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Footballeur, Fadiga avait mis tout le monde d’accord sur son talent. Consultant, il dégage les mêmes airs. L’Observateur replonge le «gaucher magique» dans son passé glorieux (2002) pour mieux appréhender le futur de ses cadets: Côte d’Ivoire-Sénégal. 

Contre la Côte d’Ivoire, le Sénégal n’ira pas vers l’inconnu…

Il y aura une confrontation (allusion faite aux matches disputés aux éliminatoires de la CAN 2013) qui nous permettra de voir leur force et faiblesse. On connaît déjà leur force de frappe. Hier (Mardi), Yaya Touré nous a fait une démonstration du football en Ligue des champions. Maintenant, il faudra essayer de libérer le minimum d’espace, de bien étudier leur phase de défense, de milieu et d’attaque pour pouvoir se donner le maximum de chance.

La Côte d’Ivoire a le même effectif là où celui du Sénégal a beaucoup changé…

La Côte d’Ivoire est une machine qui a l’habitude de rouler avec le même matériel, les mêmes pneus et le même moteur. Elle marchera beaucoup mieux que quelque chose qu’on expérimente. A ce niveau là, la machine ivoirienne est beaucoup plus huilée que la nôtre. Mais cela n’est pas gage de victoire ni de beau jeu. L’avantage qu’ils (les ivoiriens) auront c’est de se connaître tous parfaitement  sans avoir besoin de se rechercher.

Sur quoi le Sénégal devrait mettre l’accent pour freiner cette machine?

Le travail du Sénégal pour être à niveau devrait être fait en amont. Le problème du Sénégal c’est toujours d’attendre le dernier moment pour trouver solution à un problème. On est souvent dans une politique de réaction et non d’anticipation. C’est dommage, nous sommes des réactionnaires.

Sur quoi la politique d’anticipation devrait être articulée?

Elle devrait être tournée autour de personnes qui connaissent un peu mieux le football moderne. Qui connaissent les joueurs ivoiriens en place depuis longtemps. Elles pourront donner aux joueurs des consignes pour contrecarrer la tactique ivoirienne. La deuxième chose de l’anticipation, c’est de ne pas faire comme la plupart des équipes nationales africaines. Au Nigéria on retrouve Kanu dans le staff, au Cameroun Rigobert Song est dans l’équipe, en Côte d’Ivoire, Cyril Domoraud. On voit la même chose en Zambie, en Egypte, au Maroc. Cela fait partie de l’anticipation. La troisième anticipation consiste à faire en amont un travail de manière à préparer les générations futures et ne pas attendre et ne pas attendre qu’on se retrouve dos au mur pour commencer à piocher et à courrir derrière des joueurs qui n’ont aucune culture africaine. Ces gens qui ont toujours évolué en Europe, mais ne se sentent pas concernés jusqu’au moment où ils n’ont aucune chance d’être sélectionnés en équipe nationale de France. Il faut qu’on se focalise sur cette nouvelle génération qui pourrait, dans un futur très proche, avoir l’honneur et le plaisir de porter cette tunique de l’équipe nationale. L’anticipation c’est de commencer dès le plus bas âge à leur inculquer ce football africain et sénégalais.

Vous ne vous retrouvez pas dans ce qui est en train d’être fait…

Si je me retrouvais dedans, je serais en contact avec certains dirigeants pour amener ma pierre à l’édifice. Comme j’ai pu le faire lorsque beaucoup de gens ne voulaient pas venir en équipe nationale du Sénégal et que je venais alors que j’avais d’autres choix en Belgique. Je sui arrivé à un moment où il n y avait ni Diouf, ni Salif, encore moins Aliou Cissé; je pense être un des pionniers des expatriés qui avaient le choix et qui sont venus jouer pour le Sénégal. J’ai toujours clamé haut mon africanisme. Là où je vais j’essaie de porter cette bonne image du Sénégal. J’essaie de faire dans mon attitude une publicité pour mon pays. Si le Président de la République m’a nommé ambassadeur, c’est une fierté et un honneur mais j’aimerais être beaucoup plus impliqué au niveau du sport et de la jeunesse. Mais quoi qui puisse se passer, je suis et resterai le supporter N°1. Sur le terrain, j’ai toujours été à la disposition de l’équipe nationale. Alors, vous imaginez bien qu’en dehors du terrain, je le suis encore plus. Mais mon conseil n’a pas été demandé, mon avis non plus. Je m’abstiens d’être dans un conflit.

En conflit, vous l’avez été sur le terrain lorsqu’il s’agissait de se battre pour qualifier le Sénégal à la coupe du monde pour la première fois. Y a t-il des similitudes entre votre époque et celle d’aujourd’hui?

Certaines personnes ont oublié dans quelles conditions nous étions arrivés en équipe nationale. Cela serait bien que toutes ces choses soient réécrites. Notre situation est beaucoup plus complexe, beaucpu plus difficile. A l’époque, nous n’avions pas de matériels logistiques, nous sommes partis au Maroc dans des conditions extrêmes. Nous étions arrivés avec nos chaussures, nos serviettes, nos claquettes et nos t-shirts achetés à Sandaga. Salif, El Hadji, Aliou et moi avions acheté des trucs là-bas. Mais toute la logistique avait été mise en place après notre qualification au Mondial par Massata Diack, El Hadj Malick Sy «Souris»  et Bruno Metsu. Je ne pense pas que ces générations soient comparables.

Vous manquiez de tout, mais sur le terrain c’est un tout autre visage: une forte personnalité. Comment prépariez-vous ces rencontres, surtout quand vous étiez au dernier virage des éliminatoires de la coupe du monde?

La forte personnalité venait déjà du fait que c’est nous qui avions décidé de venir jouer pour notre équipe nationale. C’est déjà un atout majeur parce que nos parents, nos cousins, nos frères nous regardaient. Tout le monde était là, donc on se devait d’être performant à 200%. Il y a encore d’autres aspects qui entrent en compte. On avait tellement de fortes personnalités dans l’équipe que chacun d’entre nous essayait d’être à la hauteur de son coéquipier, de son partenaire. Aliou Cissé, Tony, Salif Diao, Ferdinand Coly, Oumar Daf, El Hadji Diouf. Il y avait du caractère dans cette équipe. A partir de ce moment, tu ne peux pas flancher. Après la préparation physique, il y a la confiance en toi, tu te dis que tues capable de le faire. Tu mets le maximum de tes possibilités en valeur en espèrant que tes coéquipiers en fassent de même et que Dieu t’accompagne. C’est la meilleure des préparations. Après, il y a ces petits atouts qui font qu’un joueur soit beaucoup plus fort mentalement et essaie de tirer l’autre. C’est ce qui faisait la force de la génération 2002 et que je souhaite à cette équipe du Sénégal.

©L’observateur

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