Lors du débat à bâtons rompus avec la presse sportive hier à la Maison de la presse, Aliou Cissé, invité du Club de la presse de l’ANPS, a répondu sans détours à toutes les questions. Même celles qui fâchent. Les binationaux, son staff, la supervision des adversaires, son système de jeu…, Aliou Cissé s’est presque dévoilé. Morceaux choisis débat sur les binationaux
«il faut faire très attention en ce qui concerne le débat sur les binationaux. il ne faut pas dépasser la ligne. en tant que sélectionneur, je ne regarde que les meilleurs sénégalais où qu’ils puissent être. il y a des difficultés avec certains binationaux, je suis entré en contact avec pas mal de joueurs. mais, mettre le maillot national n’est pas une rigolade, il faut donner du temps à ces garçons- là. mais évidemment, on ne leur laissera pas toute la vie à réfléchir parce qu’il y a des échéances importantes qui nous attendent. il faut éviter ce genre de débat. nous sommes fils du pays, et on doit accepter les autres avec leur identité et leur culture. C’est un débat un peu dangereux qu’il faut éviter. Pour moi, il n’y a pas de binationaux ou de locaux. il n’y a pas deux équipes du sénégal. il n’y a qu’une seule équipe nationale. maintenant si vous, vous pensez qu’il y a problème, moi je dis autre chose. Dans tout groupe, il y a des affinités. même dans la société, ça se passe ainsi. il faut arrêter d’en faire un débat national. et moi des garçons que j’ai rencontrés, j’ai vu qu’ils ont envie de gagner ensemble. s’il y a des gens qui veulent parler de bi-nationalité, moi je ne suis pas dedans. maintenant, il y a le vivre ensemble et le savoir vivre. et entre les deux, il y a toute une mer à boire.
Facteur temps et discipline de groupe
Ça c’est par rapport à mon diagnostic depuis que je suis entraîneur. pour constituer une équipe compétitive, il n’y a pas de secret, et une équipe ne se décrète pas. il est clair que le sénégal a de très bons joueurs, mais au-delà, c’est d’avoir un meilleur onze du sénégal et pour arriver, il faut impérativement le temps et je suis sûr que la fsf est dans cette dynamique. le passé nous a montré que travailler dans la précipitation ne nous a jamais réussis. on a besoin de la discipline dans le groupe. ne pas être sélectionné peut se comprendre parce qu’il y a la frustration, mais le pacte qu’on a signé avec les joueurs, c’est de savoir raison garder à toutes les circonstances. la majeure partie des joueurs est jeune et communiquer n’est pas facile. parfois ils dérapent. Nous sommes en train de travailler à l’interne et il y a un règlement intérieur qui sera signé prochainement.
Matchs amicaux de juin
Avec le Dtn et le président de la fsf, on travaille dessus pour la meilleure option. on va mettre quelque chose en place en fonction de la fin des championnats. mais aussi, il faut signaler qu’on n’est pas forcément obligé de jouer des matchs amicaux. aujourd’hui, on parle de Dakar pour abriter un math amical, mais ça peut être ailleurs. C’est important que cette équipe-là évolue ici pour avoir une osmose avec le public. maintenant, il faut se poser la question de savoir ce qu’on peut gagner en jouant ce match. nous avons des joueurs blessés tels que salif sané. l’inquiétude d’un entraîneur, c’est de jouer comme ça. les joueurs ont beaucoup compéti et ce qui est important pour nous, c’est de les gérer.
Relation avec la presse
Je pense que nous sommes tous responsables. aujourd’hui, je ne veux pas venir pour me mettre à dos la presse ou pour faire des combats avec elle. mais, respectons-nous. l’équipe nationale n’est pas un marché, mais ce n’est pas non plus un bunker. il y a stephan Keshi qui disait qu’on n’a pas besoin de superviser ou de visionner une équipe comme le sénégal, il faut juste acheter les journaux pour voir tous les aspects qui y sont développés. mais encore une fois, cette équipe n’appartient pas à aliou Cissé. la presse sénégalaise est pertinente et parfois on apprend de ce que vous dites. mettez-vous à la place d’un entraîneur. on sera amené à travailler ensemble, mais je ne peux pas tout dire au risque de mettre en danger mon équipe.
Système de jeu
Je le dis et le répète, vu les qualités de nos joueurs, nous devrons jouer mieux que ça. le sénégal doit maîtriser le ballon et doit être dans la conservation. Et pour mettre en place cette cohésion, il faut du temps. Concernant l’équipe nationale du ghana, il y a une philosophie qui reste un facteur non négligeable, parce que c’est une équipe qui joue ensemble depuis six ans. elle a récemment joué une Coupe du monde. quant au sénégal, le groupe change au fil du temps. la qualité est là, ça peut aller très vite comme ça peut prendre du temps. Je n’ai jamais dit que je j’étais figé sur quoi que ce soit. Ce qui est important, ce sont les joueurs que j’ai à ma disposition et comment ils peuvent s’adapter. on peut jouer en 4-4- 2, en 4-3-2-1 etc. tout dépend du contexte.
Le portier inamovible
C’est important de remettre les choses en place. Coundoul est un garçon qui est là et qui s’est toujours bien comporté. mais, il y a d’autres gardiens qui sont là. et comme je l’ai dit, tous ces garçons sont des compétiteurs et ils ont l’habitude de la concurrence. travailler pour avoir une place fait partie de la vie d’un sportif. abdoulaye Diallo a de la qualité, il est titulaire indiscutable au Havre. et il a montré qu’il avait de l’envergue pour devenir un futur grand. mais, comme je vous le dis, rien n’est promis. C’est à lui de montrer qu’il a la confiance de tony sylva et du staff de façon générale. il y a une génération, il faut y ajouter un garçon comme Khadim ndiaye qui fait d’excellentes choses avec son club, en guinée.
Déficit au niveau des couloirs
Depuis quatre ans je suis sur place, je regarde le championnat et le jeu s’est beaucoup verticalisé. et sur ce terrain-là, je ne sais pas pourquoi on va créer des latéraux. on n’était pas dans la construction. C’est la mentalité qui doit changer. tout le monde veut être comme un el Hadji Diouf ou un roger mendy. même sur les côtés, il y a souvent des excentrés qui jouent le rôle de latéraux. Ce n’est pas spécifiquement pour le sénégal, c’est de façon générale. même dans le marché des transferts, on se rend compte qu’il y a un déficit à ce niveau.
Satisfactions des premiers matchs
iI y a des garçons qui ont marqué des points et quelqu’un comme moussa Konaté en est un avec son doublé face au ghana. mais, comme je l’ai dit juste après cette rencontre, il ne faut pas oublier non plus le travail de sape de Demba Bâ et mame Biram Diouf. il y en a d’autres aussi qui ont marqué des points tels que le gardien de but abdoulaye Diallo. et je trouve que sur le peu de choses qu’il a faites, il l’a fait bien. en un moment donné dans le match, les ghanéens ont été dangereux et Diallo est resté lucide face à la furie adverse.
Supervision des adversaires
Pour la supervision, on ne peut pas en parler dans la presse. De la même façon que nous observons nos adversaires, c’est de cette même façon que nos adversaires nous observent aussi. Il ne faut pas trop s’y attarder, on ne connaît pas grand-chose sur nos adversaires, mais personnellement, je connais le Burundi pour y être parti plusieurs fois. Il y a cette instabilité politique qui va leur donner beaucoup de force. pour la namibie, il y a le tournoi du CoCefa qui commence à partir du 17 mai. et on est en train avec le Dtn et la fsf de mettre en place un cadre pour s’y rendre. Contre le Burundi, on va continuer à travailler et à mettre en place une équipe compétitive. les joueurs évoluent depuis des années. Notre rôle, c’est de sortir le plus rapidement possible le meilleur onze sénégalais. il faut mettre en place la complémentarité. Le match contre le Burundi ne sera pas pris à la légère. Heureusement que le match amical contre le ghana m’a permis de savoir réellement ce qui nous attend face au Burundi. pour le niger, c’est un pays que nous connaissons bien. nous y avons récemment joué un match amical, le Dtn et moi (1-1, novembre 2012, ndlr).
Préparation des matchs
Pour la préparation, l’aspect mental est important. J’ai l’habitude de dire aux joueurs que venir jouer en afrique n’est pas facile, c’est pourquoi j’ai beaucoup d’admiration pour les grands joueurs comme george Weah, el Hadji Diouf, Jules Bocandé. ils étaient dans des conditions extraordinaires en europe, et ils n’hésitaient pas à venir évoluer dans des conditions «minables » en afrique. et pour y arriver, il faut être costaud. Les terrains sont loin des pelouses de stamford Bridge, l’arbitrage n’est pas toujours des meilleurs. Pour cela, j’ai besoin de garçons prêts à tous les niveaux. pas de garçons avec des états d’âme. Et pour cela, on sait comment y aller.