Pourriez-vous nous présenter votre parcours ?
À 13 ans, dans mon quartier au Sénégal, j’ai fait des essais pour accéder au centre de formation de Diambars. Sur 6 000 jeunes, ils en ont pris 18 et j’en ai fait partie. J’ai donc intégré le centre, où on avait les études et le foot à côté. C’était une formation de 5 ans et, au bout de 5 ans, j’ai eu la chance d’intégrer Sochaux. J’ai signé un contrat de deux ans stagiaire, j’ai connu une première année un peu difficile, avec des blessures. Mais j’ai su relever la tête, avancer, et j’ai fini par jouer des matches en Ligue 1 en étant stagiaire, avant de signer mon contrat pro.
Quelles sont vos principales caractéristiques sur un terrain ?
Mes qualités, je dirais que c’est plutôt au niveau de tout ce qui est défensif, la récupération, l’impact dans les duels, et la relance.
Quels sont les joueurs qui vous inspirent ?
Mon modèle, c’est Steven Gerrard. C’est un joueur que j’ai toujours suivi, qui a un jeu assez exceptionnel. C’est l’un des meilleurs au monde, c’est mon idole et j’essaye de copier un peu ce qu’il fait, de suivre ses pas, même si j’en suis encore loin !
Suivez-vous assidument les matches de Liverpool ?
Oui, je regarde les matches de Liverpool le plus souvent possible. Quand j’ai match, je ne peux pas car il faut faire la sieste. Mais si j’en ai l’occasion, je les regarde.
Porter le maillot de Liverpool serait-il votre rêve absolu ?
Oui, c’est sûr ! Ça a toujours été un rêve depuis tout petit. Les rêves sont faits pour être réalisés, et pour les réaliser ça se passe sur le terrain. À moi, déjà de m’imposer comme titulaire à Sochaux, et on verra la suite.
Pour revenir à votre parcours, vous avez rejoint Sochaux après être passé par Diambars. Quel regard portez-vous sur votre séjour dans ce centre de formation pas comme les autres ?
Diambars, c’est une expérience exceptionnelle pour moi. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas et je le referais volontiers. Étant ici, au centre de formation de Sochaux, je ressens une petite différence, je n’ai pas eu les mêmes sentiments qu’à Diambars, parce que c’est une expérience unique, surtout en Afrique. Avoir la chance d’être dans un tel centre de formation, c’est exceptionnel, on avait tout pour réussir. On a su mettre les atouts de notre côté pour en arriver là aujourd’hui.
Pensez-vous que c’est le genre d’initiatives qui manquaient malheureusement dans le football africain ?
Oui, je pense qu’on avait un peu de mal jusque-là. Diambars a montré la voie, a montré qu’il y avait du potentiel en Afrique et que si on mettait les infrastructures, les jeunes pouvaient en profiter et montrer leur talent pour se mesurer aux jeunes d’Europe.
Après Diambars, vous avez donc pris la direction de Sochaux. Quel bilan faîtes-vous de votre aventure dans le Doubs ?
Un bilan plutôt positif. Des blessures m’ont gêné, m’ont arrêté dans ma lancée. Mais c’est normal, ça arrive à tous les sportifs. Il faut savoir relever la tête et repartir de l’avant. Je ne retiens que du positif, parce que j’ai su me battre et décrocher ce contrat tant attendu.
En parlant de choses positives, vous avez battu le PSG 3-2 dimanche dernier. Cette victoire vous a-t-elle vous même surpris ?
Toute la semaine, on a travaillé pour gagner ce match, on a insisté sur l’attaque, la contre-attaque, le fait d’aller les chercher haut. On va dire que c’est quand même une surprise, mais on était préparé pour remporter ce match.
Les jours précédents la rencontre, on parlait bien plus de David Beckham que de Sochaux. Cela vous a-t-il frustrés ou, au contraire, vous a permis de travailler dans le calme et la sérénité pour préparer ce joli coup ?
Franchement, personnellement, ça ne me dérange pas qu’on parle de David Beckham ou d’un autre, ça ne me fait ni chaud ni froid. C’est plutôt bien pour nous, car les gens ne se sont pas forcément focalisés sur notre travail, ils se sont plutôt concentrés sur le fait de savoir si Beckham allait venir ou non. On a pu travailler tranquillement, sans être dérangés. C’est donc plutôt une bonne chose.
Se prépare-t-on différemment quand on affronte le PSG ?
C’est Paris, une grande équipe qu’on respecte, mais on a travaillé dans la semaine comme pour un match normal. Après, on connait l’armada offensive de Paris, on travaille donc peut-être plus pour les contrer. Ce n’est pas un match facile, le travail s’accentue donc plus sur le plan défensif.
Surtout pour vous qui, en tant que milieu défensif, deviez affronter des Lavezzi, Pastore, et autre Ibrahimovic…
On les connait tous, on regarde les matches du PSG. Après, sur le terrain, c’est toujours dur de les contrer ! Mais on a étudié leur jeu, et on est resté concentré au milieu de terrain parce que tous leurs joueurs offensifs viennent chercher le ballon au milieu de terrain, c’est leur force. On a donc essayé de gonfler ce milieu de terrain et de les contrer, de ne pas leur laisser le temps de faire des passes parce qu’ils ont des pattes exceptionnelles au milieu.
Un plan bien ficelé, car rares ont été les équipes de Ligue 1 à parvenir à agresser autant le PSG cette saison. Cela vous a-t-il surpris ?
On avait cet état d’esprit dès le départ. Le coach nous avait bien dit : soit on attend bas, soit on sort et on fait les comptes à la fin. C’est ce qu’on a essayé de faire sur le terrain. Paris presse, et bien nous aussi, parce que si on les laisse jouer on sera en difficulté. On les a cherchés plus haut, et puis c’est notre philosophie de jeu d’élaborer du jeu au sol, de trouver des décalages. Et puis on a été efficace dans la finition.
Dans tous les cas, il s’agit aussi et surtout de trois points importants dans la course au maintien…
Ça, c’est sûr. Ces trois points pris sont un bon coup. Surtout au niveau de l’état d’esprit, ça va nous mettre en confiance pour les matches à venir. C’est maintenant à nous de réitérer le même match que contre le PSG face à nos concurrents directs.
Vous avez battu le PSG, l’OM, et avez tenu en échec l’OL. Comment expliquez-vous cette insolente réussite face aux trois premiers du championnat ?
Je dirais qu’on a peut-être un peu plus de motivation contre les gros, qu’on ne calcule pas, alors que contre nos adversaires directs on a peut-être plus tendance à se méfier, à faire attention à ne pas perdre les matches. Contre les gros, on joue à fond car on n’a rien à perdre. Il faudrait qu’on garde cet état d’esprit contre nos concurrents directs.
En avez-vous parlé avec vos coéquipiers ?
Oui, on se le dit entre nous, et même le coach nous le dit. On a parfois tendance à calculer contre les adversaires directs, on a peur de prendre des buts, on reste derrière, on attend. Peut-être que si on prenait les devants comme contre les gros, on pourrait avoir de meilleurs résultats.
Quelles sont vos ambitions pour cette deuxième partie de saison ?
Personnellement, c’est de continuer à jouer, à être performant pour le collectif. Et collectivement, j’espère qu’on va continuer à jouer comme ça et prendre des points pour le maintien.
FootMercato