Son parcours est atypique : le Ndiambour, le Port, Israël, Niary Tally. Mais une destination résume à elle seule la trajectoire hors du commun d’El Hadji Daouda Diop : le Swaziland. Une escale avant un saut définitif vers le championnat chinois où il devrait poursuivre son rêve de l’eldorado européen.
Il n’est sans doute pas le plus doué de sa génération, mais El hadji Daouda Diop n’est pas non plus un joueur dont on oublie facilement le passage dans un club. « C’est l’un des joueurs qui m’ont le plus marqué, un grand bosseur, un joueur très discipliné, qui sait ce qu’il veut. Il fait partie de ces joueurs dont on n’entend pas beaucoup parler mais qui font un travail remarquable. Que ce soit à l’entraînement ou en match officiel, il y allait toujours avec la même hargne, le même sérieux, le même esprit de gagneur », témoigne Malick Daff, son ancien entraîneur au Port club avec lequel il a disputé la Ligue africaine des champions en 2006. Passé par le Ndiambour de Louga, l’Israël, le Swaziland, l’ancien Portuaire est, en effet, un joueur au sens du défi extraordinaire et dont les Sénégalais se poseraient, sans doute, des questions sur le sens de son choix de rejoindre le Swaziland, ce petit pays d’Afrique australe qui ne vaut presque rien sur la carte du football continental encore moins mondial.
En réalité ce choix assez bizarre de rejoindre l’anonyme championnat swazi n’est, pour l’ancien joueur de Ndiambour, qu’un petit détour avant de reprendre son bâton de pèlerin vers des horizons plus éclairés. « C’est un agent swazi qui m’a amené là-bas. Je n’y suis pas allé juste pour le plaisir d’y aller. Je sais ce que je veux. Pour moi, c’est un challenge excitant. Après une année sans jouer, j’avais besoin de me relancer, mais le Swaziland n’était qu’une étape parce que je vise encore plus haut », explique l’ancien joueur du Fc Ashdod (2007-2008), club d’élite israélienne qu’il avait contribué à hisser en demi-finale de la coupe nationale et à la quatrième place du championnat (meilleure classement du club). Le natif de Pikine continue d’étoffer son cursus de globe-trotter. Auteur de 3 buts et de 7 passes décisives, son passage remarquable au Fc Wanderers et aux Swallows ponctué d’un titre de champion du Swaziland et de deux coupes (Swazi Bank Cup et d’un Six Fun), pourrait lui ouvrir les portes du championnat chinois où il a déjà effectué un test « concluant ».
Une ascension ralentie par un drame familial
« C’est au Swaziland qu’un agent chinois m’a découvert. Il m’a amené en Chine pour des tests à Shanghai. Mais, après les essais concluants, ils n’ont pas pu tomber d’accord sur le prix du transfert parce que le club avait quelques problèmes de finances. C’est pourquoi mon agent m’a demandé de patienter. Mais, je devrais y retourner », renseigne le natif de Pikine.
Joueur polyvalent pouvant jouer dans l’axe, au milieu comme récupérateur ou relayeur, El Hadji Daouda Diop n’a aujourd’hui qu’un rêve, intégrer un grand championnat européen. Ce qu’il espère réaliser en rejoignant le championnat chinois. « La Chine n’est qu’un tremplin, mon objectif principal est de jouer en Europe où il y a plus de visibilité pour pouvoir intégrer l’équipe nationale. Je peux espérer faire partie des générations qui auront marqué l’histoire du football sénégalais. Cela a toujours été mon rêve », poursuit l’ex-pensionnaire de Jaspel de Liberté, centre de formation en collaboration avec l’Ogc Nice. L’occasion de rejoindre l’Europe était pourtant là, mais un drame familial est venu tout chambouler. « Je devais partir à Trabzonspor, mais ma mère est tombée malade entre-temps et je ne pouvais pas la laisser seule. Nous étions très proches parce que j’ai perdu très tôt mon père. Sa mort m’a beaucoup affecté au point que je voulais tout arrêter », explique-t-il. Une autre proposition était également venue de l’Ukraine début juin, « mais mon grand-frère m’a demandé de ne pas y aller parce que ce n’est pas sûr », poursuit le colosse de 1,87 m et 80 kg. A 25 ans, l’espoir est toujours permis.
