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Matar Songo NDIAYE

Galsenfoot_ Ancien membre du Comité directeur de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), dont il fut même le président de la Commission des Finances, Matar Songo Ndiaye est sorti de sa réserve pour tirer sur l’équipe fédérale, à la suite des incidents du match Sénégal-Côte d’Ivoire. Pour lui, le football sénégalais ne peut pas s’en sortir avec ses dirigeants actuels.


Enième crise dans le football
«Je pense que cette crise est là, depuis très longtemps, depuis la Can à Bata. Et Sénégal-Côte d’Ivoire et les incidents, malheureusement qui s’en sont suivis, sont la suite logique de la mauvaise gestion de l’après Can. Il faut aussi dire que beaucoup de matches ont été joués dans ce pays, mais c’est bien la première fois dans l’histoire du Sénégal qu’un match international est interrompu, avec ce déchaînement de violences que les gens n’ont pas pu expliquer. Je pense que cette crise dont on parle est là depuis un bon moment et qu’à ce que je sache, la fédération n’est pas aujourd’hui en mesure de régler ces problèmes de violences. Parce que, ce sont des scènes de violences qui sont répétitives et là je pense que ça va continuer avec eux».Manque de vision de la Fédération
«Le problème aujourd’hui, c’est celui du manque de vision de la Fédération. Parce que tout ce que nous avons pu constater, c’est dû à un problème d’organisation. Nous avons pu déceler pas mal de failles dans le système organisationnel de la Fédération et cela depuis très longtemps. Nous avons pu voir ce qui s’est passé avec Kambel et kara. Aussi lors de Sénégal-Gambie et du match Sénégal-Cameroun qui nous a d’ailleurs valu des sanctions financières de la Caf. Donc, avec Sénégal-Côte d’Ivoire, ce sont des questions purement organisationnelles qui se posent à nous, d’autant plus que dans l’histoire du football sénégalais on n’a jamais connu ce genre de difficultés. Les matches étaient bien organisés. Et là, ce sont des problèmes internes à la Fédération. Parce que le football, ça ne s’apprend pas dans les universités, c’est un problème de terrain. Il faut faire le terrain. Il faut discuter. Il faut avoir l’expérience des matches internationaux et une vision du football. Ce qu’on peut constater, c’est que malheureusement au niveau de cette Fédération, c’est comme des enfants de la maternelle qu’on a projetés directement à l’université. Il n’y a pas un seul membre, aujourd’hui, qui est au pouvoir qui a pu faire les commissions fédérales là où on apprend les véritables rouages d’organisation des matches. Et, c’est malheureux quand souvent ils organisent des matches internationaux, ça se termine de cette façon là».

Compétence des fédéraux
« Je pense que cette Fédération, depuis qu’elle est installée, à un moment donné, elle a le vent en poupe parce qu’ il n’ y a pas eu de critiques dans ce qu’ils font tous les jours, ce qui est déjà rare dans le football sénégalais. Après l’élection de Augustin Senghor et de son équipe, les gens ont adopté le profil bas pour ne pas gêner l’action de la Fédération. Mais au finish, on se rend compte que ce sont des gens qui ne sont pas outillés parce qu’il y a eu échec partout dans l’organisation des matches. C’est la même chose avec la sélection junior qui était éliminée, tout récemment, avec les problèmes d’hymnes nationaux. Et effectivement, vu la récurrence des problèmes, c’est la question de la compétence des fédéraux qui se pose aujourd’hui».

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Excuses du président de la République
Ça a touché tous les Sénégalais de voir le président de la République, avec une certaine humilité, s’adresser aux instances internationales du football et à la Côte d’ivoire pour s’excuser après le désastre du 13 octobre dernier. Le président de la République a posé un acte que les Sénégalais ne pourront jamais oublier. Et on espère que cet acte va peser sur la balance au niveau de la Caf comme de la Fifa. Je crois que ça a été un très bon départ pour pouvoir atténuer les futures sanctions que risque le football sénégalais».

Conséquences à tirer par la Fsf
«La première conséquence que la Fédération devrait tirer de ce match, c’est de rendre le tablier. Parce ce quand même, un match qui a été émaillé d’incidents, un match qui a été interrompu à la 73e minutes, ça ne s’est jamais vu dans le football sénégalais. Et là, c’est l’occasion de rendre un hommage mérité au ministre du Sport, El hadji Malick Gakou, qui a pu garder tout son sang-froid en assistant les fédéraux qui étaient victimes de la vindicte populaire et également en protégeant les Ivoiriens qui étaient en terre sénégalaise. Là, le ministre des Sports a posé un acte courageux qu’il faut saluer. D’ailleurs, la première réaction de la Fédération après devait être de voir le ministre pour le remercier de cette attitude. On doit aussi rendre hommage aux forces de sécurité sénégalaises. Car, dans tous les pays où des incidents pareils se sont produits, il y a eu des morts d’hommes. Là, toute la sécurité a été à la hauteur et ils ont pu gérer ce match avec beaucoup de lucidité. Ce qui a fait qu’aujourd’hui on a des blessés, mais pas des morts».

Responsabilité de l’Etat
«Personne ne peut situer la responsabilité de l’Etat dans cette histoire-là. Contrairement à ce qu’a dit l’ancien ministre des Sports, El Hadji Daouda Faye. Moi je pense que le seul responsable, c’est la Fédération sénégalaise de football. Et à mon sens, ces gens devraient être entendus dans le cadre de l’organisation de ce match. Parce qu’il y a eu de nombreux blessés, l’image du Sénégal a été ternie à travers le monde. Le ministre des Sports a essuyé un projectile pour défendre la Fédération. Partant de tout ce qui s’est passé, la Fédération devrait démissionner immédiatement».

Défendre ce dossier du Sénégal à la Caf
«Je renvoie tout le monde à la Can 2004 pour ce qui est de la défense du Sénégal auprès de la Caf. En Tunisie, lorsque El Hadji Diouf, Ablaye Sarr, Amara Traoré et Fallou Cissé ont été sanctionnés, c’est un éminent avocat, Me Guedel Ndiaye, qui après avoir épié toutes les procédures au niveau de la Caf, a porté le recours du Sénégal au niveau du Tas (Tribunal arbitral du sport). Il a défendu le dossier du Sénégal et nous avons vu que toutes les sanctions, excepté celle de Diouf, ont été levées. Cela ne peut donc pas constituer un blocage pour dire que si la Fédération démissionne personne ne pourra défendre le Sénégal. N’oublions pas non plus que la Fédération est simple délégataire de pouvoir. Quand il n’y a pas de fédération, c’est l’Etat qui prend le relais. Ils me diront certainement que la Caf et la Fifa ne reconnaissent pas l’Etat. Mais, s’il y a problème dans la gestion du football qui a été confiée à une Fédération, l’Etat est obligé de voir avec la Caf et la Fifa quelles modalités appliquer pour mettre en place des outils d’exception pour gérer une transition sur 6 mois. Ici, nous avons eu le Cnf qui a travaillé, pendant 18 mois. Parce que nous avions jugé que tout le processus devait prendre 18 mois. Donc, pour moi le problème ne se pose pas en termes de défense du dossier à la Caf. De toutes les façons, la Fédération n’est pas bien outillée aujourd’hui pour défendre valablement ce dossier. Ils parlent de mémorandum en oubliant que la Caf comme la Fifa étaient représentées dans ce match. Ce mémorandum-là avant que la Caf ou la Fifa
ne l’ouvre, ils vont écouter déjà leurs émissaires qui étaient sur le terrain. Maintenant, je sais que l’Etat du Sénégal est en train de mettre tout en oeuvre pour atténuer les sanctions».

Le départ de la Fédération, inéluctable
«Je pense que le départ de la Fédération devrait être immédiat. De toute façon, il est inéluctable. Au sortir de ce match, je m’attendais à ce que le Comité d’urgence qui s’est réuni, après la débâcle, lance un signal fort et demande aux membres du Comité exécutif de démissionner. La seule chose que j’attends d’eux, c’est de rendre le tablier, lors de leur réunion du mardi, et de ne pas uniquement sacrifier l’entraîneur pour se donner bonne conscience. Nous savons aussi que c’est une stratégie mûrement réfléchie, car, mardi, nous serons à deux ou trois jours de la Tabaski. Ils vont essayer de noyer les Sénégalais dans cette recherche effrénée de moutons et sortir une décision pour limoger l’entraîneur et parler de restructuration et puis la vie continue pour eux. Mais, ça ne doit pas se passer comme ça. L’Etat doit prendre ses responsabilités par rapport à ces gens en leur demandant de se démettre, comme ça était le cas en 2008. L’Etat avait alors demandé aux fédéraux de se démettre de leur mandat, en les sensibilisant, pour ne pas gêner les populations sénégalaises. Aujourd’hui, il doit en être de même».

Refus des fédéraux de partir
«Si l’Etat refuse de collaborer avec la Fédération, la fédération est obligée de partir. Parce que la Fédération ne peut pas remplir correctement ses missions sans l’intervention de l’Etat. Tous les matches des équipes nationales sont supportés à 100% par l’Etat du Sénégal. Si aujourd’hui l’Etat demande à la Fédération de partir et qu’elle refuse et fait de la résistance, l’Etat est en mesure de couper les robinets et la Fédération ne va plus travailler. Après, ce sont les clubs qui vont se lever pour débarquer ces fédéraux».

Opposition de Me Senghor au président de la Caf
«Le Sénégal n’a aucun intérêt à combattre Issa Hayatou. Malheureusement, c’est ce que fait la Fédération. Je l’aurais compris si Me Augustin Senghor ou un autre membre de la Fédération briguait le poste de Hayatou. Mais à ce que je sache, aucun membre de la Fédération n’est pressenti pour remplacer Hayatou. Je pense que nous sommes en train de payer le prix de notre position. Parce que, nous sommes entrés dans un conflit qui n’est pas le nôtre. Je suis désolé de le dire, mais cette positon de la Fédération est en train de nous handicaper sur le plan international. Aujourd’hui, je suis sûr d’une chose, c’est que le Sénégal ne pourrait jamais s’en sortir avec cette équipe fédérale. Parce que nous tous nous savons qu’au niveau des instances internationales, ce sont les lobbyings qui fonctionnent. Or, la Fédération sénégalaise de football n’est pas dans la même dynamique que le président de la Caf. Naturellement, pour des questions de survie, la direction de la Caf est obligée de riposter et c’est très légitime, d’autant plus que ce n’est pas notre conflit. Le Sénégal devait se ranger, à défaut ne pas porter le combat des autres. Aujourd’hui, nous sommes victimes de la position de Me Senghor par rapport à la Caf».

Source:Le Populaire

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