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Perdre est une réalité sportive qui n’avilit point. C’est la honte d’une défaite qui est cruelle. Surtout quand elle s’accompagne de ce sentiment d’impuissance absolue, quand on laisse sur le terrain son incapacité à être et à signifier.

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Le malaise ressenti face à la Côte d’Ivoire ne vient pas du score. Il est logique, traduit la différence de niveau qui maintient chacun à sa place et pousse certains à ranger leur vanité là où il faut.

La détresse qui s’exprime au sortir du match de samedi ne tient donc pas à l’ampleur de la déroute. A 3-1, tous les domaines du possible restent ouverts dans la haute compétition. Encore faudrait-il que les différences de valeurs ne soient pas aussi élastiques qu’on a pu le voir entre la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Un déficit de deux buts n’a rien de sidéral, qui empêche de nourrir les rêves de conquête. Mais faudrait-il que les extrêmes ne soient pas aussi éloignées qu’entre la trompe d’un «Eléphant» barrissant et l’échine basse d’un «Lion» aux reins cassés.

C’est avec un vide intérieur qu’on est sorti du match de samedi. Une sensation de faiblesse insondable, du même tonneau que celle qu’on devine chez un naufragé du grand large dont l’unique destin est de couler. C’était une flagellation, «un film d’horreur» si noir que chaque minute pouvait être l’instant renouvelé du pire.

D’un tel cauchemar, on sort avec un profond traumatisme. Il transparaît dans les propos d’Augustin Senghor, incapable de comprendre une telle décrépitude dans le jeu des «Lions». Mais président de la Fédération est surtout prisonnier d’une cruelle incertitude par rapport à l’avenir qui se dessine en prélude au match retour.

La sagesse populaire veut que sur les ruines de la défaite on trouve les piliers qui peuvent soutenir les refondations du futur. Mais quand il n’y a ni pierre ni fer, rien que de la poussière au vent, sur quoi articuler des projets ?

Casablanca, c’est dans un mois. Cela se présente plus sous les traits d’Apocalypse now que sous les allures de Le train sifflera trois fois. Si la psychose qui monte se traduit en catastrophe, on versera dans l’éternel processus de retour en zone. En effet, dans huit mois, quand les clameurs du Mondial-2014 se seront éteintes, il y aura les qualifications pour la Can-2015. On reconstruira…

Ce verbe est devenu une sorte de «damnation» pour le football sénégalais. Depuis quatre ans, c’est l’arnaque du siècle qui fait vivre aux frais de la princesse. On vit l’illusion d’avoir un filon en or avec l’équipe nationale, qu’il suffit de polir pour pouvoir briller à la table des grands.

Entretenir cette illusion aide à s’éloigner de la boue où il faut plonger pour chercher les véritables pépites. Car, accompagner les «Lions» dans des errances tarifées 4 étoiles valent mieux que les terrains vagues et les matches du dimanche matin où les petites perles brillent de jouvence.

Si «reconstruire» est fait pour se construire au passé décomposé ou à l’imparfait du futur, il faudrait qu’on soit assez stoïque pour subir les affres du présent, ainsi qu’on les a vécus samedis et continuer à chercher lueur dans les leurres.

Pour reconstruire il faut maîtriser le matériau. Tel n’est pas le cas avec des «Lions» dont les trajectoires ne dépendent que de leur vouloir. Il y a deux ans, Mamadou Niang, Issiar Dia, etc., étaient des piliers d’avenir. Ils auraient pu être à Arsenal ou au Psg et impacter sur les «Lions». Aujourd’hui, ils se sont perdus dans les déserts d’Arabie (avant que Niang ne revienne en Turquie). Au prochain mercato, la base éclatera de nouveau, avec un taux de déperdition critique vers des clubs de deuxième niveau, dans des championnats de troisième niveau.

Faire croire que ces «Lions» ont encore une marge de progression en tant que collectif est un abus de confiance. Dans leurs limites actuelles, ils ont pour la plupart atteint les sommets dans leur potentiel d’expression. Ils peuvent difficilement progresser au plan individuel et n’ont malheureusement pas encore de cadre cohérent pour partager leurs acquis et mettre leurs savoir-faire en harmonie.

Les défaites de l’équipe nationale sont d’autant plus cruelles qu’elles n’enseignent plus rien. Quand elle gagne, les incohérences, les inaptitudes et les approximations rendent les victoires quelconques. Quand elle perd, c’est la profondeur de sa déchéance qui étonne.

Depuis 2012, trois sélectionneurs nationaux se sont succédé et aucun d’eux n’a pu bâtir une équipe à même de s’exprimer dans le haut niveau. Dans sa configuration actuelle, plus de la moitié du groupe compte une quinzaine de matches disputés ou vécus ensemble depuis janvier bientôt quatre ans, mais toujours avec des variantes qui fragilisent les automatismes et les repères à cultiver les uns par rapport aux autres. Ce qui explique sans doute que l’ensemble se soit si facilement disloqué devant la Côte d’Ivoire. Qu’à 1-0, puis 2-0, le schéma tactique de base se soit dissous et que plus personne ne sache que faire. Y compris Giresse.

Finalement, samedi, c’est comme si un chacal s’était introduit dans une basse-cour… plutôt que dans une «Tanière» de lions.

 

WaaSports

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