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Appelé en sélection pour parer à toute éventualité, Stéphane Badji a su passer de «bouche-trou» à un élément clé du dispositif d’Alain Giresse.  Le sociétaire de SK Brann (D1 norvégien), auteur d’une brillante prestation à Luanda (Angola) et à Monrovia (Libéria), a pourtant été laissé sur le banc face à l’Ouganda. Une curiosité pour bon nombre d’observateurs, que l’ancien capitaine du Casa Sports prend avec beaucoup de philosophie parce que dit-il, il a fini de démontrer au coach son envie et sa détermination de jouer à n’importe quel poste. Dans l’interview qu’il a accordée à l’Envoyée Spécial de Sud Quotidien à Marrakech au Maroc, Stéphane Badji revient sur ses ambitions, la vie du groupe en sélection, son intégration ultra-rapide.

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Déçu de n’avoir pas été aligné lors du match contre l’Ouganda?

En tant que joueur professionnel oui. Mais, je peux aussi comprendre le choix du sélectionneur qui a quand même 23 joueurs à sa disposition. Nous disposons d’une équipe de qualité où tout le monde peut prétendre à une place de titulaire. C’est pourquoi, je ne peux pas être déçu d’être sur le banc.

Comment expliquer que l’équipe nationale du Sénégal peine à se libérer dans les matches ?

Je crois que nous avons été un peu surpris par la vivacité des Ougandais. Ils ont produit du beau football en première période, il faut le reconnaitre. Nous avons beaucoup pêché dans cette rencontre. Je n’ai pas senti notre équipe en première période, même le coach l’a dit dans les vestiaires. Il a eu raison de râler sur les joueurs. Nous allons continuer à travailler pour rectifier le tir avec le staff afin d’améliorer les matches à venir.

Justement, il ne reste plus que les dix meilleures équipes d’Afrique alors que le Sénégal se cherche encore. Ne pensez-vous pas que ce sera difficile ?

Je crois qu’il faut rester plus concentrés si on veut se qualifier à la coupe du monde. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le niveau sera plus élevé, l’engagement plus intense. C’est à nous de rester concentrés et de produire plus de jeu.  Il faut aussi être présents dès l’entame du match.

Personnellement, n’êtes-vous pas surpris de votre intégration dans la sélection alors que vous étiez convoqué pour «boucher» un trou.

Je ne suis pas surpris parce que je crois l’avoir travaillé.  Comme on dit chez nous : «seul le travail paie».  J’ai des ambitions. Je suis un joueur obnubilé par la réussite. Si vous êtes comme ça, vous n’avez qu’un seul choix : c’est de travailler matin, midi, soir.
Je ne fais que bosser. Je refuse de faire autre chose que le football. Je me tue à l’entraînement. Je mets de côté toute chose qui n’est pas compatible avec la vie d’un footballeur professionnel. J’essaie aussi d’avoir un bon entourage.

Tout semble quand même aller trop vite pour vous. De bouche-trou à un élément clé du dispositif, comment appréciez-vous cela ?

Quand je suis arrivé, nous étions 25 joueurs. Je n’ai pas été impressionné par le nombre. Je devais faire ce pourquoi j’ai été convoqué. J’ai démontré au coach que j’ai une folle envie de jouer. J’étais motivé comme d’habitude.

C’est quoi vos ambitions personnelles ?

C’est de démontrer au coach que je suis suffisamment motivé, engagé et déterminé à jouer dans n’importe quel poste qu’il souhaite me mettre. Je veux juste gagner sa confiance et démontrer que je suis outillé pour jouer.

Quid de votre club ? Envisagez-vous de le quitter pour aller dans un championnat plus huppé ?

Effectivement ! Ca fait aussi partie de mes ambitions personnelles. Mais, un transfert vers un club plus huppé ne se décrète pas. Il faut montrer ses preuves et attirer les grands clubs. Je suis dans cette dynamique. Je reste concentré sur mon job et veux éviter toute chose qui puisse me distraire. Ma force, c’est mon entourage. Je suis entouré par des gens expérimentés qui n’hésitent pas à me remonter les bretelles à chaque fois que de besoin.
Nous sommes dans un milieu assez complexe. Nous exerçons une profession qui fait que si tu ne fais pas attention, tu risques de déraper dangereusement.

La sélection nationale est-elle donc une vitrine pour vous permettre d’avoir plus de visibilité?

C’est une grande vitrine d’ailleurs. Parce que pour moi, il n’y a rien de comparable à une équipe nationale. Vous pouvez évoluer dans le meilleur club au monde, mais si vous ne pouvez pas jouer avec votre équipe nationale, c’est comme si vous n’existez pas. En tout cas, c’est ma conviction. Pour moi, l’équipe nationale n’a pas d’équivalent. C’est vraiment le summum. C’est la fierté de chaque joueur. Vous ne pouvez pas imaginer la joie que j’ai éprouvé quand j’ai été sélectionné pour la première fois en équipe nationale A. Mieux, quand j’ai joué les deux matches contre l’Angola à Luanda et face au Libéria à Monrovia, j’ai senti que mes dirigeants m’accordaient plus d’importance. On m’a davantage responsabilisé dans la vie de notre groupe. Ce qui m’a poussé à redoubler d’efforts. Je peux dire que c’est le début de ma carrière avec ces deux sélections. Je me suis rendu compte que je peux y arriver en redoublant d’efforts.

Quels rapports entretenez-vous avec le Casa Sports, votre club formateur ?

J’ai gardé le contact. Je discute avec les joueurs et les membres de l’encadrement. Je discute plus avec les joueurs parce que j’ai plus de copains là bas, naturellement. Je conseille certains parce que ce n’est pas évident de jouer en Europe. C’est extrêmement difficile. L’envie de quitter le Sénégal ne devrait pas pousser les joueurs à aller signer dans n’importe quel club en Europe. Personnellement, si c’était à refaire, je n’irai pas en Norvège. Je vais rester au pays jusqu’à trouver quelque chose de meilleur. Malheureusement, il s’est trouvé que je n’avais pas le choix parce que le club avait besoin d’argent. Financièrement, il fallait vendre quelqu’un pour le bonheur de l’équipe. C’est pour cette raison que je suis allé en Norvège. Je  ne le regrette pas au fond même si c’était très difficile au début. Il fallait s’accrocher. Il fallait se battre. J’ai dû vraiment serrer la ceinture pour m’en sortir. Heureusement, que j’ai un mental d’acier.

Quelle est la force de Stéphane Badji ?

Sérieux dans tout ce qu’il entreprend. Après mon job, je vis comme tout le monde. Je suis un chambreur. Mais, tout ça, c’est après le boulot. Quand je rentre sur la pelouse, les gens trouvent que je deviens une autre personne. Ce qui est tout à fait normal. Mais une fois dehors, je redeviens un Stéphane Badji normal, comme tout bon sénégalais.

 

Sudonline

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