Youssouph Dabo, l’entraîneur de l’équipe nationale des moins de 20 ans, même conforté par une 3e qualification de suite de ses poulains pour la coupe d’Afrique de la catégorie, se trouve contraint de faire avec la pression d’un sacre final du Sénégal, véritable demande sociale.
Sur ses frêles épaules, reposent en effet tous les espoirs des supporters du football sénégalais pressés de garnir leur armoire à trophées désespérément vide.
“La coupe d’Afrique, la coupe d’Afrique”, semble être la seule revendication des amateurs du football sénégalais, à l’image de la famille Maheu demandant ’’Du pain, du pain’’, dans une mise en scène de l’écrivain français Emile Zola et de son roman Germinal consacré à la vie d’une famille ouvrière du 19-ème siècle.
Et puisque les choses tombent à pic sur le jeune technicien, Youssouph Dabo ne pouvait aucunement échapper à cette quête pressante d’une coupe continentale pour le football national.
Une occasion va se présenter avec la prochaine CAN de la catégorie (2-17 février) au Niger, où les U23 juniors sénégalais, sous l’ère de feu Karim Séga Diouf, avaient frôlé le sacre au tournoi de football des Jeux de la Francophonie en 2005, en s’inclinant (0-3) en finale contre les Eléphanteaux.
En dépit de son flegme très british, Dabo, technicien débarqué de la France après avoir joué et entraîné les petites catégories du Red Star, se sait très attendu.
D’abord pour avoir remplacé Joseph Koto qui avait réussi à placer les U20 sénégalais dans un cercle de respectabilité avec deux places de finaliste en 2015 et 2017.
Il y a aussi qu’il sait très bien que rien ne sera plus comme avant. S’il avance à qui veut l’entendre que “le plus important, c’est de savoir que les jeunes progressent de match en match”, les dirigeants du football et l’opinion publique n’ont d’yeux que pour le trophée continental.
Et l’objectif intermédiaire assigné par le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Augustin Senghor, à savoir au minimum les demi-finales synonymes de qualification à la Coupe du monde, ne peut diluer la quête de sacre.
D’ailleurs, ce dernier n’oublie de faire remarquer que le Sénégal attend de ses Juniors qu’ils fassent “autant ou mieux” que leurs prédécesseurs.
“Ce n’est pas une pression qu’on leur met mais on veut plutôt leur faire part de cette volonté de tous les Sénégalais de gagner enfin”, a ajouté le président de la FSF. Un appel qui “ne doit pas faire peur”, a réagi le jeune technicien, qui fait partie des entraîneurs qui montent dans le landerneau du football national et qui avait déjà fait montre d’un fort caractère lors de la CAN 2017.
Il avait en effet décidé d’aller rejoindre l’équipe des observateurs du sélectionneur national Aliou Cissé, contre l’avis de la direction de son club, Guédiawaye FC, invoquant une “cause nationale”.
Les dirigeants de Guédiawaye FC, après avoir donné leur accord de principe, avaient ensuite tergiversé. Dabo a été certes limogé, mais n’a pas mis longtemps à chômer, étant considéré “comme de la bonne graine qui donne l’espoir à de futures bonnes récoltes”.
Parti pour une année sabbatique en 2017, il n’a pas attendu longtemps avant de se voir solliciter par le Stade de Mbour, venu mettre fin à sa période de réflexion quelques semaines plus tard.
Cerise sur le gâteau, la direction de la sélection des moins de 20 ans lui sera proposée quelques mois plus tard, lui qui commençait à peine à se faire connaître dans le club des techniciens.
Hormis une première rencontre compliquée contre l’Egypte (0-0 et 0-0 qualification aux tirs au but), dans le cadre des éliminatoires de l’édition 2019 de la CAN U20, tout semble depuis aller comme dans le meilleur du monde pour lui.
Il y a ensuite le Congo, sorti sans grande peine (2-2 et 4-1) par les Juniors sénégalais, le jeune technicien menant toutefois sa barque sans triomphalisme mais avec les idées très claires.
S’il a brillamment remporté le tournoi de la zone ouest B à Lomé (Togo), il a appelé tout le monde à mettre balle à terre, en perspective de la CAN U20 de la catégorie, une compétition aux enjeux autrement plus importants.
“Donc, du moment que nous travaillons bien, nous n’avons pas le droit d’avoir peur. Nous allons continuer à avancer”, a-t-il dit, ce qui veut dire : “Réussir la mission”, traduit son capitaine Ousseynou Cavin Diagne.