Il est 10 heures. Le jour du match Sénégal-Angola, samedi 23 mars. Le thermomètre indique 27° à Conakry, en ce mois de mars. Dans la foulée de la rencontre Sénégal-Angola délocalisée dans la capitale guinéenne, les clubs observent une pause. La ville est en effervescence de ce match tant attendu. Au moment où Alain Giresse s’active à un premier briefing dans la tanière des Lions à l’hôtel Riviera Royal, à environ 2 km, dans la même ville de Kaloum, un de ses prédécesseurs, Amara Traoré, sous le soleil ardent, supervise sa nouvelle équipe, l’AS Kaloum, face à l’équipe militaire, l’ASFAG, en amical au Stade de la mission. L’engouement et l’enthousiasme autour de la nouvelle formation de Kaloum est mis à l’actif de son nouvel entraineur, Amara Traoré. Depuis son arrivée, la visibilité du club a changé.
Le stade de la mission ne désemplit plus
L’AS Kaloum, en perte de vitesse en championnat depuis 2007, année de son dernier sacre, cherchait un entraineur de haut niveau pour se relancer. Le club semble trouver chaussures à ses pieds depuis l’arrivée d’Amara Traoré à sa tête. Le sénégalais n’a, pour le moment, fait qu’un seul match avec sa nouvelle équipe, avec une victoire, face à Batais Nafadji, en championnat. Ce baptême de feu réussi a mis du baume dans le cœur des supporters. «Depuis l’arrivée d’Amara Traoré, il y a eu un grand changement. On cherchait un entraineur qui pouvait nous faire gagner le titre mais surtout, pousser les supporters à se rendre au stade. La confiance a regagné tout le monde», confie un supporter. L’organisation d’Amara a amélioré la visibilité de l’équipe de Kaloum. Et le stade de la mission affiche toujours le plein, en match amical ou en match officiel. Les supporters ne manquent aucune séance d’entrainement. Personne ne veut se la faire raconter. A l’unanimité, les habitants de la presqu’ile de Kaloum se réjouissent du recrutement d’Amara Traoré.
L’équipe a gagné en caractère
L’ossature du club de Kaloum est à majorité composée d’internationaux guinéens. Des joueurs, sans club en Europe qui reviennent pour se relancer. Ce retour massif des professionnels guinéens à l’AS Kaloum, permet aux dirigeants de rêver d’un titre, cette saison. Mais, le prédécesseur d’Amara Traoré avait du mal à canaliser ces joueurs expérimentés qui, en quelque sorte, étaient un cran au dessus de son savoir. Ces joueurs ne respectaient même pas les entrainements. Mais, avec Amara, selon les supporters, l’équipe s’entraine régulièrement. «Nos joueurs étaient très lourds. Ils s’entrainaient rarement voire une fois par jour. Ils n’étaient plus motivés. Avec Amara, tout le monde s’est remis à la tâche. Les joueurs sont maintenant physiquement prêts et sont devenus plus athlétiques. Et ils ont l’amour de ce qu’ils font», explique un supporter.
Sur le plan tactique, l’équipe a également du caractère. L’ancien coach des Lions a instauré l’esprit de groupe dans l’équipe. «On a maintenant une base solide. Avant, on jouait n’importe comment. Et là, les choses sont dans les normes. L’équipe est à présent d’attaque. Il n’y a plus ces histoires de statut international. Tout le monde est au même pied. Ce qui compte, pour lui, c’est le groupe», a commenté Kanfory Sylla, international guinéen.
Réconfortant, le discours d’entrée d’Amara à la tête de l’ASK reste encore gravé dans la mémoire de l’ancien milieu défensif du Syli. «Il nous a dit qu’il avait besoin d’organisation. Qu’il ne veut pas voir de cas d’indiscipline. Pour lui, si on est organisé, tout se passera comme prévu. Et c’est exactement ce qu’on a vécu en Europe», s’est souvenu Sylla.
La rigueur dans le travail
Courtisé par des clubs Dakarois, c’est finalement à Conakry que le technicien sénégalais s’est retrouvé. La raison ? Le projet sportif. «Vous pouvez amener un club pour six mois, avec combien de millions à la clé, je ne suis pas sûr qu’Amara signe le contrat. Par contre, vous amenez un projet sportif à moyen et long terme, avec un développement à Amara Traoré pratiquement pour zéro franc, je suis sûr qu’il va le signer», explique Ali Touré, directeur technique du club de Kaloum, parlant des motivations d’Amara Traoré. Partie intégrante de ce projet sportif, c’est la mise en place d’un centre de formation pour le club. C’est pourquoi, le sénégalais est rigoureux et exigeant dans le travail dans la presqu’ile de Kaloum. «Amara Traoré est très rigoureux, surtout dans sa préparation physique», témoigne Momo Wandel, son adjoint, par ailleurs, ancien de la Jeanne d’Arc de Dakar.
La pression des supporters
Les supporters de Kaloum sont des plus exigeants des clubs de Guinée. Les entraineurs bénéficient rarement d’état de grâce. La victoire est leur credo. Avant, les supporters débordaient pour suivre les entrainements. Mais, exceptionnellement, Amara Traoré a pu canaliser ces inconditionnels, avec un discours porteur. «On a laissé Amara travailler, parce qu’il nous a remis à notre place et surtout, on a vu un changement dans tous les domaines de sa gestion de l’équipe», renseigne Alya Camara, supporter. En bon manager, le nouveau coach de Kaloum a convaincu par sa démarche. «Lors de sa première séance d’entrainement, il s’est entretenu avec les supporters, concernant les débordements, leur disant ‘on veut tous regarder les joueurs, donc le mieux serait qu’on ne se retrouve sur l’aire de jeu’. Depuis, les joueurs s’entrainement tranquillement», rapporte Alya.
Un éventuel faux pas divise les supporters
Amara Traoré est lié au club kaloumiste pour une saison et demie. Les attentes des supporters vis-à-vis du nouveau coach sont énormes. Sur la question d’un nouveau titre, les supporters restent divisés. Certains estiment que l’ancien sélectionneur des Lions, à défaut de gagner un titre, peut asseoir une bonne base de l’équipe et espérer un trophée, l’année prochaine, même en son absence. D’autres par contre, sont très optimistes, quant à la réussite d’Amara Traoré. Il est inadmissible pour eux d’avoir un ancien entraineur d’une des meilleures sélections africaines et ne pas avoir une ambition. Et le titre reste pour eux le meilleur résultat du sénégalais à la tête du Kaloum. Pour ces supporters, le nouveau technicien a tout ce qu’il faut pour réussir. Pour le moment, on ne parle pas de pression. Mais, le titre reste l’ambition majeure.
REWMI
