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Ainsi donc le Maroc aura donc franchi le Rubicon. Le Royaume chérifien sans le moindre respect pour ses pairs africains, veut tout simplement renoncer à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations en janvier prochain. A cause et par crainte de la propagation du virus d’Ébola.

Une telle outrecuidance est tout simplement inadmissible et relève certainement d’un souverain mépris à l’encontre de toute l’Afrique, de sa jeunesse, de ses sportifs. Rien de moins.

Sa requête auprès de la CAF est d’autant plus inopportune, qu’elle intervient à un moment où les fédérations et les États ont mobilisé des moyens considérables pour préparer les équipes et les lancer dans la course pour la qualification.

La troisième journée de cette compétition la plus populaire en Afrique est déjà entamée et a donné ses premiers résultats. Des tendances se dégagent en conséquence sur d’éventuelles qualifications pour la grande fête du football au Maroc. L’espoir de transcender cette débauche insensée de peur d’Ébola commençait à poindre à l’horizon.

Rien de ces espérances n’était assez fort pour ramollir la frayeur des Marocains. Cette décision frileuse démontre, encore une fois, le peu de considération que le Maroc accorde à l’Afrique qu’il considère plus comme un appendice qu’un corps digne de respect et de reconnaissance.

Personne ne nie au Royaume chérifien, le droit et même le devoir d’établir des cordons sanitaires pour circonscrire la pandémie. Ni l’obligation de protéger son peuple contre de possibles contagions. Mais à toute chose son temps et son opportunité.

Depuis le temps que sévit Ébola, le royaume chérifien avait toute la latitude de formuler sa requête aux instances internationales et africaines du football. D’exiger des garanties, fussent-elles draconiennes ! De donner au moins le temps à ces organisations de trouver un pays relais qui aurait suffisamment de temps et de moyens pour reprendre le flambeau. Mais rien de tout cela. Comme si une simple déclaration de presse pouvait remplacer la courtoisie,  la civilité et la diplomatie indispensables en pareille circonstance.

La courtoisie et la civilité justement nous soustraient à la tentation de simplement penser qu’il s’agit là d’un acte subjectif et discriminatoire. D’aucuns diraient avec une bien compréhensible amertume que l’attitude discourtoise du Maroc est dictée  par une arrière-pensée raciste. C’est parce que le foyer de l’Ébola réside en Afrique Noire que le Maroc veut franchir ce pas déshonorant.

Si chaque fois qu’une pandémie survient dans une partie du globe, on ‘y suspend les compétitions, alors quid du SIDA qui touche trente millions de personnes, en tue le dixième par an. Pour autant, les Américains sont-ils bannis du Maroc alors que le tourisme sexuel qu’ils y pratiquent est plus ravageur qu’Ébola ?

Pourquoi ne pas interdire, dans la foulée, toutes les conférences internationales, notamment celle sur le forum économique à Rabat la semaine prochaine. Et pourquoi, la Royaume Air Maroc poursuit-elle encore ses vols vers la Sierra Léone et la Guinée, touchées par la maladie ? Pourquoi ne fermerait-il pas ses ambassades dans ces pays africains, aux Etats-Unis et en Espagne ?

En réalité l’équipe marocaine est en reconstruction. Et le Maroc craint tout simplement de ne pas être à la hauteur du défi de la participation. Et ce, en dépit de la grande qualité et fonctionnalité de ses infrastructures sportives. Il appréhende surtout de ne pas avoir la même grandeur d’âme que le Brésil, grand pays de football, qui a perdu pour la seconde fois “sa” Coupe du monde dans la dignité.

Il faut espérer que la CAF ne suive pas le Maroc pour sauver l’esprit du sport tant prôné par la Baron de Coubertin dont le mantra, “l’essentiel est de participer”, reste d’une vivacité proverbiale.

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