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5 ans ! C’est l’âge du professionnalisme lancé en 2009 au Sénégal. Et ce n’est peut-être pas encore l’âge adulte, mais c’est quand même un temps requis pour se métamorphoser. Quelle mutation les clubs ont-ils connue ? Ont-ils réellement changé de statut ? Sont-ils réellement entrés dans le professionnalisme ? C’est, en somme, l’objet d’une série d’enquêtes que nous entendons mener sur le terrain. Et c’est dans ce cadre que nous avons fait une descente sur le terrain, pour faire l’état des lieux.
Cette semaine, nos pas nous conduisent sur la Petite Côte à Mbour chez le Touré Kunda. « L’Eléphant » essaie de s’adapter tant bien que mal à cette mue du football sénégalais tout en rêvant d’Afrique, mais à travers un club de ville (voire de département) fort.

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Touré Kunda : Tant bien que mal, en attendant un club de ville fort…
Cinq années après l’installation de la ligue professionnelle, le Touré Kunda promu en 1èredivision en 2010 comptabilise à son actif 1 Coupe du Sénégal, 2 finales de coupe et 1 demi-finale à jouer cette saison face au Diaraf. Suffisant pour que ses dirigeants du club mbourois se félicitent des avancées significatives. Même s’il reste encore des choses à parfaire. Le président Mbaye Diouf Dia préconise la fusion des formations de Mbour pour avoir un club de ville fort à l’image de Marseille, Lyon, Nancy, et pour espérer aller à la conquête de l’Afrique. Mais, faudrait-il pour cela que la subvention municipale tombe régulièrement.
Promu dans l’élite du football sénégalais en 2010, Touré Kunda s’emploie, depuis lors, à bien y tenir sa place. Avec à son actif, une finale de Coupe du Sénégal remportée et une autre perdue et qualifié cette année en demi-finale de cette même compétition face au Diaraf, le club de l’Eléphant de Mbour tarde cependant à opérer une vraie mue, 5 ans après le lancement du professionnalisme. « Je ne peux pas me prononcer sur ce qui a changé entre Touré Kunda, club amateur, et Touré Kunda, club professionnel. Ce qui est constant, c’est que les dirigeants se débrouillent bon an mal an, grâce à l’apport de partenaires. Parce que nous attendons toujours de recevoir la subvention municipale ». L’avis est du président du Touré Kunda, Mbaye Diouf Dia. Ce qu’il y a de positif, selon lui, c’est que la structure professionnelle a permis de gérer les équipements, les joueurs à l’hôtel et même les résultats et une certaine régularité.
Un bon cap à maintenir.
Cependant, M. Dia voit plus loin : il rêve de voir le département de Mbour doté d’un club fort comme c’est le cas à Marseille, Lyon ou Nancy. « Il n’y a aucune raison de nous focaliser sur nos égos », lance-t-il à l’endroit des responsables des autres clubs de la capitale de la Petite Côte. En effet, avec « son » Touré Kunda qui évolue déjà dans l’élite et le Stade de Mbour qui y accédera la saison à venir (et pourquoi pas Diambars, domicilié à Saly Portugal à quelques kilomètres de là), il y a assurément, à ses yeux, de la matière pour bâtir quelque chose de grand. Mbaye Diouf Dia estime même qu’au-delà du championnat du Sénégal, une telle entité pourrait envisager, avec l’appui de la municipalité, de conquérir l’Afrique. A l’image du Tp Mazembé et quelques autres grands clubs.
Plus généralement, Mbaye Diouf Dia, par ailleurs président de la commission fédérale chargé du foot des jeunes et de la formation, est d’avis qu’un professionnalisme digne de ce nom s’installe normalement au bout de 40 ans. C’est pourquoi d’ailleurs, révèle-t-il, « au tout début de l’aventure, on a hésité à parler de Ligue promotionnelle parce qu’on avait déjà une étape à franchir ». N’empêche, au Sénégal, au bout de 5 d’expérience, beaucoup de choses ont été faites. Notamment avec le président Saër Seck qui, soutient-il, a inauguré un nouveau siège, signé un partenariat avec Orange et en plus de beaucoup de projets confiés à des structures pour accompagner La ligue pro en attendant l’accompagnement de l’Etat. Par rapport aux infrastructures, les 16 clubs de Ligue 1 joueront presque tous sur des terrains gazonnés. Ce qui fait dire à Mbaye Diouf Dia que l’année prochaine marquera la phase de consolidation des acquis, qui va véritablement pousser vers le professionnalisme au vrai sens du terme.
Toutefois, le président du club mbourois de Touré Kunda évite d’affirmer péremptoirement que le bilan est positif. Il trouve plutôt qu’il y a des choses à améliorer. Le constat indéniable et irréfutable c’est qu’il y a de réelles avancées : les horaires des matches ont été respectés, le calendrier aussi, les arbitres comme les dirigeants ont été sur la brèche, il n’y a pas de calcul, on parle moins de réserve, etc. Toutes choses qui prouvent, selon lui, que l’on est sur la bonne voie. N’empêche, il regrette les arriérés de salaires de 3 à 4 mois notés çà et là. Ce qui se comprend quelque part, vu que l’Etat tarde toujours à accompagner la professionnalisation du football national. Or, dans certains pays de la sous-région (Mali, Mauritanie, Côte d’Ivoire) et au Gabon par exemple, l’Etat finance à hauteur de 50 millions de FCfa par club de Ligue 1 et 25 par club de Ligue 2. Dès lors, ici, tout repose sur les présidents qui y vont de leurs poches ou sur de rares sponsors et mécènes.

Un centre de formation annoncé
Pour ce qui le concerne, Ibrahima Konaté, le directeur général de Touré Kunda Foot-pro, tire un bilan assez satisfaisant de ces 5 années en Ligue pro. La preuve, c’est avec l’avènement du foot pro que son club a brandi une Coupe du Sénégal, disputé et perdu une autre finale de Coupe du Sénégal et va jouer prochainement une demi-finale. Et, aussi bien au plan du jeu que du côté purement sportif, tout comme au niveau de l’organisation et de la structuration du club, il faut positiver. Les joueurs sont aujourd’hui salariés, canalisés, inscrits dans une structure organisée. Concernant les perspectives, Ibrahima Konaté annonce l’érection d’un centre de formation qui ciblera des jeunes de 15 à 17 ans. En un mot, le Touré Kunda, dans les années à venir, compte beaucoup travailler dans la petite catégorie pour former des joueurs d’élite. Aussi, le club s’est-il fixé pour objectif, cette année, de gagner la Coupe du Sénégal pour renouer avec l’expérience africaine. Plus loin, le club va mieux se structurer pour mieux jouer son rôle et se rapprocher de ce qui se fait de mieux en Afrique et même en Europe. Pour l’heure, Touré Kunda est en milieu de tableau de la L1. Mais Ibrahima Konaté promet que son équipe se battra jusqu’à la dernière énergie pour assurer le maintien. Car, la saison prochaine, avec l’ouverture du stade Caroline Faye remis à neuf par la coopération chinoise, le spectre du stade municipal va s’estomper. Et les clubs de la capitale de la Petite Côte pourront enfin faire des résultats chez eux avant d’aller négocier les matches à l’extérieur.

Mame Adama Gueye, capitaine : « Payer les salaires à temps »
Mame Adama Guèye qui a fait les beaux jours du Stade de Mbour a rejoint Touré Kunda qui avait accédé à l’élite en 2010, alors que l’expérience professionnelle en était à ses premiers balbutiements. C’était de bonne guerre puisque tout joueur amateur aspire à devenir professionnel un jour. Après quelques années en L1 pro, Mame Adama Guèye, très avare en paroles, considère que même si des efforts ont été consentis, beaucoup reste à faire. Il note, pour le regretter, que les changements ne soient pas soutenus, renforcés et perpétués.
Les regroupements, le matériel, les équipements se sont bonifiés, mais la on doit toujours chercher à faire mieux, indique-t-il. Il invite les dirigeants « à payer  les salaires à temps », même si de ce point de vue les joueurs ne s’inquiètent pas. Aussi, voudrait-il que les regroupements se fassent tôt, même s’il est vrai que plus ils durent plus on dépense de l’argent. C’est le prix à payer si l’on veut être pro et vraiment pro.

Lamine Kane, entraîneur :  « Encore beaucoup d’efforts à faire »  
« Il y a encore beaucoup de choses à faire » ! C’est la conviction de Lamine Kane qui a entraîné le club, en amateur et en pro.
Certes, il note que des progrès ont été faits, mais il reste beaucoup de chemin à parcourir pour que le niveau professionnel souhaité soit atteint. Selon le coach de TK, des efforts doivent être faits à tous les niveaux : sur les plans de l’organisation, des finances, des infrastructures. Tout de même, il reconnaît que d’énormes progrès ont été faits au niveau du club si l’on en juge par les résultats engrangés durant cette période pro.
Lamine Kane a, par ailleurs, insisté sur la pérennisation du groupe qu’il faut garder le plus longtemps possible. « Il  ne faut pas accepter un groupe volatile pour ne pas avoir à faire un éternel recommencement », plaide-t-il. Il constate que les équipes qui sont en tête sont celles assez stables qui arrivent à conserver leur ossature. Si la stabilité doit prévaloir au niveau technique, elle doit aussi être de mise pour ce qui concerne l’organisation des structures. Pour le reste du championnat, le coach de TK n’a pas peur, « il suffit simplement de gagner 2 ou 3 matches pour être à l’abri », lance-t-il.

 

Lesoleil

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