«Une enfance dans un quartier violent»
«Parler de soi-même est toujours difficile, mais retenez que Issa Cissokho est un garçon sympa, qui aime s’amuser, qui aime rigoler avec les amis, tout en restant sérieux et rigoureux dans le travail. je ne suis pas du tout stupide. j’ai la tête sur les épaules et je fais de l’humilité mon cheval de bataille, dans les bons comme dans les mauvais moments. je suis fier de ce que je suis. j’ai vécu avec mes frères et soeurs dans un petit quartier de Blois, en région parisienne, un quartier qui n’était pas du tout facile à vivre, parce qu’il y avait beaucoup de violence. Heureusement, nos parents nous ont très bien éduqués et nous avons tous grandi sans problème dans un milieu où les gens sont livrés à eux-mêmes. Aujourd’hui, nous rendons grâce à Dieu parce que nous avons tous une bonne situation. Ce n’était pas évident».
«J’ai pu décrocher le BeP Comptabilité»
«Il n’y a pas eu un moment spécial où j’ai senti que je deviendrais footballeur professionnel. Depuis tout petit, nos parents nous ont inscrits au foot. C’est comme ça que nous avons aimé ce sport qui est devenu une vraie passion. on alliait le football et les études. À partir du moment où j’ai été conscient de mes qualités, je me suis résolument tourné vers le football pour en faire un métier et aujourd’hui, je suis très content. Je n’étais pas spécialement fort à l’école, même si je dispose d’un BEP comptabilité. je vous avoue même que j’étais vachement nul en classe. Le BEP comptabilité est tout ce que j’ai comme diplôme de collège. Mais j’encourage les jeunes, notamment sénégalais, à se battre à l’école pour faire de bonnes études. Elles sont importantes».
«Les déceptions m’ont forgé et m’ont aguerri»
«Ce qui me marque plus aujourd’hui, ce sont les erreurs et les déceptions que j’ai vécues quand j’étais jeune. a peut, certes, arriver, mais je les ai regrettées. Après, j’ai su rebondir. j’étais très déçu de ne pas avoir signé pro quand j’étais à guingamp. Après, j’ai fait des essais dans des clubs, sans être pris au sérieux. Les gens m’ont éconduit sans connaître ma valeur, encore moins ma personne. j’ai fait beaucoup de voyages pour aller faire des essais. Mais une fois sur place, on apprend que c’était préparé et qu’au final il n’y a rien. Mais toutes ces déceptions ont fait que j’ai su grandir et cela m’a forgé quelque part en tant qu’homme».
«J’attends une petite fille avec mon épouse»
«je ne regrette rien de mon parcours jusque-là. C’est le destin. Aujourd’hui, Dieu a bien fait les choses pour moi. Mentalement, physiquement, je suis toujours là. Depuis maintenant cinq ans, je suis à ce niveau-là. Pour moi, c’est quelque chose d’inespéré, mais je pense que c’est mérité après tout le parcours que j’ai fait de mon enfance jusqu’à ce niveau. Socialement, je ne me plains pas. j’ai connu mon épouse à nantes par l’intermédiaire d’une copine. on s’est rencontré, on s’est vu, mais ce n’était pas facile au début (rires). Après, j’ai persévéré comme d’habitude. Aujourd’hui, je suis très content d’être avec elle. Ça se passe super bien pour nous. D’ailleurs, nous attendons une petite fille à nous qui sera notre premier enfant. Sportivement, je viens de tout bas. j’ai un contrat qui court jusqu’en juin 2016. Il me reste un an et demi. A moi de continuer à m’épanouir. on verra ce que Dieu nous réserve d’ici là. j’ai une envie d’ailleurs. À 30 ans, c’est vrai qu’on n’est pas aussi vieux que ça, mais le fait d’être venu tard (dans le haut niveau) me pousse à me battre pour compenser le temps perdu aussi bien sportivement que financièrement».
«La condition pour mon retour en sélection»
«Quand j’avais la chance de jouer, on ne me mettait pas. Et ce qui me rendait triste, c’est que c’est un défenseur central (Zargo Touré) qui évolue en Ligue 2 qui joue au poste de latéral droit. Forcément, j’étais déçu. Aujourd’hui, je ne vais pas jouer attaquant pendant que les hommes au poste sont là. Eux qui ont plus d’aptitudes et de qualités que moi. En tant que défenseur et latéral droit, je ne peux pas jouer devant. Après, ce sont les choix du coach, il faut les accepter. Quoi qu’il arrive, la dernière décision lui reviendra. Moi, la seule chose que je puisse faire, c’est travailler, être performant à nantes et attendre sagement mon heure. Pour mon retour en sélection, on verra. Il faut quand même en discuter avec le coach (Alain Giresse). C’est quelqu’un d’assez ouvert, comme moi aussi. on peut toujours dialoguer par rapport à ça, il n’y a pas de problème. Il m’a ouvert les portes de la sélection, ça je ne l’oublierai pas. Et je ne vais pas gâcher une amitié par rapport à des déclarations à la fois vraies par certaines choses que j’ai dites aussi».
«Ce que aly Cissokho m’a dit du sénégal»
«En venant en sélection, mes parents étaient très fiers de moi. Depuis que j’ai commencé à jouer au football, je ne leur parlais que de l’équipe nationale du Sénégal. Elle a toujours été mon rêve. Aujourd’hui, ça s’est concrétisé et j’en suis sincèrement ravi. Quand mon jeune frère Aly Cissokho a appris que j’ai fait une sortie, il m’a appelé pour me donner quelques conseils. Il m’a dit que ce n’est pas le moment de me prendre la tête et que je dois continuer à travailler parce que lui était très content de me voir en sélection sénégalaise. je ne suis pas du genre à faire des déclarations qui vont mettre le feu à la poudre. Mais, il faut que les gens me comprennent aussi. Il y a des choses que je garderai pour moi parce que ça reste entre l’entraîneur et moi. Tout ce que je puisse dire, c’est la déception que j’avais au fond de moi que j’ai sortie. Dans cette sortie, je ne visais pas du tout Zargo Touré, loin de là. je m’entends merveilleusement avec Zargo qui reste un pote à moi. on continue à s’appeler et à s’envoyer des messages. je ne le vise pas du tout. Au-delà du joueur, je m’entends très bien avec tout le monde, même le staff technique est hyper cool avec moi. Et ça c’est vraiment rare dans le football».
«Pourquoi je n’aime pas partager ma chambre en sélection»
«je n’ai jamais créé de désordre en équipe nationale, ni au Botswana, ni nulle part ailleurs. C’est vrai que je demande à être seul, parce que j’ai l’habitude de le faire à nantes aussi. Je suis quelqu’un qui aime bien se concentrer quand il y a des échéances à venir. j’aime bien être tout seul dans ma chambre. Et depuis trois ans ça ce passe comme ça. Cela ne veut pas dire que je ne veux pas partager de chambre avec les autres. Vous pouvez demander au staff de nantes. Le coach Michel (Der Zakarian) est là face à vous, il faut lui poser la question, il vous dira exactement ce que je vous ai dit. D’ailleurs, c’est moi qui paie de ma propre poche. je ne demande à personne de le faire. D’ailleurs, j’aurais pu être avec Djilobodji, on s’entend super bien, c’est un pote à moi. Mais, comme je vous l’ai dit, en préparant les matchs, je veux vraiment être dans ma bulle. Si giresse m’avait demandé, j’allais lui dire ce que je viens de vous dire».
«Quelque chose de positif se dessine pour la Can-2015»
«on a un gros potentiel. Une équipe où l’on s’entend bien. Depuis maintenant deux ans, il y a une bonne symbiose entre les anciens et les jeunes. je pense que le Sénégal aura assez d’arguments à faire valoir à la CAn-2015. Les armes sont là, il faut juste bien les affûter pour aller jusqu’au bout. Il y a une très belle génération et quelque chose de positif se dessine dans le groupe. Les qualités sont là, l’envie aussi est là et je pense que le Sénégal peut aller très loin dans cette CAn».