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Le Sénégal a encore était défait par la Côte d’Ivoire. Après le 4 à 2 puis le 0 à 2 infligés aux «Koto Boy’s», en 2012, voilà que les «Giresse men» subissent le même sort en se faisant étriller par 3 à 1. Mais dans tout ça, il y a une première leçon à retenir. C’est que face à l’armada des «Eléphants», ce qui constituait la force des «Lions» depuis le début des années 2000, à savoir leur assise défensive, est devenue leur faiblesse. Et rien dans le football que produit cette équipe du Sénégal coachée par Alain Giresse ne rassure quant à un éventuel palliatif face à cette carence. Pis, il est même à craindre, vu l’état d’esprit de cette équipe qui ne présente de certitude dans aucun compartiment du jeu, depuis que Giresse est à sa tête, qu’elle ne suive les traces de celles de Koto. Qu’elle se fasse encore balader au match retour, comme ce fut le cas il y a un an avec toutes les conséquences que l’on sait.

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L’autre leçon à retenir du match des «Lions», samedi, à Abidjan, c’est qu’au-delà des carences des joueurs et de leur incapacité à hausser leur niveau de jeu – et cela nous amène de plus en plus à nous demander si les joueurs qui composent cette sélection ont véritablement le niveau d’une équipe nationale qui ambitionne de jouer la Can et le Mondial – il y a le cas Giresse. Voilà, en effet, un entraîneur qui n’a pas non plus une seule certitude quant à son schéma de jeu et à ses hommes. Et pourtant, Alain Giresse vient de boucler son septième match sur le banc des «Lions». Certes, ce n’est pas énorme. Mais c’est largement suffisant pour un technicien de haut niveau, du moins s’il est de qualité, de bâtir quelque chose de solide.

Bruno Metsu n’avait pas eu autant de matches sur la route de la Can 2002 et du Mondial. Mais il s’était qualifié et s’était hissé jusqu’en finale à Bamako et en quart de final à «Japon-Corée». Il est vrai qu’il avait sous la main une génération «exceptionnelle» de joueurs de talent. Plus près de nous, Amara Traoré n’avait pas eu plus de matches, ni plus de temps pour bâtir un groupe en 2011. Mais il y était parvenu en se qualifiant à la Can 2012 avec brio devant le Cameroun. Il est vrai que derrière, l’échafaud n’a pas tenu avec le parcours calamiteux de Bata.

Pour dire ce temps que réclame Giresse, le Sénégal ne l’a pas, le football de haut niveau ne le donne. Les échéances sont si rapprochées dans l’année, qu’un entraîneur ne peut jamais avoir plus de six à huit matches, sur le chemin d’une qualification à la Can ou au Mondial. Alors, l’entraîneur qualifié prend les bons raccourcis dans ces cas de figure pour se tirer d’affaire. Et voilà justement où semble se situer le problème de Giresse. Il est là depuis février, mais pour ses sept matches, il n’a jamais réussi à aligner une équipe de départ ayant, ne serait-ce que les mêmes huit éléments sur deux matches consécutifs. A chaque sortie, il opère trois, quatre, voire cinq ou six changements. Comment peut-il, dans ces conditions, asseoir quelque chose de consistant ? Non seulement, il se perd dans sa recherche, mais surtout il fragilise ses joueurs qui n’ont jamais le temps de prendre leurs repères dans son dispositif ou de gagner en confiance.

Du dispositif de Giresse justement, parlons-en. Voilà, en effet, un entraîneur qui se paye toujours le luxe de mettre sur le banc le meilleur joueur du match précédent, sans que cela ne se justifie ni par une blessure ni par une méforme. C’est juste un choix. Le meilleur homme de Sénégal-Angola à Conakry, Pape Kouly Diop l’a expérimenté à Luanda en restant sur le banc. A Luanda, le meilleur «Lion», un certain Stéphane Badji, a reçu une «punition» une semaine plus tard en étant scotcher sur le banc des remplaçants pour le déplacement au Libéria. Dernier coup en date de Giresse, samedi, à Abidjan, avec Sadio Mané. Le «dynamiteur» du jeu des «Lions» depuis un certain temps, celui-là même que tous ont désigné «homme du match» face à l’Ouganda il y a un mois, a été «oublié» sur le banc au coup d’envoi de la rencontre. La suite, on la connaît.

Que dire de la sortie d’Alfred Ndiaye à la pause, avant-hier, lui, le seul joueur sénégalais qui n’a pas sombré, lors du naufrage des 45 premières minutes face aux Ivoiriens. A moins que Giresse ait manqué de courage, après cette mi-temps, entre Alfred Ndiaye, Idrissa Gana Guèye et Mohamed Diamé, le seul qui méritait samedi de porter le maillot du Sénégal, c’est Alfred, celui-là même que Gigi a sacrifié. Le coach était certainement à l’image de son équipe, dans un jour sans. Sinon comment imaginer un seul instant que dans un groupe où il y a Dame Ndoye et Sadio Mané, on puisse donner les manettes de meneur de jeu à un élément comme Momo Diamé. Pour un technicien de la trempe d’Alain Giresse, cela frise la faute professionnelle. A moins que…

Ceux qui accablent Diamé pour sa prestation devraient certainement commencer par s’interroger d’abord sur les choix techniques et tactiques du sélectionneur national. Dans son 4-3-3 où Diamé tenait le rôle du n°10, pour ne pas dire de pointe du trio des milieux de terrain, juste derrière un fantomatique Papis Cissé (malgré son but de l’espoir, il a été inexistant), le Sénégal n’avait pas une once de chance de s’en sortir. Il était prévisible qu’avec un schéma tactique aussi peu consistant, les Ivoiriens allaient bouffer notre équipe au milieu et dérouler en attaque. Yaya Touré et Cheikh Thioté ne sont quand même pas Gana Guèye et Alfred Ndiaye.

Quant au «désastre», Lamine Gassama, n’en parlons pas. Il a été  à l’image de ses partenaires, tenaillés par la peur des Ivoiriens. En défenseur très moyen, pour ne pas dire trop limité, il a réussi à étaler toute sa nervosité à faire face à un Gervinho qui lui f… la frousse. Et sa prestation est assez révélatrice de l’incapacité du technicien français à mettre dans la tête de ses joueurs que les Ivoiriens sont des footballeurs comme eux, même s’ils sont en vérité plus talentueux, plus déterminés, plus ambitieux que nos joueurs. Mais les Français de 2002 n’étaient-ils pas plus talentueux encore que nos «Lions» d’alors ? Pourtant, à l’époque, Metsu avait su tenir le bon discours à ses hommes. Qu’en est-il de Giresse ?

Son discours nous apparaît en tout cas comme celui d’un entraîneur qui manque d’ambition. Car avoir la chance – aussi petite soit-elle – de diriger une équipe en Coupe du monde et ne jamais manquer l’occasion de rappeler à tous que tel n’est pas l’objectif, mais que l’objectif, c’est la qualification à la Can 2015, il faut être aussi peu ambitieux que Giresse pour le faire. Mais comme le Sénégal n’a que l’entraîneur qu’il mérite…

 

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