont été sauvés par un Edouard Mendy intraitable dans sa cage. Permettant ainsi aux champions d’Afrique de rester en tête de leur groupe.
Mais le fait marquant de cette contre-performance de Lomé a été le système de jeu (encore un autre) mis en place par Aliou Cissé. Au niveau de l’organisation défensive, il n’y pas eu de nouveautés, avec les mêmes joueurs qui ont été reconduits, dans l’axe et au niveau des pistons, comme contre le Cameroun.
Par contre, le sélectionneur national a surpris tout le monde en optant pour une attaque sans un avant-centre de pointe. «El Tactico» qui a joué en 4-4-2, ayant choisi d’aligner deux attaquants axiaux : Sadio Mané et Ismaïla Sarr, avec Iliman Ndiaye en meneur de jeu.
Comment opter pour une attaque sans pointe, alors que vous avez deux avant-centres sur le banc !
Evidemment, ce choix de Cissé de ne pas jouer avec une pointe a alimenté les débats après le nul de Lomé. Ce qui peut se comprendre si on sait qu’il avait sur le banc deux avant-centres de métier, à savoir Habib Diallo et Nicolas Jackson.
D’ailleurs, pour montrer que le coach s’est loupé, il a fallu attendre la rentrée… tardive de Jackson (à 15 minutes de la fin) pour voir les Lions s’offrir des occasions dangereuses.
La question donc qui revient au galop est de savoir : pourquoi Cissé a choisi de jouer sans pointe ? En fait, on est tenté de lier une telle décision par cette volonté affichée depuis quelque temps par le sélectionneur qui s’essaie à plusieurs systèmes de jeu. En effet, lors des derniers matchs des Lions, Cissé est passé d’un 4-3-3 à un 3-4-3, avant de virer à un 4-4-2 mardi contre le Togo.
Evidemment, une telle démarche n’a pas échappé aux journalistes qui l’ont interpellé par rapport à ces «systèmes-test». «C’est bien d’avoir deux à trois systèmes pour ne pas permettre à l’adversaire de nous lire. Le système à Lens est différent de celui d’aujourd’hui ou de celui du match contre le Brésil. Les joueurs s’adaptent, et c’est une bonne chose», avait-il expliqué en conférence d’après-match contre le Soudan du Sud (4-1), samedi dernier, au Stade Abdoulaye Wade.
On peut comprendre qu’un entraîneur s’essaye à plusieurs systèmes. Une manière sûrement de varier ses options tactiques. Mais est-ce que le contexte s’y prête, à deux mois seulement d’une Can où le Sénégal va devoir défendre son titre de champion d’Afrique ?
A l’approche de cette compétition majeure de la Caf, normalement tout sélectionneur doit s’affairer à peaufiner son système préférentiel et ses certitudes. Mais à vouloir dribbler ses prochains adversaires, on risque de marquer contre son camp. Et justement, c’est le cas pour Cissé qui a concédé un «Csc» au Stade de Kégué, pour avoir plombé son organisation offensive avec l’absence au départ d’un attaquant de pointe.
On ne dira pas que tous ses essais ont été improductifs (mention spéciale au 3-4-3 contre le Cameroun), mais celui mis en place contre les Eperviers mérite que le coach en tire les enseignements. Comme quoi, on ne doit pas «cracher» sur ses acquis et certitudes, à deux mois d’une Can.