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La « Vieille dame » est dans le coma. La doyenne des clubs sénégalais vit ses derniers jours. C’est, en tous cas, le sentiment de Roger Mendy, un de ses illustres fils qui a perdu l’espoir de la sauver. Cependant, il pense qu’il faudrait passer par un nettoyage au sommet pour tenter l’impossible. Entretien.

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Votre club, la Ja, traverse des moments difficiles. Et récemment, l’Assemblée générale annoncée comme un nouveau départ n’a pu se tenir. Pouvez-vous revenir sur les raisons de cet échec ?
« Cet échec, on s’y attendait déjà dès le départ, d’autant plus que lors de la première Ag tenue il y a quelques mois, on pensait qu’il y’aurait des changements, mais ce n’était pas le cas. Ils (les membres du Comité exécutif) nous parlaient de consensus pour régler des problèmes internes, parce qu’il y en avait. Et jusque-là, ce n’était pas le cas. Ils ont mis en place un comité exécutif dirigé par Seydou Nourou Bâ, et entretemps, il y avait ces joueurs qui ne percevaient pas leurs salaires, qui n’avaient pas de médecin et même pas d’eau à l’entraînement. Donc, je me demandais ce que ce comité faisait. Non seulement il n’a pas pu sauver l’équipe, mais aujourd’hui, elle est en Division 3. Et à cette Ag, nous nous attendions à ce qu’ils nous présentent leur bilan, mais ils ont emmené des cars de Ndiaga Ndiaye remplis de jeunes nervis qui se considéraient comme des supporters de la Jeanne d’Arc. »
Justement, il semblerait que ces supporters, c’est Momar Ndiaye, l’ancien président du club, qui les a mobilisés. 
« S’il faut convoyer ces jeunes et les payer des perdiums, je ne sais pas combien, c’est facile, alors qu’à l’entraînement de la Jeanne d’Arc, tout manquait. Même pas de sachets d’eau pour les joueurs. Donc, il y a quelque chose qui ne va pas (…). Franchement, il y a quelque chose qui cloche. Ce que le Comité exécutif devrait faire, c’est rendre le tablier tout simplement. Quand on échoue deux fois, c’est fini. »
N’est-ce pas que le Comité exécutif était là à titre intérimaire ?
« A titre intérimaire, c’est-à-dire ? »
C’est-à-dire, le temps de tenir cette Ag et élire un nouveau président et un nouveau Comité exécutif.  
« Et leur candidat, c’était qui ? »
Vous voulez dire qu’il n’y avait pas de candidat déclaré ?
« Quand on parle de consensus, cela veut dire essayer de trouver un président. Actuellement à la Ja, ce qui manque, c’est la transparence. Il faut dire les choses comme elles sont. Il n’y avait même pas de candidat. On a aussi noté un retard lors du démarrage, et on ne sait pas ce qu’ils mijotaient. »
Ne pensez-vous pas qu’il fallait tenir cette Ag pour crever définitivement l’abcès ? 
« L’abcès de la Jeanne d’Arc, personne ne peut la crever parce que depuis que je suis à la Ja, dans les années 1977, il y avait toujours des problèmes. Donc, ces problèmes ne datent pas d’aujourd’hui. Pour le moment, la crise que traverse le club a terni l’image de la Jeanne d’Arc. Elle ne mérite vraiment pas cela, la Vieille dame. Si durant 6, voire 7 ans, on ne parvient pas à faire des résultats, il faut céder la place aux jeunes. Je ne peux pas concevoir que des dirigeants qui étaient présents quand j’étais là comme joueur, qui dirigent nos fils, maintenant, veulent encore diriger nos neveux. »
Mais est-ce que vous, les jeunes, vous êtes prêts à prendre vos responsabilités ? 
« Nous, nous avons osé prendre nos responsabilités. Ce qu’on leur demande, c’est de se démettre. On a besoin d’eux pour nous aider quand il y aura des problèmes. Nous sommes capables de diriger ce club, mais il faut d’abord procéder par un nettoyage avant de prendre la direction. Parce que la situation de la Jeanne d’Arc, c’est encore plus complexe. »
En fait, entre le président Seydou Nourou Bâ et Momar Ndiaye, qui est, selon vous, le véritable responsable de la situation actuelle du club ? 
« Je ne peux pas le dire parce que depuis 1984, quand je quittais le club, il n’y avait pas Momar Ndiaye. Je ne peux pas, non plus, dire que c’est Seydou Nourou Bâ le responsable parce qu’il vient d’arriver. Je ne peux que témoigner de ce que j’ai vu depuis 2011, date de mon retour, jusqu’à présent. Et depuis cette date, c’est minime par rapport à ce qui s’est passé. Donc, je suis très mal placé pour parler, parce que cela ne sert à rien du tout. »
Il y a aussi le dossier du terrain du club sis sur la Vdn qui serait vendu et dont les recettes seraient détournées.
« (Il coupe net) Là aussi, je ne pourrais pas me prononcer. C’est le passé, et je n’étais pas là. »
A vous entendre parler, vous semblez pessimiste. On dirait que la Jeanne d’Arc est sur le point de disparaître ? 
« Oui ! Et je suis désolé. Parce que nous sommes tous là à nous lamenter autour du sort du club, mais je dis que personne n’aime la Jeanne d’Arc. En commençant par les sages jusqu’aux supporters. Parce que si nous aimons ce club, pourquoi ne pas discuter ouvertement de ce qu’il convient de faire pour sauver le club. Quand je suis rentré de l’Italie, je suis allé directement vers le staff (technique). Personne ne m’avait appelé parce que la Jeanne d’Arc était en train de descendre en Ligue 2. Je suis parti vers le staff pour essayer de donner un coup de pouce. Il y a aucun ancien joueur qui a eu la même réaction. Je savais alors que la Ja allait chuter. Si c’était à refaire, je le referais parce que, ce que la Vieille dame m’a donné, personne ne peut me le donner. Si je suis aujourd’hui connu un peu partout, ce n’est pas à cause de l’équipe nationale, mais c’est plutôt grâce à la Jeanne d’Arc. Donc, il fallait faire quelque chose, et moi j’ai fait ce que j’ai pu faire. »

©Lesoleil

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