Le Sénégal ne vient pas souvent en Coupe du monde, mais on peut compter sur lui pour emballer le chaland. Pour tout dire, c’était notre grosse cote du Mondial, et ce n’est pas le match contre la Pologne qui va nous faire changer d’avis. Ils ont eu de la veine en marquant deux buts de fennec, il faut le reconnaître, Aliou Cissé a fait du beau boulot avec ses garçons, en exploitant leurs forces. Solide et archi-compact derrières, beaucoup trop rapides devant pour les vieilles jambes polonaises, veilles jambes polonaises à qui il manquait le cerveau de Glik pour compenser.
Aliou Cissé au parloir >>
« Le Sénégal a gagné grâce à sa discipline. L’équipe a été très compacte, très agressive, le bloc est resté très solide. En deuxième période, on a été très bon dans les transitions offensives-défensives. La Pologne a des joueurs aux qualités techniques au-dessus de la moyenne. Il ne fallait pas être loin d’eux, rester près d’eux pour les sortir de leur zone de confort. On a su mettre en place le système qu’il fallait, on les a fait déjouer »
Pas mieux. Entre la solidité du duo Sané-Koulibaly derrière et les Speedy Gonzalez devant (Niang, Sarr, Mané, ce dernier n’ayant même pas besoin d’en faire des tonnes), il y a tout dans cette équipe pour faire relever la tête au continent africain, qui tire la tronche depuis le début de la compétition. Plusieurs joueurs ont avoué que les déroutes de l’Egypte, de la Tunisie, du Maroc ou du Nigeria les avaient marqués, mais dans le bon sens, celui où on évite de reproduire les mêmes boulettes.
Koulibaly, le défenseur de Naples >>
« On a regardé tous les matchs des autres nations africaines, on a vu comment ça pouvait se passer, on a constaté que les coups de pied arrêtés pouvaient être très importants. On a pris un but là-dessus à la fin, mais on a bien défendu. Tout le continent était derrière nous ce soir, on espère porte haut et fort les couleurs du Sénégal et de l’Afrique le plus loin possible ».
Il faudra juste éviter l’excès de confiance qui peut guetter assez vite après ce genre de performances. Comme un président de la République qui emmène la moitié de son gouvernement pour suivre les aventures de l’équipe nationale. « Sur les 700 personnes de la délégation, il doit y avoir 200 supporters et 500 griots de la présidence, nous persiflait un confrère de Dakar avant le début des hostilités là-bas. On est le pays avec le moins de supporters sur place alors qu’au pays, la vie va s’arrêter pendant le match. Et lui, il va gouverner le Sénégal de Moscou ». Macky Sall, c’est son nom, a déguisé ses congés en visite d’Etat avec serrage de pince au Kremlin, mais il n’a pas pu résister à l’envie de descendre dans le vestiaire pour féliciter les dignes représentants de la nation sénégalaise.
Un président très impliqué
Sans exagération excessive, promet l’ex-angevin Ndoye, rentré à l’heure de jeu pour prendre tous les ballons de la tête. « Le président nous a salués, on a fait quelques pas de danse, mais dans ces cas-là on reste toujours humbles, on n’est pas encore qualifiés. On est fiers de nous, c’est quand mêle la Pologne en face, à chaque fois ils sont à la Coupe du monde, alors que pour nous, c’est la deuxième fois. Une coupe du monde, ça ne se joue qu’une fois. On est là pour faire parler de nous ». Histoire de ne plus rabâcher encore les mêmes souvenirs de 2002 au coin du feu comme des papys gâteux.