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Avec les éliminatoires du Mondial-2014, l’équipe du Sénégal a bouclé une session avec son nouvel entraîneur Alain Giresse. Dans cet entretien, Me Augustin Senghor, président de la FSF, revient sur le parcours des Lions et évoque d’autres questions brûlantes liées à la Tanière. Entretien

Président, quel bilan faites vous de l’année 2013 de l’équipe nationale A ?

Si on met en avant le handicap de jouer à l’extérieur pendant toute une année, c’est trop compliqué en termes de coût mais aussi sur le plan sportif. Ce n’est pas évident de jouer hors de chez soi. Malgré tout, l’équipe nationale a pu se qualifier au dernier tour qualificatif du Mondial 2014 et n’être sorti par un adversaire qui n’est plus à présenter. Sous cet angle-là, on peut avoir certes des raisons d’être satisfaits. On peut dire que l’équipe a gagné en maturité et en valeur collective. Mais il faut retenir la déception de ne s’être pas qualifiée parce que même face à la Côte d’Ivoire, on s’est rendu compte qu’il y avait de la place. Mais toutes les contraintes dont j’ai parlé tout à l’heure font qu’on n’a pas pu se qualifier pour la prochaine Coupe du monde. Mais, on a pu voir sur le plan mental la progression de nos joueurs. Aujourd’hui, on a eu la confirmation que nos joueurs sont très talentueux. Ils ont montré au niveau de l’état d’esprit et des valeurs qu’ils peuvent nous permettre de jouer les premiers rôles en Afrique dans le moyen terme. C’est-à-dire d’ici la prochaine CAN-2015. Le Sénégal a montré qu’il détient tous les moyens qui peuvent lui permettre de concurrencer à côté de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Nigeria.

Qu’est-ce qui motive la tournée européenne d’Alain Giresse ?

Par rapport aux motivations, Alain Giresse a un programme qu’il nous a soumis et qu’on a validé. Généralement, chaque entraîneur a ses méthodes. Il est important qu’il puisse maintenir le contact avec ses joueurs. On a terminé une campagne, on veut repartir dans quelques mois sur une autre campagne. Il me paraît logique qu’il puisse maintenir le contact avec les joueurs qui sont déjà en équipe nationale, mais aussi faire un travail de détection et de prospection. On a des joueurs un peu partout en Europe. Il y a des joueurs sénégalais qui sont éparpillés un peu partout et c’est normal qu’il ratisse large pour aller à leur rencontre. J’apprécie personnellement le travail d’Alain Giresse. Il ne compte pas ses efforts, il est toujours en plein travail et ne se contente pas seulement d’attendre les veilles de matchs pour sélectionner ses joueurs. Ça, c’est à saluer. Je pense qu’aller prendre langue avec certains joueurs ne signifie guère être en conflit avec eux parce que je ne pense pas qu’un sélectionneur puisse avoir des conflits de cette nature avec les joueurs. Mais aussi avoir des séances d’explications avec les joueurs qui en un moment donné ne sont pas sélectionnés est une bonne chose.

Il semblerait que, personnellement, vous avez eu des heurts avec Demba Bâ en regroupement. Qu’en est-il ?

Ce qu’il faut savoir, aujourd’hui, c’est que nous avons une équipe nationale avec un nombre important de joueurs de qualité. Je pense que nous avons un égal de respect pour tous ces joueurs, que ça soit le staff technique ou l’encadrement administratif de la fédération. Même si nous savons ce que représentent des joueurs au niveau de leur profil, de leur palmarès des clubs où ils évoluent, nous gérons un groupe. Cela suppose avoir un égal respect pour tout le monde. Pour ce qui concerne le terrain, seul l’entraîneur est responsable de ses choix. Il ne faudrait pas qu’on aille jusqu’à penser que, quand un joueur n’est pas convoqué, l’entraîneur ou la Fédération lui a manqué de respect. À chaque fois que quelqu’un est convoqué, c’est au détriment d’un autre. Dans les grands clubs européens, on voit des stars restées sur le banc de touche pour des raisons ou pour d’autres. Mais ça relève du domaine du terrain. Ce qu’il faut savoir sur l’année 2013 et jusqu’à ce jour, aucun joueur n’a fait l’objet d’une sanction de la part de la fédération. Je dis bien aucun joueur. C’est important de le préciser parce qu’à chaque fois que l’équipe fédérale a cru avoir pris des mesures, que ça soit dans le cadre du match qui a failli avorter au Niger ou dans le cadre des mesures disciplinaires à l’encontre des joueurs, la Fédération n’a jamais eu peur de se prononcer dessus. Si nous avions pris la mesure de sanctionner un joueur comme Demba Bâ, ça se saurait. Si c’était le cas, ce serait porté par le Comité exécutif et assumé par la fédération. Donc, il n’y a jamais eu une quelconque sanction. Maintenant, il est vrai qu’il peut arriver lors des regroupements qu’il ait des échanges lors des réunions entre les joueurs et le staff, il peut y avoir des échanges, mais ça ne va pas plus loin. Autant un joueur qui est porte parole des joueurs peut venir s’expliquer avec la fédération et avec l’encadrement technique en y mettant les formes, autant, nous aussi, on a le droit de leur expliquer ce qu’il faut pour la bonne marche du groupe. Et évidemment, une ou deux fois, il y a eu des échanges entre Demba Bâ et moi-même lors d’une discussion. Mais ce n’est pas allé plus loin. Je pense qu’il est important que chacun reste dans son rôle. Aujourd’hui, on doit à la vérité de dire qu’au plan du comportement, on a une équipe irréprochable. Il n’y a aucun conflit entre un joueur et l’équipe fédérale. Souvent je lis dans la presse des joueurs qui disent qu’on leur a manqué de respect, alors que ce sont eux qui, parfois, nous disent qu’ils ont pris du recul avec l’équipe nationale. Derrière, quand on les convoque ils sont revenus et quand ce n’est pas le cas, ils disent qu’on leur a manqué de respect. Aujourd’hui, si des joueurs ne jouent pas ce n’est ni la faute de l’entraîneur ni celle de la fédération,
mais de leurs concurrents directs.

Les éliminatoires de la CAN- 2015 pointent à l’horizon. Comment la fédération compte-t-elle s’y prendre avec un calendrier chargé ?

Vous venez de toucher du doigt une question très importante à nos yeux par rapport à la prochaine CAN. La forme qui a été retenue par la CAF, c’est-à-dire jouer les éliminatoires en trois mois avec des matchs rapprochés chaque mois. Avec des intervalles de 4 à 5 jours. Les équipes qui vont maîtriser deux aspects vont vraiment faire la différence, ce sont les équipes qui ont géré l’équation de la logistique et les moyens. Mais aussi l’équation du transport. Vous savez en Afrique, c’est compliqué. Si on doit jouer à Dakar le samedi et qu’un autre match nous attend à Gaborone (Botswana) quatre jours après, ça peut être un chemin de croix si on ne maîtrise pas l’équation du transport. Dans nos discussions avec la direction de la haute compétition et la tutelle, voir comment bénéficier de moyen de transport adéquat c’est-à-dire pour que chaque mois on puisse bénéficier de vol direct ou la mise à disposition d’un vol spécial ou de l’avion présidentiel. Si on veut faire une campagne similaire que celle de 2011 où on a démarré à Lubumbashi (RDC) dans d’excellentes conditions. On a boosté une qualification avant l’heure. Ça peut se jouer comme ça. Compte tenu de l’engagement de la tutelle à nos côtés, elle fera tout son mieux pour nous mettre dans d’excellentes conditions.

Ne pensez-vous pas qu’il est temps de siffler la fin de la récréation entre la FSF et El Hadji Diouf ?

Au niveau de la fédération, nous travaillons sur la base d’un projet dans lequel le terrain nous importe plus. Nous avons suffisamment perdu de temps dans les conjectures et dans des discussions inutiles. Jusqu’à aujourd’hui, au niveau de la fédération, le mot d’ordre, c’est de ne pas répondre à certaines attaques, au contraire, il faut être respectueux par rapport à certaines critiques. Pour autant qu’elles soient constructives et positives. Nul n’est parfait, nous essayons de donner de notre mieux pour bâtir un football fort avec tous les Sénégalais. Dans ce cadre-là, personne n’est exclu ; mais cela passe par beaucoup de rigueur. Nous ne pouvons promettre quoi que ce soit à qui ce soit quel que soit son passé sur la base de la complaisance. Très souvent, nous avons été interpellés pour mettre tel ou tel autre ancien football sur un tel poste. Aujourd’hui, tout l’enjeu des attaques que nous recevons vient de ça. Des personnes qui pensent qu’elles doivent bénéficier de privilèges ou davantage, mais nous nous pensons qu’on ne doit pas partir de ce principe-là. Nous devons travailler à profiler les personnes qui doivent intervenir. Aujourd’hui, on ne peut pas mettre plusieurs personnes à un seul poste. Nous nous concentrons sur nos objectifs. On n’a pas le temps de répondre à certaines attaques. Ça ne nous grandirait pas en tant que dirigeants de glisser sur ce terrain là. Ce que nous voulons, c’est au sortir de ce mandat là que les gens voient ce que nous avons réalisé pour notre football. Aujourd’hui, le football est ouvert à tout le monde. Pas exclusivement El Hadji Diouf et la génération 2002, j’insiste dessus. Nous avons des générations et des générations qui ont eu à rendre service à ce pays. Il faut certes rendre hommage à la génération 2002 pour ce qu’elle a fait mais aujourd’hui, il ne faut pas qu’on fasse une fixation sur le fait que ces personnes ont rendu service et que forcément on doit les caser à côté
de l’équipe nationale ou à la fédération. Certains d’entre eux sont en train de faire d’excellents travail au sein de la fédération, d’autres contribuent au développement du football. C’est ce que nous attendons et si dans ce cadre-là, nous pouvons y associer El Hadji Diouf ou quelqu’un d’autre, nous le ferons sans problème. Mais ça sera sur des bases claires et précises en répondant à des critères our développer notre football.

 

Stades

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