Le Casa Sports s’en serait bien passé. La formation sudiste, qui vient à peine de subir une grave saignée dans ses rangs, est plongée dans une crise à tous les étages. La défaite de mercredi devant le Duc a été la pilule de trop pour les supporters et certains officiels.
C’est à se demander si le Casa Sports ne risque pas de connaître le même sort que la Jeanne d’Arc de Dakar, jadis maîtresse incontestée du football sénégalais et qui croupit actuellement dans le championnat amateur. Dans la zone sud, la peur d’un lendemain aussi sombre que celui de la « Vieille Dame » inquiète. Le revers devant le Duc, mercredi, pour le compte de la 4ème journée de Ligue 1, a révélé au grand jour un mal profond qui secoue le club de Ziguinchor depuis quelques semaines. Une guerre dont la principale victime n’est ni plus ni moins que l’équipe de football qui, sur le pan sportif, voit les vieux démons de la saison dernière resurgir. En 4 matches, elle ne totalise que 4 petits points. Pire, les joueurs d’Ibou Diarra restent sur 2 défaites consécutives en championnat. Celle de mercredi face aux « Etudiants » a eu le goût d’une pilule amère pour les supporters. La goutte d’eau de trop et ils l’ont démontré de la manière la plus ferme. Très remontés, ils s’en sont pris aux dirigeants du club qu’ils considèrent comme « les principaux responsables de cette situation ». « S’ils ne sont pas capables de diriger le club, ils n’ont qu’à céder la place à d’autres. Le club a besoin d’un changement, il faut que les gens se disent la vérité sinon cela ne peut pas marcher. Le Casa Sports est une grande équipe et ne peut donc pas se permettre certaines erreurs qui risquent de nous coûter très cher. Nous ne voulons pas subir le même sort que la Jeanne d’Arc », peste M. Diédhiou.
Une équipe décimée
Les mises en garde de ce supporter qui se réclame de la frange des « vrais Casaçais » sont révélatrices d’un certain malaise qui couve au sein du club sudiste. De plus en plus palpables, les dissensions ne cessent d’accentuer le désamour entre l’élite dirigeante et les inconditionnels de l’équipe excédés par la « gestion amateur » du club. « Ils savaient qu’ils allaient perdre des joueurs, alors pourquoi ne leur ont-ils pas cherché des remplaçants ? A quoi sert l’argent de la vente de ces joueurs ? », se sont emportés certains supporters, exaspérés par les déboires de l’équipe complètement décimée en l’espace d’une semaine.
« On savait qu’ils allaient partir mais quand ? C’est à ce niveau que se situait le problème. C’est évident que c’est délicat pour un entraîneur de perdre des joueurs à la veille d’un match », a de son côté déploré le coach. En plus des départs en fin de saison dernière de Christian Pascal Diatta et d’Abdoulaye Seck, transférés à Diambars, le Casa Sports devra continuer la saison sans Abdoulaye Diallo, Mame Saher Thioune et son capitaine Mamanding Kidiéra, trois cadres et piliers de la défense de l’équipe, actuelle racine du mal de l’effectif d’Ibou Diarra. « C’est une défense qu’on a montée en moins de deux jours. Donc, on comprend que la mayonnaise n’ait pas pris », a reconnu l’entraîneur après la défaite devant les universitaires. Tout un symbole. Le début de saison chaotique est, en fait, la conséquence directe de la « fuite des cerveaux » qui ont sérieusement fragilisé la formation ziguinchoroise. Une défense frileuse (6 buts encaissés en 4 matches dont 5 lors de ses deux dernières sorties), une attaque fébrile, c’est le nouveau visage du Casa Sports. « Vous n’avez pas une bonne défense et vous voulez gagner », l’ironie d’un dirigeant du club résume parfaitement la situation. Le coach a beau tenter de garder le sourire, sa mine grave trahit toute sa gêne. « Le Casa Sports a les hommes pour remplacer les joueurs partis. On est juste dans le creux de la vague, mais tout va rentrer dans l’ordre », assure Ibou Diarra. Une assurance que les résultats sont encore loin de justifier.
Lesoleil