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La défaite contre la Côte d’Ivoire semble ne pas l’ébranler du tout. Avec une froideur doublée d’une lucidité, Joseph Koto décortique le match et assène parfois ses vérités et ses certitudes à lui. Koto déballe et étale le linge.Quelle appréciation faites-vous de la défaite contre les Ivoiriens ?

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Quand on perd un match comme ça, on est très déçu. On s’était dit qu’on allait tout donner pour gagner ce match. N’oubliez pas qu’on avait en face une équipe qui s’appelle la Côte d’Ivoire. Une équipe expérimentée qui a joué plusieurs Coupes d’Afrique. Malgré tout cela comme on est en football, on s’est dit que c’était possible. Avec la jeune équipe dynamique qu’on avait, on pouvait faire un hold-up à Dakar. On s’est préparé en conséquence pour cela. Dieu n’a pas exaucé nos prières. C’est une déception et on a mal. On espérait gagner ce match et ce n’est pas fait.

Qu’est ce qui s’est réellement passé ?

On ne sait pas réellement ce qui s’est passé. Je pense qu’on a mis la meilleure équipe du Sénégal possible. Ce sont les joueurs les plus en forme du moment. Quand on va vers un match, il faut mettre tous les atouts de son côté. Les choix tactiques sont à l’appréciation de chacun. Même quand on se trompe, on reste avec nos convictions. Dans ce m

atch on a jugé mettre une bonne défense en place pour ne pas prendre de buts parce que c’était important, un bon milieu de terrain qui sait défendre et donner des ballons. Malheureusement la blessure d’Idrissa Gana Gueye a posé un peu de problème. Je me disais qu’il est un bon passeur et pouvait beaucoup gêner Yaya Touré. Gana s’est blessé et cela a un peu joué sur le match. Mais je pense que l’entrée de Ricardo (Faty) a apporté quelque chose à l’équipe.On vous a taxé d’avoir joué avec quatre attaquants ?

Beaucoup disent qu’on a fait jouer 4 attaquants en plus d’un 4-2-4 mais ce n’est pas vrai. Je l’ai répété pendant les entrainements et lors des réunions avec les joueurs. Moussa Sow à Fenerbahce, joue régulièrement sur le côté. Il est vrai qu’il a un réflexe d’attaquant. Bocandé quand il quittait le Sénégal, il jouait comme défenseur central puis au milieu de terrain. Mais une fois en France, on l’a transformé en numéro 9. Moussa Sow joue excentré et dans ce match, il aurait pu apporter plus à l’équipe. Il a joué sa partition, bon il y a des jours sans. Cela arrive dans le football. On n’a pas vu quatre attaquants. On a mis deux milieux de terrain. Dame Ndoye joue excentré et revient au milieu de terrain en cas de perte du ballon. Dans la récupération vous l’avez vu faire des courses pour récupérer des ballons. Qu’on ne me dise pas qu’on a fait un 4-2-4. Les deux attaquants de pointe que sont, Papiss Demba Cissé et Demba Bâ. L’un est un joueur qui aime revenir derrière pour récupérer le ballon et repartir tandis que l’autre joue un rôle d’essuie glace. On a demandé à nos joueurs qu’à chaque fois qu’on a le ballon en phase offensive que Papiss Cissé s’approche de Demba Ba pour pouvoir bénéficier de ses déviations. Papiss est un bon frappeur, un joueur intelligent dans la surface. Vous savez, quand le vin est tiré, il faut le boire. Après la défaite, beaucoup de gens s’érigent en médecins légistes pour les constats. Il n’y a pas de solidarité de corps. Certains entraineurs se sont rapp

Koto

rochés de moi pour discuter. Mais d’autres ont préféré s’épancher dans la presse pour faire des révélations, s’ériger en donneur de leçons. Pourtant, ces entraineurs ont eu l’occasion d’être à la tête de l’équipe nationale du Sénégal et ils n’ont rien gagné. Je peux au moins me glorifier d’avoir gagné quelque chose avec l’équipe locale. Il faut que les gens soient solidaires. Dans le football, quelque soit l’entraîneur si on n’est pas solidaire, on ne réussira rien du tout. Les gens sont pressés de passer dans la presse afin de dénigrer Koto. Ce n’est pas gentil (il se répète). Chacun a son tour chez le coiffeur. Demain, si Koto dégage et que quelqu’un d’autre arrive, on reviendra avec les mêmes problèmes. Je remercie tous les entraîneurs qui m’ont appelé pour discuter avec moi en m’apportant leur contribution. D’autres par contre, préfèrent se cacher derrière la presse parce qu’ils ont d’autres ambitions. Cela n’engage qu’eux. Je suis un croyant. J’ai pris les rênes de l’équipe nationale non pas pour de l’argent mais par patriotisme. Perdre contre la Côte d’Ivoire ce n’est pas la fin du monde. Les Ivoiriens sont la première équipe d’Afrique. Mes joueurs ont la tête haute car ils ont fait une prestation de qualité. Ils ont pêché par manque d’expérience. Si on avait marqué un but dans les quinze premières minutes, on assisterait à un tout autre match. Quelque soit l’équipe qu’on aurait pu mettre, les gens trouveraient toujours des choses à redire. Nous avons une équipe qui monte en puissance. Avant la rencontre de samedi, on n’a joué que trois matches. Aujourd’hui, on est premier de notre poule pour les qualifications au Mondial. Il faut continuer à travailler.

Les joueurs ne sont-ils pas découragés après la défaite et les incidents ?

Du tout (il se répète). On est tombés sur une grande équipe pour les éliminatoires de la CAN. Il faut continuer à travailler pour que ces garçons puissent aller de l’avant. Il y a de la matière dans le groupe. Les joueurs sont motivés et ont envie de continuer. C’est maintenant que la reconstruction commence. Il faut laisser ces jeunes s’épanouir et qu’on puisse travailler dans le temps. Ce n’est pas en un ou deux mois qu’on peut mettre en place une super équipe du Sénégal qui peut contrer des équipes comme la Côte d’Ivoire. Il ne faut pas rêver. Quand un joueur perd, il est déçu parce qu’ils étaient venus avec l’envie de faire quelque chose pour leur pays. Les incidents ont beaucoup faussé le match. Il restait 25 minutes quand même et tout pouvait se passer. La Côte d’Ivoire nous a battus en dix minutes. Un  de nos footballeurs Moussa Konaté l’a dit quelque part, ils étaient prêts à se surpasser jusqu’à la 90e. Dommage, le match n’est pas arrivé à terme.

La jeunesse de l’équipe n’a-t-elle pas joué en faveur de la Côte d’Ivoire ?

Absolument. On est en reconstruction et on s’est dit qu’on va miser sur la jeunesse, sur des joueurs qui sont titulaires dans leur club et dans lesquels, ils donnent beaucoup de satisfaction. Vous les avez vus lors du tournoi des Jeux Olympiques. Je pense qu’ils ont été honorables. On a essayé de faire l’osmose entre ces jeunes et les anciens qui ont l’habitude de la compétition. L’expérience est importante, Drogba l’a prouvé malgré qu’il n’ait plus cette condition physique. Je pense qu’il faut encourager ces joueurs et les laisser travailler. Parfois, on est très pressé. Tout ce qui est arrivé, c’est parce qu’on n’a pas fait savoir au public qu’on joue contre une équipe expérimentée. On pouvait gagner comme on pouvait perdre.

«Je ne démissionnerai jamais. Qui connait Koto sait que je suis un battant. Il faut connaitre la personne pour pouvoir la juger. Même à la 90e j’ai toujours été là pour marquer des buts pour mon équipe. En tant que footballeur, je donnais le maximum de moi, en équipe nationale comme en club. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais changer d’état d’esprit».

Pour cela la presse ne vous a pas beaucoup aidé ?

Je comprends parfois la presse parce que très souvent elle veut vendre ses journaux. C’était pour galvaniser le peuple et qu’il vienne en masse soutenir l’équipe.  Je trouve que c’est une très bonne chose. J’en profite pour remercier la presse parce qu’au moment où j’ai demandé qu’on mette la sérénité autour de l’équipe, les gens ont joué le jeu sauf certains qui ont tendu le micro à des joueurs qui n’ont pas été convoqués pour jeter un peu de discrédit au sein de l’équipe. Mais, il faut que des choix s’opèrent. On essaie d’être cohérent avec notre démarche. On a démarré avec des joueurs qui comprennent notre philosophie.

N’éprouvez-vous pas de regrets sur la sélection de certains joueurs ?

On a convoqué tous les joueurs qu’on a voulus. Ce sont des joueurs que j’avais ciblé. On peut appeler un joueur pour un match mais il se peut qu’il ne donne pas satisfaction. Même les grands footballeurs du monde passent à côté de certains matches parfois. Il faut savoir pardonner. Beaucoup de facteurs interviennent dans un match de football. Il n’y a que le joueur qui pourra vous dire pourquoi il est passé à côté.

Il existerait une taupe qui aurait donné des infos à El Hadj Diouf sur votre trajet vers le stade ?

Effectivement, des choses se sont passées à l’hôtel mais je ne peux pas trop m’avancer là-dessus. Des joueurs ont été témoins de certains faits.

Il est même dit qu’à cause de cet incident vous avez remplacé Bouna Coundoul au profit d’Ousmane Mané ?

C’est faux et totalement. Je n’ai jamais promis à Bouna Coundoul de jouer. Je ne l’ai pas senti menacer de quitter. Dans un tel cas je l’aurai enlevé pour mettre Khadim Ndiaye. Ces sont des affirmations fausses. Comment pouvais-je classer Bouna Coundoul au profit de Mané alors même qu’il ne joue pas dans son club. Ousmane Mané lui est parti en Europe pour s’entraîner et maintenir sa forme avant le match contre la Côte d’Ivoire.

«J’ai pris l’équipe parce que je suis un patriote. Les professionnels sont plus faciles à coacher que les locaux. En regroupement, je discute avec tous les joueurs. Je les respecte tous. L’équipe nationale est une institution. Si on vous choisit parmi des milliers de personnes, c’est parce qu’on attend quelques chose de vous. Je suis satisfait de mes joueurs et de mes collaborateurs».

Après la défaite beaucoup de Sénégalais pensent à votre démission… ?

Je ne démissionnerai jamais. Qui connait Koto sait que je suis un battant. Il faut connaitre la personne pour pouvoir la juger. Même à la 90e j’ai toujours été là pour marquer des buts pour mon équipe. En tant que footballeur, je donnais le maximum de moi, en équipe nationale comme en club. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais changer d’état d’esprit. Quelqu’un qui démissionne n’est pas sûr de lui. Je suis sûr de ce que je suis en train de faire, ainsi que du travail qui en train d’être abattu. Ce n’est pas en deux ou trois mois qu’on construit une équipe. On est sur une logique et les gens qui sont avec nous aussi. Ils savent où ils veulent aller avec cette équipe nationale. Démissionner, je ne l’ai même pas en tête. Je pense que j’ai tout donné. Mes collaborateurs et les joueurs savent si j’ai fait mon devoir. J’ai discuté plusieurs fois avec les joueurs par rapport aux postes. Je discute avec tout le monde pour voir si je ne me suis pas trompé. On s’est tous accordé sur quelque chose. J’associe tout le monde. Je suis loin d’être le meilleur entraineur au Sénégal. Si ceux qui sortent dans la presse pour fustiger mon classement étaient venus me voir pour me donner leurs idées, les dégâts seraient moindres.

Pourtant dans votre contrat, il est notifié que vous devriez qualifier l’équipe à la CAN et à la Coupe du monde… ?

Les gens divaguent beaucoup sur l’histoire du contrat. Pour moi ce sont des détails. Certains disent que Koto est un entraîneur dévalué, il ne devrait pas signer un contrat d’objectifs. Quand on me donnait l’équipe locale, aucun des entraineurs qui parlent ne voulait de l’équipe. Et quand je la prenais, on était à quinze jours des éliminatoires. On devait jouer le Mali et la Guinée. Quand on est technicien, on ne fait pas de calculs. J’ai qualifié l’équipe pour le premier CHAN, en demi-finales, on a été éliminé à la série des tirs au but. A cette période, les gens ont applaudi. Deuxième CHAN, on a eu un match difficile en Sierra Léone pour la qualification. On est allés au CHAN dans des conditions très difficiles. Aujourd’hui cela prouve qu’une petite préparation n’était pas la solution. Une équipe se prépare dans le temps. Pour le tournoi de l’UEMOA, on a fait une bonne préparation et on a fait deux matches amicaux à Bamako. Ces matches nous ont permis de faire des réglages et d’imposer notre système. On a fait de grands matches à Dakar et on a fini par gagner la finale. Il n’y a pas de favoritisme dans l’équipe nationale A. On m’avait choisi comme adjoint de Lechantre, il n’est pas venu. J’ai pris l’équipe parce que je suis un patriote. Les professionnels sont plus faciles à coacher que les locaux. En regroupement, je discute avec tous les joueurs. Je les respecte tous. L’équipe nationale est une institution. Si on vous choisit parmi des milliers de personnes, c’est parce qu’on attend quelques chose de vous. Je suis satisfait de mes joueurs et de mes collaborateurs.

Donc aucun objectif ne vous a été fixé par la Fédération ?

Dans un contrat, il faut toujours mettre des objectifs. Mais, je pense que les gens sont raisonnables quand ils ont mis les objectifs. Si un n’est pas atteint, on fait une évaluation pour voir les raisons. Laissons le temps aux responsables d’évaluer. Tant que j’aurai la confiance de mes dirigeants, je continuerai le travail que j’ai commencé. J’en profite pour remercier Me Augustin Senghor et tous les membres de la FSF pour leur confiance.

Qu’est ce que vous avez envie de dire sur le groupe qui a été sélectionné ?

Je suis satisfait et je remercie tous ces joueurs pour avoir répondu à l’appel de la patrie, d’avoir donné tout ce qu’ils avaient en eux. C’est Dieu qui décide de la réussite. Avec tous les efforts qu’on a fait, on n’y peut rien. Si on est des croyants comme on le dit, il faut revenir à de meilleurs sentiments. Il ne faut pas s’appesantir sur cette défaiten, pour discréditer les gens. On parle toujours d’expertise étrangère mais les entraineurs sénégalais vont à l’étranger  pour faire des études. Ils ont plus de patriotisme que ces entraineurs qu’on amène ici. Combien d’entraineurs sont passés au Sénégal? Les cœurs ne sont pas unis. Ce n’est pas parce que les entraineurs ne sont pas bons. Partout dans le monde, on me dit que le groupe est très bon. C’est l’animation du jeu qui est important. S’il y a des défaillances sur le terrain, qu’est ce que l’entraineur y peut. Il ne va pas courir dans le terrain pour tacler Yaya Touré par exemple. Il faut que les gens sachent raison garder. Ils attendent que le match soit fini pour dire si c’était moi. On a demandé une solidarité mais on ne la voit pas. Ce n’est pas la personne Koto qui est importante mais le Sénégal.

Est-ce que vous ne pensez pas qu’il y a une guéguerre entre  les entraineurs et ou en équipe nationale.

Vous savez, on est au Sénégal. Ce sont les mentalités qui sont comme ça. Ce sont des choses qu’on rencontre à tous les niveaux aussi bien en politique que dans le milieu du sport, ces histoires de «ôtes toi que je m’y mette». Ce qui amène des problèmes au Sénégal. Il faut que les gens puissent se projeter dans le temps. On a fait deux fois les états généraux du football, et toujours les gens ne peuvent pas changer de mentalité. Le président Abdou Diouf disait que pour que le Sénégal avance, il faut arrêter l’histoire de «mane la» (c’est moi). Il faut se départir de cela. Beaucoup de gens ne sont pas humbles. Comme l’équipe a perdu, des gens en profitent pour que les dirigeants dégagent et tout cela est orchestré par certains qui sont dans les coulisses. Et on les connait à peu près. On ne peut pas vivre au Sénégal pendant plus de quarante ans et ne pas connaitre nos ennemis. Tout ce que je fais, je mets Dieu en avant. On sait qu’il y a beaucoup de choses qui se font en dessous. On ne peut pas les mettre en exergue parce que ce n’est pas du naturel.

Vous pensez que l’équipe est victime de pratiques mystiques ?

On sait beaucoup de choses mais on ne va pas dire que les gens font beaucoup de mystiques. On nous appelle de partout pour nous dire de faire attention. On se met sur une logique et on croit en Dieu. Il y a certains qui croient au mystique. Ceux qui sont en train de torpiller leur pays je pense que qu’ils ne sont pas honnêtes et le payeront tôt ou tard. Faire mal à tout un peuple, c’est une responsabilité incommensurable, que ceux qui posent ces actes ne pensent pas qu’ils vont réussir demain parce que Dieu est juste. Les incidents qui ont eu lieu au stade sont déplorables. Ce sont des comportements que nous Sénégalais ne devrions pas avoir, nous sommes un pays de «téranga».  Ils peuvent avoir des conséquences graves. On souhaitait que le Sénégal gagne et tout le monde soit heureux. En 20 minutes, on peut marquer quatre buts. A Abidjan, on a perdu en 10 minutes. Tout pouvait se passer comme prendre d’autres buts. Cela pouvait décourager l’équipe. Je remercie le public sénégalais qui est venu très nombreux nous soutenir. On est vraiment désolés du résultat. Je lui demande de croire en son équipe parce qu’elle est dynamique. Ce n’est pas l’envie qui lui manque. Il faut miser sur ces jeunes et prier pour qu’ils se qualifient à la Coupe du monde. En 2002 personne n’était sûr que le Sénégal aller participer au Mondial. Seul le travail paye.

Source : Lesenegalais.net

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