Passé par le club du FC Metz en France, Fallou Diagne commence à prendre du galon avec son équipe de Fribourg, qu’il a rejointe la saison passée. Il fait partie de la génération des Sadio Mané et Pape Ndiaye Souaré.
Et il n’écarte pas le désir de rejoindre la tanière et ses anciens coéquipiers, qu’il a côtoyés dans l’équipe olympique. Dans cet entretien qu’il nous a accordé depuis l’Allemagne, il nous parle de ses débuts dans le football, de l’équipe nationale du Sénégal, de son avenir dans le championnat allemand, entre autres.
Carrière de footballeur
«Je ne suis pas devenu footballeur par hasard. Non, je suis né dans le milieu du football. Je suis issu d’une famille de footballeur, qui connait Moussa Diop Kénum (ancien international des années 80), Souleymane Sall. Pa Ass du Jaraaf de Dakar ne dira pas le contraire. Ce dernier fut d’ailleurs mon premier coach en petite catégorie, à l’âge de 6 ans. Ensuite, j’ai intégré Génération Foot à l’âge de 14 ans avec Malang Mané comme coach. En catégorie cadette, j’ai joué avec l’équipe de la Renaissance en championnat. Je jouais à tous les postes déjà, étant tout petit. C’est Pa Ass et Malang Mané qui m’ont suggéré de jouer à la défense. Ce sont des personnes qui m’ont beaucoup influencé dans la suite de ma carrière. Après mon passage à la Renaissance, je suis retourné à Génération Foot, avant de rejoindre le FC Metz, en 2007, où j’ai fait 6 ans. C’est Joël Muller qui avait fait le déplacement à Dakar pour venir me superviser. J’ai été choisi avec deux autres joueurs sénégalais Djibril Ndoye et Faféré Sakho. Mon intégration et mon adaptation ont été une réussite. J’ai joué en milieu excentré, en défense centrale. C’est avec ce club de FC Metz que j’ai signé mon premier contrat professionnel. C’est lorsque je m’apprêtais à quitter le club que Sadio Mané m’a rejoint là-bas. J’ai toujours été régulier dans le terrain et durant toutes les saisons que j’ai passées à Metz avant de rejoindre le championnat allemand. J’ai joué avec Idrissa Gana Gueye et Pape Ndiaye Souaré et d’autres joueurs de ma génération dans l’équipe olympique du Sénégal lors des éliminatoires».
Le contrat avec Fribourg
«Entre temps, les dirigeants allemand du club de Fribourg suivaient couramment mes prestations en France. Ils m’ont supervisé au moins deux ans avant d’acheter mon contrat au FC Metz et de me faire signer chez eux. Depuis la saison dernière, je suis un joueur de Fribourg. Je suis titulaire, et je joue dans l’axe de la défense. J’entame ma deuxième saison en Bundesliga et tout se passe bien pour le moment. Le championnat allemand fait partie de l’un des meilleurs au monde avec le championnat anglais».
Le Sénégal éliminé de la Can 2013
«J’ai suivi les deux matches de qualification face aux Ivoiriens à l’aller comme au retour avec un intérêt particulier. Je croyais en la qualification comme tous les Sénégalais. Seulement, je déplore l’état d’esprit dans lequel on a abordé cette double confrontation face aux Eléphants. On s’est mis la pression tout seul. Il fallait tout juste jouer sur nos propres valeurs et se concentrer sur les objectifs. Mais il n’y avait pas lieu de polémiquer. Après cette élimination, on a entendu du n’importe quoi, des tiraillements par-ci et par-là. Tout le monde s’accuse mutuellement. Le temps ne va pas nous attendre, nous allons vers d’autres échéances. Et si on veut gagner quelque chose d’ici 2 ans, il nous faudra travailler dur et à long terme. Et cela commence dès à présent. Il ne faudrait pas qu’on s’attarde sur des histoires qui ne nous mèneront nulle part. Augustin Senghor est un homme qualifié. Mais est-ce que ses pairs travaillent dans la même logique que lui ? C’est ça le problème. Je ne suis qu’un joueur et je ne vais pas faire le procès de qui que ce soit. Mais nous sommes conscients qu’il y a un manque de professionnalisme au niveau de la direction de notre football».
L’équipe nationale du Sénégal
Ce n’est pas un joueur qui peut régler le problème de l’équipe nationale. D’ailleurs, les proches et les gens de mon quartier à la Médina se demandent jusqu’à présent pourquoi je ne suis pas convoqué. Mais moi, je prends les choses telles qu’elles sont. C’est le choix de nos dirigeants. Et je crois qu’ils ne font pas convenablement leur boulot. L’équipe nationale du Sénégal est ouverte à tout le monde même si tous les expatriés sénégalais ne peuvent pas être sélectionnés. C’est compréhensible. Nous avons l’effectif et la qualité. Les joueurs sont à la hauteur. Tôt ou tard, mon heure viendra en équipe nationale. Il n’y a pas besoin pour quiconque de clamer haut et fort sa non-sélection. J’ai eu l’opportunité de choisir la nationalité française avec l’équipe des moins de 20 ans de la France, mais je ne l’ai pas fait. J’ai refusé la nationalité française pour pouvoir intégrer la tanière. Je resterai toujours sénégalais, même si je suis binational. Donc, je ne vois pas la raison d’accepter cette proposition. Quel joueur n’ambitionne pas de vêtir les couleurs de sa nation ? C’est une question que je me pose. Je ne force pas le destin. Je crois en mes potentialités et je suis toujours prêt à répondre à une convocation en équipe nationale. J’adore mon pays, et je pense que si nos dirigeants avaient bien fait leur job, ils seraient venus en Allemagne me superviser. Et je suis sûr qu’ils ne m’auraient pas laissé en rade. Je suis conscient de ma valeur et de mes potentialités. J’invite les dirigeants du football sénégalais à être professionnel et sérieux dans leur fonction. L’intérêt du football sénégalais est la priorité. Nous sortons de moments difficiles, arrêtons les accusations mutuelles, nous sommes tous responsables de près ou de loin concernant notre football. Il faut respecter ce sport, si on veut parvenir à gagner un trophée. Il ne faut sous-estimer personne. Il ne faut pas minimiser certains joueurs et certains dirigeants au profit d’autres. Il ne faut écarter personne. C’est dans l’intérêt de l’avenir de notre football.
L’expertise locale ou étrangère
Je pense que les coachs se valent à des degrés moindres. Le problème ne se situe au choix des coachs, mais plutôt dans les attitudes de travail. Si à chaque échec on pousse les coachs vers la sortie, je me demande quand est-ce qu’on va gagner quelque chose. Il faut laisser aux coachs une certaine autonomie et une liberté totale dans leurs choix. Malheureusement, tel n’est pas le cas. Les choix et décisions du coach au niveau de la tanière laissent apparaitre des doutes quant à sa crédibilité. L’expertise, qu’elle soit locale ou étrangère, importe peu. Il nous faut dans les plus brefs délais une meilleure organisation au niveau de nos instances. Que chacun s’occupe de son domaine de prédilection et s’en limite là. Du sérieux et du caractère, du professionnalisme, ce sont les attitudes que doivent adopter les acteurs du football sénégalais pour atteindre les objectifs fixés.
Perspectives ?
Je compte me concentrer sur le début de la Bundesliga, même si les convoitises ne manquent pas. Un club comme Hambourg suit mes prestations avec attention et un de leurs dirigeants m’a personnellement joint pour me faire part de leur intérêt. Mon club de Fribourg n’est pas disposé à me laisser partir pour le moment. Le président demeure ferme sur ce point. D’ici le mercato, on verra. Pour le moment, je me sens bien ici. Je me bats pour être la fierté de tout le Sénégal et de mon fief, la Médina où je suis né et où j’ai grandi. Je ne pourrai jamais remercier les habitants de la Médina pour leur soutien. Je sais qu’ils ont toujours été derrière moi. Raison pour laquelle je ferai tout pour ne pas les décevoir. Je suis toujours à l’affût pour une convocation en équipe nationale A du Sénégal. Mais comme je le répète souvent, je ne cours pas derrière cette sélection, car je suis conscient de ma valeur. Mais, ce serait une grande fierté pour moi de défendre les couleurs de ma Nation, comme tout joueur sénégalais.