Publicité
Candidat au poste de sélectionneur national du Sénégal vacant depuis le limogeage de Joseph Koto au lendemain de l’élimination du Sénégal de la CAN-2013, Alain Giresse veut rénover. L’ancien milieu de terrain de l’équipe de France entend rassembler toutes les forces permettant aux Lions de retrouver le haut niveau.

Entretien

Publicité

Giresse, il paraît que vous êtes proche de l’équipe du Sénégal ?

(Rires). Ah, écoutez, je ne sais pas.

Ça vous tente ?

Bien sûr. Ça, je l’ai déjà dit. Parce que je connais bien l’Afrique, je connais le Sénégal et la mentalité des joueurs. Comme j’ai déjà travaillé au Gabon et au Mali, je sais qu’il y a quelque chose d’intéressant à faire au Sénégal. Je sais qu’est-ce que ça veut dire être
sélectionneur en Afrique. Avec le Sénégal, j’aimerais vraiment être un entraîneur réactif.

Qu’avez-vous retenu de vos passages à la tête des Panthères du Gabon et des Aigles du Mali ?

J’ai vécu deux aventures extraordinaires au Gabon et au Mali. Quand j’arrivais au Gabon, il n’y avait aucune organisation de l’équipe nationale même si elle existait. Puis
on a réussi à construire une équipe qui a failli se qualifier en Coupe du
monde et à la CAN. Cela a été une belle réussite. On est passé de la 106ème à la 30ème place mondiale. Au Gabon, on m’a laissé le temps. J’ai travaillé sur quatre ans, c’est-à-dire
deux fois deux ans de contrat. Au Mali, c’était différent, il fallait remettre en place une équipe qui a subi une mauvaise CAN 2010. On a aussi bien réussi parce qu’on est arrivé 3ème de
la dernière CAN.
Vous parlez de réussite, pourtant vous n’avez gagné aucun trophée continental avec ces deux pays ?

(Rires). Oui, mais ça dépend qui vous êtes. Il y a des pays qui ne vont jamais gagner la CAN, encore moins une Coupe du monde. Mais, il y a des pays qui se glorifient après avoir réussi de bonnes performances. Si vous êtes Paris Saint-Germain et que vous n’êtes pas champion de France, là il y a un problème. Et si vous êtes Ajaccio et que vous êtes qualifié à ce niveau, là vous êtes content. Le résultat dépend des possibilités de l’équipe. Aujourd’hui, si vous dites que le résultat probant, c’est de gagner, il y a des réalités qui font que toutes les équipes ou toutes les sélections ne pourront pas gagner les grandes compétitions. Il y a des pays malheureusement qui ne gagneront jamais la Coupe du monde comme
d’autres ne gagneront jamais la Coupe d’Afrique des Nations.

Êtes-vous en contact avec les dirigeants sénégalais ?

Non, pas pour le moment. J’attends encore.

Et comment avez-vous déposé votre candidature ?

Par la voix normale. J’ai déposé ma candidature comme tous les autres
candidats.

Les «sorciers blancs», comme on a l’habitude d’appeler les techniciens européens en Afrique, n’ont-ils pas perdu leur crédibilité…

(Il coupe) On n’est pas des sorciers. Dans le football, il n’y a pas de sorcellerie ou de baguette magique. En Afrique, on parle souvent de sorcellerie mais si c’était le cas, les
pays qui ont les meilleurs sorciers seraient champions du monde. En football, la seule chose qui compte, c’est le travail, l’organisation, des joueurs avec du talent. Sans tout cela,
on ne peut rien gagner, on ne peut pas y arriver.
Aujourd’hui, la fédération est en désaccord avec la tutelle. Ne pensez-vous pas que cela peut bloquer votre éventuelle arrivée ?

Écoutez, on prend tout en considération. Mais, je ne peux pas vous parler d’une situation que je ne maîtrise pas. Il y a certains détails qui ne sont pas en ma possession. Il y a
toujours des situations après des performances ratées comme c’était le cas du Sénégal à la CAN-2010. Si tout le monde passe son temps à dire des choses, on ne peut pas atteindre son objectif. Après le désordre de la dernière CAN, il faut se remobiliser. Ça nous permet d’obtenir ce que tout le monde souhaitait. Au retour de la dernière CAN, tout le peuple malien
était content, c’était la joie.
Vous semblez vous glorifier de votre passage au Mali. Pourtant làbas, on vous a reproché de n’avoir pas été coopératif et d’avoir imposé un staff étranger ?

Je n’ai rien imposé du tout. Il y avait des conditions d’organisation de travail. On m’a dit qu’on allait renouveler mon contrat, mais ils disent qu’il y avait trop de choses qui n’avaient pas fonctionné à la CAN. Je dis heureusement qu’on a fini troisième. On a voulu changer le
mode de fonctionnement. C’est en ce sens que j’ai donné ma liste de propositions pour la faire valider par la fédération. Non, je n’ai rien imposé. Quand j’arrivais, ce n’est pas
moi qui ai décidé. Il ne faut pas renverser les rôles. Il ne faut pas que les gens racontent n’importe quoi. Ce n’est pas moi qui ai demandé qu’on mette en place le staff européen. La
preuve, au Gabon, je n’avais pas de staff européen et pourtant j’ai bien travaillé.

Si on vous confie le Sénégal, allez-vous venir avec votre propre staff ou travailler avec des techniciens locaux ?

Encore une fois, ce n’est pas moi qui décide. Pourquoi ils veulent toujours retourner le problème par rapport à des situations ? Si la fédération juge nécessaire que le staff médical local est bon, avec des préparateurs physiques et des techniciens compétents sont en place et qu’on peut travailler avec eux. Il n’y a pas de problème. Au Mali, on m’a demandé
de mettre en place un staff européen. C’est ce que j’ai fait. Les précisions sont importantes et il faut arrêter de raconter n’importe quoi.
Le Sénégal vient de prendre un sacré coup après son élimination de la CAN-2013. Sur quoi Giresse se baserait-il pour remobiliser la troupe ?

Il faut mettre en place une équipe du moment et de l’avenir. Savoir où sont les joueurs, qu’est-ce qu’ils font dans leurs clubs, quel est leur état de forme. Il ne faut mettre personne de côté. Et ce qui est impressionnant, c’est qu’en Afrique, on ne veut pas faire vieillir les joueurs. On veut toujours se focaliser sur le passé. Il faut arrêter de vivre avec le passé. C’est vrai qu’on s’appuie sur le passé, on le respecte, mais les réalités d’aujourd’hui ne se
font pas avec les joueurs du passé. Maintenant, personne ne sera exclu, mais il faut voir dans quel état de forme et de performances sont les joueurs.

Ne pensez-vous pas que la concurrence risque d’être rude si on sait que vous êtes en
compétition avec des techniciens comme Hervé Renard, Claude Le Roy, Jacques Santini, Aliou Cissé…

Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? (Éclats de rire). J’imagine
que le Sénégal a eu des candidatures. Hervé Renard a du travail. Il est à la CAN avec la
Zambie. Si le Sénégal veut se qualifier pour la Coupe du monde 2014, je ne suis pas sûr qu’il attendra jusqu’à la fin de la CAN-2013 pour se trouver un sélectionneur. C’est la
même chose pour Claude Le Roy qui est à la tête de la RDC. Son équipe joue la Coupe d’Afrique. Vont-ils abandonner ou renoncer à la CAN pour l’équipe du Sénégal ? Mais
attendez, il faut être réaliste. Il ne faut pas prendre toutes les choses au pied de la lettre. Si on doit évoquer tout cela, il faut être sérieux et évoquer la situation des entraîneurs en lice.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici