Meilleur buteur et meilleur joueur de son club Bristol City, Famara Diédhiou sait se sublimer en deuxième division. C’est même à se demander s’il n’est pas fait pour cette division. Les experts le voient bien s’adapter en première division.
C’est l’éclaircie dans la grisaille. Famara Dié a beau été omniprésent dans le jeu offensif, réaliste devant les buts, planté 12 banderilles cette saison, Bristol City ne fait pas mieux qu’une 12e place de championship. La montée devra encore attendre. Et pourtant, son héros, cette saison, qui ne pouvait être que le Sénégalais, meilleur buteur (12 buts en championnat et 1 en coupe) du club, la deuxième saison de suite, s’est efforcé à tirer Bristol vers le haut. Le pari n’est pas gagné, mais Famara peut se consoler d’avoir bien soigner ses statistiques. Le Sénégalais a aussi été désigné joueur de la saison en récompense à ses performances de haut vol.
Cette percée en club, ajoutée à son retour remarqué en équipe nationale du Sénégal, couronné d’un but face au Brésil en amical le 10 octobre (1-1) et d’un retentissant son triplé contre l’Eswatini (4-1), le 17 novembre 2019, en éliminatoire de la CAN 2021 reportée en 2022, lui confère une notoriété certaine. Sauf qu’elle ne vaut pour le moment qu’en deuxième division où il a gagné ses galons.
En 2016, le natif de Saint-Louis du Sénégal avait été meilleur buteur sous le maillot de Clermont (avec 21 buts en 35 matchs) et a été désigné meilleur joueur de la seconde division française dans le cadre des trophées UNFP (Union nationale des footballeurs professionnels). Cette année-là, Famara Diédhiou marchait sur les traces de Diafra Sakho, qui avait inscrit 20 buts avec Metz deux saisons avant. A l’étage supérieur (2016-2017), Famara Diédhiou n’a pas été phénoménal avec le Sco Angers en Ligue 1, mais ses neufs buts inscrits en 36 matches lui permettaient tout de même de rester droit dans ses bottes. Ce, même si ses prestations n’ont pas été réellement à la hauteur des attentes pour le maintenir dans l’élite française. Cette reconnaissance perdue en France, il est allé la reconquérir en Angleterre dans le championnat qu’il semble connaître le mieux ; la D2. Pour qui connaît son parcours atypique, c’est une consécration.
Le sursaut d’orgueil
Même la Ligue 2 française semblait un niveau très haut pour Famara Diédhiou à ses 22 ans. A Sochaux où il a signé son premier contrat professionnel en juin 2014, l’attaquant international sénégalais n’a jamais su faire son trou, en Ligue 2. Ses statistiques faibles pour un attaquant (3 buts en 27 matches disputés en championnat) ne lui garantissaient même pas une place dans cette division. Eric Pégorer, membre du staff technique du Fc Sochaux, joint au téléphone par «L’Observateur» expliquait le problème de Famara Diédhiou ainsi : «La principale raison est l’évolution du club qui était en Ligue 1. A l’époque, il y avait beaucoup plus de concurrence au poste d’attaquants, des joueurs comme Mayuka (attaquant zambien), Giovanni Sio (Ivoirien)… Quand l’équipe est descendue en Ligue 2, on pouvait se poser la question. Il n’avait pas eu la confiance du coach (Olivier Echouafni). Parallèlement à cela, il y a eu la montée en puissance de Karl Toko E’Kambi (attaquant international camerounais). Qui a fait une bonne saison. Donc, il y avait un attaquant qui marquait et un autre qui ne jouait pas. Ce qui a fait que Famara est parti à Clermont (2015-2016).»
Si à Sochaux, c’était difficile pour lui, sa soif et son envie de montrer sa valeur réelle en ont fait le monstre qu’il a été dès ses débuts à Clermont. L’attaquant sénégalais très athlétique, qui peut allier puissance et vitesse, capable aussi de jouer en pivot qui a traversé Sochaux comme un fantôme a atteint à Clermont, une plénitude qu’il n’avait jamais connue. Meilleur buteur (21 buts en 35 matchs) et meilleur joueur de la seconde division, Famara Diédhiou valide naturellement son visa retour en équipe nationale qu’il avait découverte en mai 2014 lors d’un match amical contre la Colombie, avant de disparaître pour deux ans.
«Il peut aller plus haut »
Après un passage sobre en Ligue 1, la saison 2016-2017, il a retrouvé ses sensations de buteur dans la deuxième division anglaise les saisons 2018-2019 et 2019-2020. Dans le même temps, Famara pousse encore les portes de la Tanière dirigée par Aliou Cissé. «Pour quelqu’un qui était absent en équipe nationale, s’il revient des années après, c’est grâce à ses performances en club. C’était une preuve qu’il a progressé. Aujourd’hui, il a prouvé qu’il peut aller plus haut. Être meilleur buteur de son club, c’est une bonne chose. Malheureusement, son équipe n’est pas montée en première division» note l’ancien attaquant des Lions, reconverti entraîneur, Pape Thiaw. Ce dernier est convaincu que Famara Diédhiou peut valablement nourrir les ambitions de jouer à un niveau supérieur, de se frotter à la crème du football mondial. «S’il a l’opportunité de jouer en première division, il va s’en sortir. Et ce sera mieux pour lui parce qu’il sera plus visible, ses qualités seront mieux mis en exergue», dit l’entraîneur de NGB (club de l’élite sénégalaise). «Un joueur aussi athlétique, pas mal dans les duels, décisif pour finir meilleur buteur de son club» peut naturellement avoir sa place en premier League, anglaise selon Pape Thiaw. «Ce championnat demande une régularité, une constance pour pouvoir tenir le rythme, Famara a déjà le rythme parce que la D2 anglaise n’est pas très loin de la première division anglaise. Et encore que Famara a déjà joué en ligue 1 française», dit-il.