Demba, quel commentaire faites-vous de la liste des joueurs devant prendre part aux deux derniers matchs du Sénégal ?
Je n’ai pas de commentaire particulier à faire. Le sélectionneur m’a appelé et m’a demandé comment évoluait ma cheville. Je lui ai dit que ça va très bien. Je suis arrivé à jouer et depuis mon retour de sélection, j’ai enchaîné des matchs sans aucun problème. Ma blessure a disparu à 100%. Mais, lui m’a dit que je devrais me reposer et m’occuper de ma cheville. Je dis que c’est bizarre parce que je suis en possession de tous mes moyens physiques et par conséquent, je suis valide et apte àjouer au football. Je pense que dans la vie, il faut dire la vérité quelles que soient les circonstances. Si Alain Giresse avait envie de me prendre, il me prendrait parce qu’il sait que ma cheville ne souffre d’aucune douleur. Je joue les matchs et c’est ce que je continue à faire ici. Je n’ai pas cherché à comprendre. Je lui ai dit OK et on a raccroché le téléphone.
Pour justifier ses choix, le coach dit que vous êtes en délicatesse avec votre cheville…
Quand je suis sur le terrain, je joue comme il le faut. Je ne connais pas un footballeur au monde qui n’a jamais eu de problème. Qu’il dise les vrais mobiles de ma non-sélection au lieu de dire des choses qui ne tiennent pa la route.
Là, vous faites un vrai procès au coach, non ?
Moi, je ne critique pas pour critiquer. J’aime l’équipe avant tout. J’aime mon pays. Et je pense que ça ne sert à rien de critiquer sans raison. Ça ne fait qu’envenimer les problèmes. Mais, vous, journaliste, vous savez très bien la carrière que j’ai menée jusqu’ici. Vous savez très bien que dans tous les championnats où je suis passé, j’ai marqué des buts. Mais vous savez aujourd’hui, au Sénégal, il y a un réel problème, c’est le cas des binationaux. Cette binationalité de certains joueurs refait surface tout le temps. Pourtant, à partir du moment où on a pris la décision de venir jouer pour le Sénégal, on est Sénégalais à part entière. Un jour, un journaliste m’a posé la question de savoir ce que ça me faisait de venir jouer pour le pays de mes parents. J’étais vraiment choqué. Je l’ai regardé dans les yeux et lui ai demandé si je n’étais pas Sénégalais moi ? Ce mal existe bien. Malheureusement il est caché. On ne le voit pas au grand jour, mais il existe. Pas particulièrement entre joueurs parce qu’entre nous, on s’entend très bien. On remet en question notre nationalité et cela dérange.
On a l’impression que c’est le management de l’équipe nationale qui vous dérange ?
En tout cas depuis que je suis en équipe nationale, que j’ai commencé à voir clairement les choses, le management a toujours été comme ça. Moi, depuis que je joue au football, j’essaie d’être meilleur que le joueur que j’ai été il y a dix ans. C’est ce que l’on appelle une nette progression. Et je pense que c’est comme ça que toutes les entités du football sénégalais doivent se comporter. Tout ce qui englobe l’équipe nationale du Sénégal que ce soit la Fédération et tout ce qui s’ensuit devait progresser avec le temps. Malheureusement, tel n’est pas le cas.
Quelle appréciation faites-vous de la méthode Giresse ?
Écoutez, en football seuls les résultats parlent. Pour l’instant, on est 2ème et si on reste à cette place là, on serait qualifié. Je ne sais pas comment il s’y prend avec les autres joueurs, mais en ce qui me concerne, je ne sens pas que je sois (il hésite). Je suis un joueur qui respecte ses valeurs et celles des autres. Je ne parle pas de Giresse de façon spécifique, mais de tout ce qui englobe l’équipe nationale. C’est vraiment dommage parce que je suis abattu par la décision du sélectionneur.
Avez-vous échangé avec des joueurs sur votre cas ?
Non, je n’en parle avec personne à l’exception de Moussa Sow. Lui, on est tout le temps ensemble.
Etes-vous toujours motivé à porter le maillot du Sénégal ?
Franchement oui. Je suis prêt à continuer à porter ce maillot du Sénégal. Après, nous sommes à la dernière sélection avant la Coupe d’Afrique. Je n’ai rien à prouver à qui que ce soit. Moi, j’avance et je continue mon travail, mais je n’accepterai pas d’être le bouc émissaire de qui que ce soit.
Votre avenir en équipe nationale n’est-il pas écrit en pointillés ?
Non. Ce n’est pas Alain Giresse qui décidera de mon sort en équipe nationale. Ce sont mes performances, mon expérience et tout ce que je peux apporter. Il (Giresse) a ses motifs. Après s’ils sont valables ou pas, je ne suis pas là pour les juger. Ce que je veux c’est qu’on se respecte et qu’on se dise les choses telles qu’elles sont. Je joue tous les trois jours les 90 minutes nécessaires pour un match de football.
Demain (ce jeudi), allez-vous prendre part au match de l’europa League qui mettra aux prises votre équipe et Partizan ?
Inch Allah, je serai là pour jouer avec mon équipe, comme je l’ai toujours fait depuis que je me suis engagé avec Besiktas.
Demba quelque chose ne s’est-il pas passé lors du dernier regroupement ?
Il ne s’est rien passé. J’étais là tranquille, comme d’habitude. Il n’y a eu aucun écart de conduite de ma part. Je suis resté comme j’ai toujours été en sélection.
Dans nos colonnes, Issa Cissokho un peu déploré la communication du coach…
Je ne sais pas trop la façon dont le sélectionneur communique avec les gens. Maintenant si Issa Cissokho fait des appréciations, c’est
parce qu’il l’a senti comme ça. Par contre en ce qui me concerne, tout est normal.
N’êtes-vous pas simplement victime de la concurrence au sein de l’attaque ?
Je ne sais pas. Mais comme je vous l’ai dit, je connais bien mes qualités et quand on fait appel à moi, on ne se trompe pas souvent. Aujourd’hui, je ne fais pas partie du groupe. Le coach dit qu’il m’a laissé à la maison pour que je me soigne. C’est son choix, mais moi je suis bien portant, Dieu merci.
Est-ce que vous n’êtes pas un joueur difficile à gérer ?
Si je considère qu’il y a quelque chose qui n’est pas juste, avant d’en parler avec l’entraîneur, j’en parle avec quelques cadres de l’équipe. Aujourd’hui, ma forte personnalité dérange. Quand on discute, j’impose le respect que ce soit avec le staff ou les dirigeants. C’est ma nature. On discute du programme. Mais, ce qui est bizarre et cocasse, c’est par exemple quand on était au Burkina Faso, l’été dernier (en mai 2014, ndlr), je prenais part à toutes les discussions entre joueurs, mais quand il s’agissait d’une discussion qui regroupait certains footballeurs et l’encadrement technique ou les fédéraux, j’étais complètement marginalisé. Ça c’est un manque de respect notoire.
Et pourquoi ça ?
Je ne sais pas. Pourtant, les gens ne le disent jamais. Après si je parle, on dit que Demba fait la forte tête. Non, Demba veut juste qu’on respecte ses valeurs. Vous vous rappelez les événements qui se sont passés à Dakar au mois d’octobre 2012 contre la Côte d’Ivoire. Sur le terrain, Didier Drogba s’est approché de moi pour me dire qu’il ne comprenait pas le fonctionnement de l’équipe du Sénégal. Même si la Côte d’Ivoire n’avait rien gagné, au moins, les dirigeants respectent les joueurs. Et ce n’est pas pour rien que l’équipe ivoirienne est assez régulière dans les grandes compétitions. Le jour où l’équipe du Sénégal sera réorganisée, tout le monde verra les changements. Mais tant que cela n’est pas fait, il nous sera difficile de faire parler de nous.
Quel message avez-vous envie de lancer au public sénégalais ?
Il faut que les supporters sénégalais sachent que tant que je jouerai pour le Sénégal, tant que je porterai ce maillot-là que j’ai toujours envie de porter, je prouverai que je suis plus que jamais motivé. Je profite de cette tribune pour remercier tout le peuple sénégalais qui n’arrête pas de me soutenir.