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Coach, l’Equipe nationale va bientôt reprendre du service, avec la suite des éliminatoires de la Can 2017. Comment vous appréhendez la double confrontation face au Niger, au mois de mars ?

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Non, il n’y a pas d’appréhension. C’est une continuité par rapport à ce que nous sommes en train de faire depuis pratiquement un an. C’est un match qui nous permettra de continuer sur notre lancée, de faire encore un pas vers cette Coupe d’Afrique en 2017. L’important est de bien préparer ce match et vraiment, je prie Dieu qu’il n’arrive rien à mes joueurs, qu’ils soient en bonne santé. Chaque week-end, je suis un peu sur les nerfs et stressé, parce que je me demande comment ils vont s’en sortir.

Vous espérez donc boucler la qualification le plus tôt possible ?

Ce n’est pas une course contre la montre, l’important pour nous, c’est la qualification. Que ce soit contre le Niger ou la Namibie à la dernière journée, le Sénégal doit être effectivement à la Can 2017 et nous travaillons tous : le staff, les joueurs, la Fédération, le ministère des Sports, à faire en sorte que cette équipe soit au rendez-vous continental en 2017.

Plusieurs de vos joueurs ont animé le dernier mercato hivernal en Europe. Les noms de Sadio Mané et Cheikh Ndoye, par exemple ont été évoqués, à plusieurs reprises, même s’ils n’ont finalement pas bougé. Pensez-vous qu’ils ont bien fait de rester avec leurs clubs ?

Par expérience, ce que je peux dire de ces garçons avec qui j’ai eu à parler de ce sujet – parce que c’est important pour un sélectionneur de savoir où vont les garçons -, c’est que j’ai ce vécu et cette expérience d’avoir joué dans ce championnat anglais et je peux les aider, pas seulement en tant que coach, mais en tant que grand frère. C’est important de savoir où on va et quand il faut y aller. Partir dans un championnat en janvier, le temps de s’adapter et tout, c’est super compliqué. Le conseil que je peux donner aux garçons est de partir au bon moment, c’est-à-dire pendant l’été où on a le temps de se préparer, d’être avec le groupe. Mais quand on part en décembre, c’est à quitte ou double. Soit on s’intègre rapidement et ce n’est pas facile, soit ça ne se passe pas très bien et ça devient cauchemardesque. Je pense que pour Sadio, c’est bien qu’il soit resté à Southampton. Je l’ai encouragé à y rester, en tout cas, jusqu’au mois de juin, de bien terminer le championnat et on verra ce qui se passera et se décidera. Pour Cheikh (Ndoye) aussi, c’est la même chose. Il vient à peine d’arriver à Angers, dont pourquoi partir ? Il fait de très bonnes choses. Peut-être que l’année prochaine, Angers jouera la Ligue des champions. Qui sait ! Il est très performant en ce moment et je ne vois pas pourquoi il serait pressé de partir. On sait toujours ce qu’on quitte, mais jamais ce qu’on va trouver.

Pourtant, beaucoup de gens pensent que Cheikh Ndoye a le profil idéal pour réussir en Angleterre…

Bien sûr que Cheikh peut réussir en Angleterre. Je me rappelle, quand je l’ai amené (Ndlr : en Equipe nationale A’, lors d’un match amical Colombie-Sénégal 2-2, le 31 mai 2014), beaucoup de gens m’ont critiqué, se demandant où j’ai été chercher ce joueur. Je suis surpris, depuis trois ou quatre mois maintenant, que tout le monde loue ses qualités et dit que c’est un bon joueur. Mais nous, nous savions depuis longtemps que Cheikh Ndoye est un bon joueur.

Certains ne comprennent pas non plus qu’il ne joue pas souvent en Equipe nationale…

Oui, la concurrence est rude en Equipe nationale. Mais comme je dis, il y a de la place pour tout le monde. Tout le monde peut jouer. La concurrence est là et va rester. Actuellement, il y a effectivement un duo Cheikhou Kouyaté – Gana Guèye, je ne vous le cache pas, qui me satisfait et fait de bonnes choses. Cela ne veut pas dire que c’est fermé pour les autres. Il y a Pape Alioune Ndiaye qui est là, Momo Diamé, (Younouss) Sankaré, Pape Kouly Diop qui fait aussi de bonnes choses avec l’Espanyol de Barcelone en Liga. Donc, dans ce secteur de l’Equipe nationale du Sénégal, il y a énormément de concurrence. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut faire n’importe quoi. Il faut changer, mais pas n’importe comment.

La colonie sénégalaise en Angleterre s’est agrandie, avec l’arrivée de Baye Oumar Niasse à Everton. Qu’en pensez-vous ?

C’est bien pour lui et pour l’Equipe nationale du Sénégal. Pour moi, les grands joueurs jouent dans de grands championnats. Quand un garçon comme Baye Oumar Niasse joue en Angleterre, cela veut dire qu’il a une marge de progression qui se concrétise, avec sa signature à Everton. Je trouve ça très bien. Cela permet à des garçons comme lui d’apporter leur expérience en sélection. C’est ce dont on a besoin. On a besoin que tous nos garçons jouent dans de grands championnats, de grands clubs, parce qu’ils vont nous apporter cette expérience en Equipe nationale du Sénégal.

Il y a Cheikhou Kouyaté qui marche sur l’eau avec West Ham depuis 2 ans. Que pensez-vous de ses performances ? Etes-vous surpris de le voir à ce niveau ?

Pas du tout ! C’est un garçon que je connais et qui est d’une humilité incroyable. Je crois que la qualité d’un footballeur est de connaître ses qualités et de faire ce qu’il sait faire. Et Cheikhou ne se prend pas pour quelqu’un d’autre. Il sait ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter. Ce qui ne m’étonne pas, parce que c’est un championnat qui lui va très bien, athlétique et physique. C’est aussi un garçon très intelligent dans le jeu, ce qui fait qu’il est toujours au rendez-vous dans les zones importantes. Je suis vraiment content de sa régularité depuis deux ans dans ce championnat.

C’est pour cela que vous lui avez confié le brassard de capitaine en Equipe nationale ?

Non ! Pour le brassard, aujourd’hui, c’est Cheikhou Kouyaté, mais en réalité, j’aimerais avoir onze capitaines. C’est beaucoup plus facile quand vous avez onze capitaines, c’est-à-dire des joueurs capables de prendre leurs responsabilités, d’être des leaders. Souvent, on entend des gens dire : «Oui, il nous faut un, deux leaders.» Moi, je dis qu’il nous faudrait onze leaders.

Il y a Mame Biram Diouf qui ne joue plus beaucoup en club, alors qu’il est justement l’un des leaders de votre sélection. Comment jugez-vous sa situation en club ?

Oui, mais si vous l’avez bien suivi, il a joué les deux derniers matches (Ndlr : à la faveur de la blessure d’Arnautovic, Mame Biram a retrouvé du temps de jeu, en jouant 90 minutes face à Everton et face à Bournemouth, ce qui ne lui était plus arrivé depuis le mois d’octobre, face à Aston Villa). Il y a la concurrence en Equipe nationale comme en club. Mame Biram est en concurrence avec un joueur qui fait de très grandes choses. Quand vous êtes entraîneur et que vous avez un attaquant qui vous plante des buts importants face à de grandes équipes… Cela se passe bien pour eux. Donc, c’est un choix que le coach a fait et la seule chose que Mame Biram peut faire, c’est de respecter le choix du coach et attendre son heure. Mais ce qui me satisfait un peu, c’est qu’il joue depuis deux matches, cela veut dire qu’il ne manquera pas de compétition. Et puis, on le connaît et on connaît ses qualités. On sait qu’il est capable de marquer des buts, de renverser un match et c’est toujours important pour un coach d’avoir un joueur comme lui dans son équipe.

Êtes-vous inquiet pour lui ?

Non, je ne suis pas inquiet du tout, parce que je connais ses qualités. Je sais que cette fin de saison va être compliquée et comme pour d’autres Sénégalais. Mais c’est dans ces moments que l’Equipe nationale doit être auprès des joueurs. Il y a aussi un garçon comme Lamine Sané qui vit des moments difficiles à Bordeaux (Ndlr : mis à pied pour une bagarre dans le vestiaire avec un coéquipier). Donc, notre objectif, en tant que sélectionneur, n’est pas d’abandonner nos joueurs. Ce n’est pas non plus parce qu’ils traversent des moments difficiles qu’il faut les laisser tomber. Non ! Notre rôle est d’être derrière nos joueurs dans les moments difficiles.

Un autre qui traversait des moments difficiles, depuis le début de la saison, Papy Djilobodji, a recommencé à jouer depuis son arrivée au Werder Brême, où il a marqué son premier but ce week-end. Que pensez-vous de ses performances ?

C’est très bien. Comme je dis, un footballeur doit jouer. Je constate qu’il a repris le chemin des terrains. C’est tant mieux pour lui et je vais suivre ça de près.

Vous pensez-vous qu’il a fait un bon choix avec ce prêt en Allemagne ?

Le choix, c’est surtout de jouer. Et dès que tu es dans un club où tu joues, cela veut dire que tu as fait un bon choix, parce que le footballeur doit jouer. Un footballeur qui ne joue pas ne fait pas bien son métier.

Cela signifie-t-il qu’il a des chances de revenir en Equipe nationale ?

Ça ne dépendra que de lui, pas de moi.

Vous n’écartez pas la possibilité de le rappeler pour la double confrontation face au Niger ?

Je vous l’ai dit et je le répète. Je pense que je répéterai tout le temps que l’Equipe nationale n’est fermée à personne. L’Equipe nationale, c’est plus de 700 – 800 joueurs. C’est pour cela que quand certains me disent : «Non, il faut fermer, constituer un noyau de performance», je leur dis : «Non». Vous avez vu tout ce qui s’est passé entre novembre et mars : des blessures, des changements de joueurs… Si j’avais fermé les portes de la sélection, que ferai-je aujourd’hui ? L’Equipe nationale n’est fermée à personne. Mais c’est vrai qu’à un moment donné, je ferai mes choix définitivement.

Mais Djilobodji a-t-il tout de même de réelles chances, puisqu’il a recommencé à jouer ?

Djilobodji a de réelles chances, comme Bayal Sall en a. Bayal Sall fait de très, très bonnes choses. C’est un garçon dont on ne parle pas, mais moi, je ne lui ferme pas la porte de l’Equipe nationale. Je le vois jouer, progresser de jour en jour. Il est de plus en plus sûr de son métier. Je peux dire que Djilobodji est sur le même pied que Bayal Sall. Ce sont des choix qu’il faut faire, à un moment donné.

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