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Que s’est-il passé au sein de la tanière pendant le séjour en Guinée-Equatoriale ? Objectivement, pas grand-chose, quand on reconstitue à froid les évènements. Une élimination sportive au premier tour de la compétition, certes peu glorieuse, mais en ligne avec les prestations laborieuses de l’équipe du Sénégal et un coaching incompréhensible d’Alain Giresse. Et conforme à une réalité de long terme : le Sénégal n’est pas une grande nation de football.

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Des dysfonctionnements au sein de l’équipe, inhérents à toute organisation : des rivalités entre l’ex sélectionneur, la Fédération et des joueurs et des difficultés de communication avec l’entraîneur, comme il en existe souvent; une mauvaise gestion du staff et des dirigeants lors de la fameuse veillée nocturne après le succès d’entrée sur le Ghana (2-1). Des dysfonctionnements, donc, mais objectivement rien de dramatique.

Pourtant, la séquence s’est transformée en psychodrame national. C’est que le football n’est pas un sport comme les autres : sa popularité et son hypermédiatisation sont telles qu’il s’échappe de l’univers du sport pour faire de l’équipe du Sénégal un intérêt personnel.

C’est pourquoi la bonne politique est de réformer la FSF, et non de la dessaisir. Cinq axes de réforme méritent d’être creusés dans la perspective des états généraux :

1 : Professionnaliser la Fédération

La présidence des instances fédérales, et a fortiori nationales, de la Fédération Sénégalaise de Football nécessite des compétences et du temps.

Pour que de tels postes ne soient pas réservés de fait à des retraités, l’indemnisation des dirigeants pourrait être envisagée, comme cela se fait pour les élus politiques.

2 : Démocratiser la FSF

Les dirigeants de la FSF sont élus mais leur élection n’est pas légitime : c’est un système sénatorial, basé sur des élections dans l’entre-soi des dirigeants de fédérations et clubs, et qui produit des baronnies consanguines bloquant tout renouvellement.

Une élection au suffrage universel direct des adhérents de base de la FSF, après une véritable campagne publique, permettrait d’assurer une vraie démocratisation.

3 : Rendre transparent le choix du sélectionneur

Ce choix relève du secret des délibérations du conseil fédéral de la FSF. Or il est aujourd’hui pris en otage par les intérêts de la FSF : le sélectionneur doit être issu de la direction technique nationale de la FSF, au détriment le cas échéant de la compétence. C’est pour cette raison que la FSF a rejeté Aliou Cissé en 2013, qui n’est pas issu de la DTN même si on le reconnait, il reste un homme de caractère, et préféré maintenir Alain Giresse, entraîneur à problèmes.

Le choix du sélectionneur pourrait être rendu transparent, après appel à candidature, sur la base d’auditions publiques des candidats permettant l’évaluation de la qualité de leur projet pour l’équipe du Sénégal.

L’évaluation des performances du sélectionneur serait régulièrement appréciée selon un calendrier prédéfini et conditionnerait son maintien en poste.

4 : Garantir aux joueurs un projet éducatif et professionnel, qui donne du sens à l’équipe nationale du Sénégal

Les jeunes talents, détectés de plus en plus tôt, sont coupés de leur milieu familial dès l’âge de 10-11 ans (comme Gana Guèye, Pape Souaré avec Diambars) pour rejoindre les centres de formation des clubs professionnels. Ces centres renoncent de fait à toute éducation scolaire pour se concentrer exclusivement au sport et produisent des adolescents déracinés, incultes, biberonnés à la seule valeur de l’argent et du mercenariat, dans lequel l’équipe du Sénégal ne représente rien si ce n’est un moyen d’augmenter sa valeur de marché.

Il faut casser cette logique : imposer aux centres de formation la mise en œuvre effective de leur mission de service public (double projet éducatif et sportif), former les joueurs aux contraintes du professionnalisme (gestion des médias, prise de parole en public, apprentissage de l’anglais…), inculquer l’honneur de représenter le Sénégal lorsqu’on porte le maillot national et supprimer les rémunérations financières en équipe du Sénégal.

5 : Moderniser le ministère des Sports pour en faire le véritable régulateur du sport spectacle

Le sport spectacle, singulièrement le football, est de fait un service public. La FSF gère d’ailleurs des prérogatives de puissance publique déléguées par l’Etat. Un partage des tâches clair avec l’Etat, dans le respect de l’autonomie du monde associatif, doit être trouvé.

Au ministère du Sport le soin de réguler et de définir les obligations de service public qui s’attachent au sport spectacle. A la FSF, la gestion du sport spectacle, dans le cadre de vrais contrats d’objectifs et de moyens.

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