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Recalé sur le chemin de la CAN, Mamadou Ba (29 ans) a suivi l’élimination des «Lions» depuis le Portugal. Très déçu, le gardien de but de Boavista (Liga Sagres) n’a pas aimé la méthode d’Alain Giresse qui, selon lui, était «dépassé par la situation». Il lui reproche aussi d’avoir privilégié ses sentiments personnels à la place de l’intérêt national. «Il fallait être son ami et le caresser dans le sens du poil pour être en Équipe nationale», dit-il.
Que pensez-vous être la cause de l’échec du Sénégal en Guinée Équatoriale ?
La CAN a été perdue d’avance au moment de la publication de la liste. Je ne peux pas concevoir un entraîneur qui demande à la Fédération de publier la liste à sa place pendant qu’il aille pour passer Noël en famille, en France. Je ne crois pas que cela faisait partie (des clauses) de son contrat. Et personne ne s’est levé pour dénoncer cela. C’est de l’amateurisme. Les autres sélectionneurs (européens) qui dirigent les autres équipes africaines n’ont pas agi de la sorte. Cela n’existe nulle part. C’est n’importe quoi.
Certains lui reprochent son manque de communication. Partagez-vous le même avis ?
Je ne le connais pas assez bien parce que j’ai seulement passé 10 jours avec lui. Mais d’après ce que j’ai vu, il n’a pas opté pour la concurrence. Si c’était le cas, je serais dans le groupe parce que j’étais à relever le défi et à jouer. Mais il a choisi de faire plaisir à certains au profit d’autres. Au début, il disait qu’il n’était pas là pour gérer des cas sociaux. Mais à la fin, on a vu qu’il faisait dans le social.
Au-delà de cela, avez-vous remarqué une autre anomalie à l’origine de cette déroute ?
Il y a eu une erreur de communication avant même que l’équipe n’aille en Guinée Équatoriale. J’entendais certains joueurs dire que Bata était oublié, ce qu’il ne fallait surtout pas faire. On ne peut pas retourner dans un pays où l’on restait sur une mauvaise campagne et dire qu’on devrait tout oublier. Je pense que Bata devait servir de leçon, et non être oublié.
Comme beaucoup de Sénégalais l’ont fustigé, avez-vous noté un manque de volonté des joueurs ?
Non, je n’ai pas remarqué cela. Contre le Ghana, tout le monde a applaudi après la victoire (1-2). Nous avons un bon effectif, avec de très bonnes individualités, mais c’est la gestion du groupe qui pose problème. La compétition est différente des éliminatoires où l’on reste des semaines ou des mois avant de rejouer. Je pense qu’Alain Giresse n’était pas concentré sur son sujet. Toutes les équipes ont peur du Sénégal, mais nous n’avons encore rien gagné. Il nous faut plus de sérieux au moment de faire des choix. Le Ghana a perdu son premier match, mais c’est une équipe qui jouera les demi-finales, voire la même.
Regrettez-vous l’absence de Demba Ba à la CAN ?
Évidemment. On doit privilégier l’intérêt national et non des règlements de comptes. L’Équipe nationale appartient aux Sénégalais et non à un groupe de personnes. Ce sont les meilleurs joueurs du moment qui doivent être convoqués. Aujourd’hui, Alain Giresse n’est plus là et pourra entraîner une autre équipe. Et pendant ce temps, ce sont les Sénégalais qui vivent avec cette douleur.
Vous avez été déçu de ne pas avoir été à la CAN ?
Forcément, il y a eu de la déception parce que chaque joueur a envie de jouer en Équipe nationale. Et par rapport à la situation, j’espérais aller à la CAN. Mais au Sénégal, on ne comprend pas trop. J’ai assez d’expérience en sélection pour savoir comment ça fonctionne. La raison ne veut pas que je participe aux derniers matchs (des Éliminatoires) sans faire partie des 3 ou 4 gardiens appelés (liste des 23 pour la CAN). Cela prouve que nous devons revoir le mode de fonctionnement du système.
Il se dit que c’est vous qui deviez jouer contre le Botswana à Dakar. Qu’est-ce qui s’est passé ?
A la veille du match, on m’avait dit que j’allais jouer, mais tout a changé le lendemain. Je ne sais pas si c’est venu de Giresse ou de l’encadrement. Mais je suis né au Sénégalais et je sais comment fonctionnent les choses.
«Aliou Cissé peut diriger l’Équipe nationale»
Avez-vous l’impression que Giresse a pris la sélection pour un jouet ?
Je ne dirais pas cela, mais je pense que l’Équipe nationale était trop difficile à gérer pour lui. Il était dépassé par la situation au point qu’il ne pouvait plus maîtriser grand-chose. C’est pourquoi, ses choix étaient toujours le fruit d’une hésitation. Il y a des joueurs à forte personnalité dans l’équipe et cela dérangeait Giresse. Il fallait être son ami et le caresser dans le sens du poil pour être en Équipe nationale. Quiconque me connaît sait que j’ai une personnalité. Si l’on ne se référait qu’à l’aspect sportif, je serais en Équipe nationale. Mais s’il y a autre chose, je peux rester dans mon club parce que je m’y sens bien.
Quel doit être le profil du prochain sélectionneur ?
Amara Traoré n’a pas eu de chance, mais c’est lui qui devait être à la tête de cette équipe. Nous devons confier la sélection à un entraîneur capable de la gérer et conscient des enjeux et réalités. Qu’il soit au pays ou à l’étranger, l’essentiel est qu’il soit Sénégalais, patriote, ayant le niveau, le caractère et la personnalité.
Certains avancent déjà le nom d’Aliou Cissé. Pensez-vous qu’il serait l’homme de la situation ?
Bien sûr qu’il peut diriger l’Équipe nationale. Aliou Cissé est un patriote. Que ce soit lui ou un autre, la sélection doit être confiée à un Sénégalais qui sera là quand tout sera fini, et non à quelqu’un qui rentre en France après une compétition pendant que le peuple vit avec sa tristesse. Nous devons rompre avec ce système.

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