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LES LIGNES DE TIDIANE KASSÉ

Pour un match pareil, nombre de ses collègues auraient eu une bombe à retardement entre les mains. Mais aucun tictac infernal, porteur de funestes lendemains, n’accompagne la marche de Giresse vers le Sénégal-Côte d’Ivoire du 16 novembre prochain. Cette rencontre qualificative pour le Mondial-2014 a vu sa charge explosive se désamorcer bien avant la mise à feu. Le sélectionneur national est un général qui va en guerre avec la compassion de tous. On lui souhaite le meilleur en sachant que le pire le guette.

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Depuis trois matches que les «Eléphants» mettent les «Lions» au pas, le suspense autour du rendez-vous de Casablanca ne tient plus qu’à l’énergie du désespoir. Avant même que d’avoir à descendre dans la fosse, les «Lions» apparaissent en effet comme des victimes expiatoires. Une défaite ne serait qu’une couche de peinture de plus sur un tableau déjà noir.

Le sentiment d’infériorité face aux Ivoiriens ayant fait son lit dans l’esprits du public sénégalais, un beau nul ou une modeste victoire suffirait à sauver l’honneur, freinant la spirale infernale qui dure depuis un an et fait que les «Lions» meurent en série, les uns après les autres, sous les pattes des «Eléphants»

Le 16 novembre prochain, Alain Giresse va devoir gérer des limites tout en essayant de voir jusqu’où pourraient s’ouvrir les horizons de l’exploit. Il peut le faire de manière sereine, n’étant point sur un siège éjectable, pas plus qu’il n’est sous une épée de Damoclès.

Le sélectionneur national n’a encore rien démontré à la tête des «Lions» depuis neuf mois, qui lui vaudrait l’ordre du mérite, mais ce n’est pas à l’échéance du 16 novembre 2013 que l’attendait la Fédération sénégalaise de football. Le président Augustin Senghor, malgré ses pénibles déceptions de fin de match et son amertume étalée à Conakry (contre l’Angola) comme à Abidjan, reste accroché aux termes de référence qui l’engagent avec Giresse. Et ils courent jusqu’à la qualification pour la Can-2015.

Avec cette assurance-vie qui le couvre de tout dégât collatéral face au désastre redouté à Casablanca, le sélectionneur national peut avoir l’audace du joueur de poker. Car quand on vous demande un miracle, tous les coups sont permis. Même les coups de folie. Et pour atteindre les dimensions de l’impossible, il faut savoir parfois sortir de schémas préétablis et des cadres figés.

Ses convictions n’ayant jamais permis d’asseoir des certitudes qualitatives dans le jeu des «Lions», il serait heureux de savoir si Giresse peut se renouveler dans des circonstances où les conditions de pression sont tellement basses qu’il peut évoluer avec la légèreté du funambule, son audace, sa fantaisie, son art de la prise de risque et son sens de l’équilibre qui préserve de la chute fatale.

Jamais un match n’a été aussi important pour Giresse depuis son arrivée à la tête des «Lions», mais jamais les exigences qui pèsent sur lui n’ont été aussi légères à porter. C’est une belle occasion pour enfin jouer et chercher l’exploit dans l’art et la manière.

Le premier indicateur se trouve dans la liste des 23 publiée ce mercredi, mais il n’est pas d’un ordre de grandeur supérieur. Moins que dans le choix des hommes, c’est dans la philosophie de jeu, l’animation et la cohérence d’ensemble que l’équipe nationale déçoit.

Avec un bassin de sélection limité, la «liste des 23» obéit souvent, à deux ou trois éléments près, aux prévisions établies par les analystes. Mais, si minimes soient-elles, les nouvelles orientations que peut prendre cette liste seront être indicatives des tendances de Casablanca et d’au-delà.

A l’ultime étape du processus de qualification vers le Mondial, les «Lions» trainent des carences en termes de performances individuelles, d’approche créative et d’efficacité finale qui les ont suivies durant tout leur parcours. Des solutions décisives sont attendues. Au moins pour sauver l’honneur face aux Ivoiriens. A moins que ce ne soit pour réaliser ce miracle inespéré. Mais il le faut surtout pour que Giresse puisse continuer de mériter cette confiance placée en ses capacités. Convaincre enfin, même en ratant le Mondial.

 

Waasport

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