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Dernier sélectionneur sénégalais à avoir battu la Côte d’Ivoire (1-0, but de Mamadou Niang), Henryk Kasperczak donne la recette pour une victoire des Lions le 16 novembre prochain. Le technicien franco-polonais a, en outre, flétri le comportement de ses joueurs de l’époque et magnifié le patriotisme de ceux de Giresse. Entretien

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Coach, vous êtes le dernier entraîneur des Lions à avoir battu la Côte d’Ivoire, en amical le 16 août 2006. Comment aviez-vous fait ?

Oui, c’était au début, lors d’un match amical que nous avons joué dans la  banlieue parisienne (à Tours plutôt, ndlr). C’était le premier contact avec les joueurs. Et tout le monde s’est senti concerné.

Quel discours aviez-vous tenu à vos joueurs ?

Le discours était très simple, car les joueurs convoqués avaient montré de l’envie et de la détermination. On s’est préparé toute la semaine et tout s’est bien passé, même s’il y avait une histoire malheureuse qui a secoué le groupe. J’ai renvoyé Souleymane Diawara pour mauvais comportement (il avait découché, ndlr). Malgré tout, l’équipe était restée organisée. Et cela nous a permis de croire en nos potentiels et nous qualifier à la CAN suivante.

Qu’est-ce qui a été déterminant pour que vos joueurs se surpassent ?

On avait préparé ce match avec beaucoup d’envie. Pendant les entraînements, on avait mis l’accent sur les combinaisons sur terrain réduit. Les joueurs étaient en forme aussi. On avait proposé une tactique intéressante. La preuve, la solution était venue en seconde période. Ce qui prouve que les garçons étaient concernés jusqu’au bout.

Pensez-vous que l’équipe actuelle du Sénégal pourra remonter deux buts de retard ? 

Le Sénégal est une nation de football capable de battre n’importe quelle autre équipe africaine. Chaque fois qu’il transforme ses qualités individuelles en collectif, les choses peuvent bouger dans le bon sens. Ça permet à l’équipe de retrouver de l’efficacité.

La mission ne vous paraît-elle pas impossible ?

Je pense qu’il faut garder toujours un esprit positif.  Il ne faut pas chercher la solution ailleurs. Tout se fait dans le groupe. Les garçons doivent se parler sérieusement. La Côte d’Ivoire n’est pas imbattable. On leur donne trop d’importance. Mais la Zambie a récemment prouvé que tout est possible en football. Elle a privé la Côte d’Ivoire de trophée (CAN 2012, ndlr). Et pourquoi pas le Sénégal qui a des joueurs de grande qualité.

Lors de ce match amical, vous aviez pu museler Didier Drogba qui marque maintenant systématiquement contre le Sénégal…

C’est un joueur avec une carrière impressionnante. Il est toujours fantastique devant et marque des buts incroyables malgré son âge. Il a un état d’esprit exemplaire et à chaque fois qu’il s’agit de son pays, il se sacrifie sans se poser de question.

Y avait-il un marquage individuel sur lui ? 

La chance, c’est qu’on avait fait un bon marquage sur lui. Je ne me rappelle pas trop, mais je pense que ce sont Lamine Diatta et Malickou Diakhaté qui étaient dans l’axe central et qui ont bien joué le coup. Ils ont suivi les consignes comme on le leur avait demandé. Mais ça dépend aussi des jours et de la motivation de l’équipe en face.

Coach, en quittant le Sénégal, vous êtes parti avec des regrets ?

Bien sûr. J’ai beaucoup de regrets. D’abord pour le peuple sénégalais et pour les dirigeants. Je suis tombé sur une génération qui n’avait pas envie de se sacrifier. Les joueurs ont manqué de sérieux. Chacun voulait régler les problèmes à sa manière. L’équipe manquait beaucoup trop de sérieux.  C’est un peu ça qui a changé les choses. Après, je me suis dit que je n’avais plus rien à faire ici. Et j’ai décidé de partir sans créer de problème.

Pensez-vous que c’était la meilleure solution ?

J’étais tombé sur une génération de footballeurs qui ne voulait pas descendre sur terre après les résultats de 2002. Ils oubliaient qu’ils n’avaient rien gagné en termes de trophée. Ils se montraient tout le temps dégoutés. Jusqu’à la phase finale de la CAN-2008, je n’ai pas vu des joueurs motivés qui étaient prêts à se sacrifier pour leur maillot national.

Qu’en est-il de votre autorité en tant que patron de l’équipe ?

Mais, je n’y peux rien. Je ne pouvais pas jouer le gendarme derrière chaque footballeur. Les joueurs sortaient tout le temps la nuit. Il y avait de la pagaille dans l’équipe et la situation était incontrôlable.

Cette démission à la tête des Lions, ne vous a-t-elle pas dévalué en tant qu’entraîneur ? 

Non. C’est vrai que j’étais tombé très bas avec cette équipe. J’étais venu au Sénégal pour y réussir quelque chose de solide.  Malheureusement, les joueurs n’étaient pas prêts à relever le défi. Surtout les jeunes qui ont intégré  l’équipe après 2002. Ils étaient tout le temps derrière les autres. Ils ne prenaient pas leur responsabilité. Contrairement aux jeunes qui sont aujourd’hui dans l’équipe. Je sens qu’ils ont envie de prouver, de se battre pour aller de l’avant. Ils peuvent y arriver si les conditions de performance leur sont offertes.

Mais vous reconnaissez qu’après, vous ne faisiez plus l’unanimité dans le football africain qui vous a tant chéri ?

Je ne sais pas. Je ne réponds plus favorablement aux sollicitations des pays africains. Parce qu’avec mon âge, je ne veux plus revivre des situations telles que celle que j’ai vécue avec le Sénégal.

 

Stades

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