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À la suite de la propagation du virus Ebola, le gouvernement marocain pourrait renoncer à l’organisation de la CAN 2015. Cette compétition doit-elle être reportée ?
Vous pensez qu’un report ou une annulation de la CAN règlera le problème d’Ebola ? Si tel est le cas, c’est très bien ! La CAN va réunir seize équipes, c’est un événement populaire qui va brasser des milliers de gens, mais il y a d’autres événements qui concernent autant de personnes. L’annulation de la CAN n’endiguera pas le virus. Tous les mouvements de population devraient alors être stoppés pour limiter les risques. Mais est-ce une nécessité ?
Mais comprenez-vous les inquiétudes du gouvernement marocain ?
On peut les comprendre. Mais aujourd’hui, les avions de Conakry et de Sierra Leone atterrissent à Casablanca, et l’on maîtrise l’arrivée des passagers. Sur une CAN, ce ne serait plus possible ? On est interpellé, fatalement, par les risques, mais difficile de savoir si cette mesure est nécessaire.
Vous, personnellement, craignez-vous de disputer cette compétition ?
Le foyer du virus n’est pas au Maroc, mais bien au sud de l’Afrique subsaharienne. Le Maroc veut se préserver des populations émanant de ces régions. A mon niveau, aller au Maroc ne me pose pas de problème. On fait une fixation sur la CAN, mais tout un ensemble de mesures devraient être prises. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) devrait donner des instructions plus précises. Le Maroc préfère renoncer, pour éviter tout mouvement de foule, mais que va-t-il se passer après ? Je ne sais pas ce que décidera la Confédération africaine de football [CAF, dont le Comité exécutif se réunira le 2 novembre, NDLR].
On parle d’une compétition déplacée en Afrique du Sud, ou au Ghana.
Mais on sera confronté aux mêmes problèmes. Les populations vont se déplacer, à nouveau. Rien ne changera. Le fond de la question reste identique. Faut-il dans ce cas faire la CAN ? Faut-il organiser des compétitions de basket ou de judo ? Je suis un sportif, je ne maîtrise rien.
Vos internationaux sénégalais vous posent-ils des questions ? Ils tentent de se qualifier pour une compétition encore incertaine.
On ne rentre pas dans ce débat. On se prépare pour nos matchs de qualification, on vit l’instant présent, on tente d’obtenir des résultats. A notre niveau, on ne peut tout traiter. C’est impossible.
Les clubs français et européens ont récemment fait part de leur inquiétude. Ils risquent d’être de plus en plus réticents à libérer leurs joueurs…
C’est vrai. Mais ça dépasse le cadre du foot. Bientôt, les étudiants issus des pays contaminés ne pourront plus se déplacer en Europe ou en Afrique du Nord et toutes les autres compétitions sportives pourraient être annulées. On va isoler les pays concernés. Mais si ce sont des mesures à prendre pour endiguer l’épidémie, pourquoi pas…
Ne craignez-vous pas que les clubs européens ne profitent de cette situation pour conserver leurs joueurs ?
Ils peuvent, effectivement, évoquer des risques de santé. Mais les pays concernés par le virus ne jouent pas à domicile (lors des éliminatoires de la CAN 2015) pour éviter d’être en contact avec la population locale. Malheureusement, c’est vrai, des personnels soignants, en contact avec des malades, ont été touchés. Mais il ne faut pas rentrer dans une psychose et garder de la raison.
Vous a-t-on contacté, en France, concernant les mesures que vous prenez avec vos joueurs ?
Des clubs se sont manifestés. Ils souhaitent connaître nos mesures de précaution. On limite tous contacts physiques avec la population. Lors des entraînements, les supporteurs restent derrière le terrain et on les salue à distance. On évite de se serrer la main, on se lave les mains régulièrement. Mon quotidien a changé. On ne peut plus se comporter de la même façon avec la présence de ce virus.