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Dans l’interview exclusive qu’il nous a accordée, Pierre Ménès se prononce sur le duel sénégalo-ivoirien du 16 novembre prochain, dans le cadre de l’acte final des éliminatoires du Mondial 2014. Même s’il reconnait que le Sénégal n’a pas de footballeur de standing international pouvant rivaliser avec les Éléphants, le consultant de Canal+ estime que les Lions peuvent toujours espérer se qualifier. Entretien

Ménès, le Sénégal va croiser la Côte d’Ivoire dans deux semaines. Comment l’appréhendez-vous ?

Le but que le Sénégal a mis en toute fin de partie est celui de l’espoir. Malheureusement, le Sénégal va croiser la Côte d’Ivoire qui est la meilleure équipe africaine du moment, même si elle a du mal à s’imposer en phases finales de la Coupe d’Afrique et de la Coupe du monde. Aujourd’hui, en plus de Yaya Touré qui est l’un des joueurs les plus sérieux à son poste, la Côte d’Ivoire a d’autres joueurs qui évoluent dans le haut niveau. Contrairement au Sénégal qui, non seulement n’a pas de joueur de standing international pour rivaliser avec la Côte d’Ivoire, mais qui souffre aussi de l’absence de Demba Bâ. Mais, vous savez, il est toujours difficile de lire le football africain dans son ensemble. Il y a trop de paramètres socioculturels que l’on ne maîtrise pas du tout.

Qu’est-ce qui a, selon vous, fait la différence au match aller ? 

Comme beaucoup de pays d’Afrique noire francophone, la Côte d’Ivoire attaque plus qu’elle ne défend. Des joueurs à vocation offensive comme Yaya, Drogba et Gervinho sont capables de tuer un match à tout instant. Et au match aller, ils ont prouvé qu’ils ont atteint un niveau incomparable à celui des Sénégalais.

Est-il possible pour le Sénégal qui est dos au mur de créer la surprise face à la Côte d’Ivoire ?

Je pense que c’est toujours possible. Il faut juste marquer un but dans les trente premières minutes. Ça sera difficile, mais pas impossible. Le Sénégal a des garçons qui ne sont certes pas du même niveau que les joueurs ivoiriens, mais qui peuvent au moins faire parler d’eux dans un match de football.

Que faut-il aux Sénégalais pour surprendre l’adversaire ?

Le meilleur moyen de les surprendre, je pense qu’il ne faut pas trop calculer. Les Sénégalais doivent leur rentrer dedans pour semer le doute dans leur tête. S’ils donnent un temps de réflexion aux Ivoiriens, ces derniers peuvent faire mal. Ils ont des armes offensives capables de tout.

Après la défaite des Lions face aux Éléphants, Alain Giresse a été beaucoup critiqué. Pensezvous qu’il est l’homme de la situation ?

Je n’ai jamais pratiqué Alain Giresse comme entraîneur même si je sais qu’il fut un grand footballeur français. Mais, s’il est au Sénégal, c’est parce qu’il sait qu’il est tenu de remplir son rôle le plus correctement possible. J’espère que les Sénégalais ont compris que pour la qualification au Mondial, ils sont tombés sur la plus grosse cylindrée africaine. La Côte d’Ivoire n’est pas le Ghana ou l’Égypte, des équipes avec lesquelles le Sénégal peut valablement rivaliser.C’est sûr que l’entraîneur sera la cible des supporters et au-delà, de tous les Sénégalais si leur équipe ne se qualifie pas. Ça c’est un fait de société. Personne n’y peut rien.

La relégation de Demba Bâ sur le banc de touche de Chelsea n’est-elle pas une injustice pour le garçon ?

Qu’est-ce que tu veux ? Il y a Fernando Torres qui marche fort ces temps-ci, sans oublier Samuel Éto’o. Ce n’est pas le même niveau. Demba Bâ est un joueur devant les buts. C’est un prototype de footballeur rare. Maintenant, c’est le coach Jose Mourinho qui tranche. Personnellement, je dis qu’il faut donner ce garçon en prêt. Aujourd’hui, je pense que ça serait une bonne chose qu’il s’engage avec l’Olympique de Marseille qui est toujours à la recherche d’un attaquant. Ça sera non seulement une super idée pour l’OM, mais pour le garçon. Parce que ça lui permettrait de revenir aux sources pour bien redémarrer. Aujourd’hui, le championnat français est loin d’être dévalué.

On a tendance à se contenter de cette génération de 2002 qui a fait rêver tout le monde. Vous at- elle emballé ?

Pour avoir vécu le Mondial sur place avec le Sénégal était miraculeux. L’équipe était incroyablement au sommet de son art avec des athlètes impressionnants. Des joueurs qui avaient envie de ravager tout ce qui bougeait devant eux. Là, on avait du plaisir à suivre le Sénégal partout où il évoluait. Maintenant, je pense que le Sénégal a perdu son aura.

Que manque-t-il aujourd’hui au football sénégalais ?

Il suffit de jeter un coup d’oeil sur le championnat français pour se rendre compte que le Sénégal et le Cameroun comptent énormément de très bons footballeurs. Mais, une fois en sélection, tout se brise comme un château de cartes. Les vestiaires sont divisés en deux. Cela s’explique par le fait qu’en Afrique noire francophone, il y a des problèmes d’égo. Ça fait partie de la mentalité, de la société. Malheureusement, on se rend compte que, s’il y a beaucoup de chefs dans un groupe, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de leader. Or, dans le football moderne, on a toujours besoin de patron dans une équipe.

Dernièrement, vous avez eu des bisbilles avec l’international français d’origine sénégalaise Patrice Évra…

Vous savez, je n’ai aucun problème personnel avec Patrice Évra. Et je suis d’ailleurs très content que dans les interventions, personne n’a dit qu’on le critiquait parce qu’il était Noir. Tout le monde sait que je suis très proche de Thierry Henry qui est un Noir et l’un de mes meilleurs amis. Il est en même temps l’ami d’Évra. J’ai beaucoup d’admiration pour Abédi Pelé et tant d’autres footballeurs noirs. C’est le comportement de Patrice Évra que j’ai critiqué ainsi que son niveau de jeu en équipe nationale. Pour le reste, ce n’est pas mon problème. Chacun peut mener sa vie comme il l’entend.

 

Stades

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