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Le gardien du Jaraaf a une très forte estime de soi. Convaincu de son talent, Khadim Ndiaye n’a d’yeux que pour les cages de l’équipe nationale A, qu’il a quittée depuis quelques mois. Et il ne s’en cache pas.

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Vous avez rejoint le Jaraaf cette saison, comment jugez-vous vos débuts dans ce club ?

Je rends grâce à Dieu car c’est un peu difficile de rejoindre un grand club comme le Jaraaf au moment où le championnat a déjà démarré. J’ai rejoint le groupe lors de la 4e journée, mais le staff m’a fait confiance dès mon arrivée. Peut-être que mes dirigeants sont satisfaits de mes performances, mais moi, en mon âme et conscience, je sais que je peux apporter plus que ça.

Vous avez trouvé un effectif où il y avait déjà un gardien de qualité, Khadim Thioub. Ce n’était pas si simple d’y faire votre trou…

C’est vrai, j’ai trouvé ici Khadim Thioub, qui lui aussi, venait de Niarry Tally. Il y a également Salzmann et Sène, qui sont tous de très bons gardiens. J’ai vu Khadim Thioub jouer, faire de très bons matches. A l’entraînement, il se donne à fond. C’est un bosseur. Mais, comme je lui dis toujours : le choix appartient à l’entraîneur. Ce n’est pas moi qui décide de qui va jouer, même si je suis venu pour retrouver ma place en sélection nationale. Abdoulaye Sarr (coach du Jaraaf) ne fait jamais de cadeau à personne. Il est comme Amara Traoré. Avec lui, il ne faut pas espérer de passe-droits. Je sais ce qui m’attend. Il n’est pas question de baisser la garde. Du coup, quand je suis venu, je me suis tout de suite mis à bosser très dur. J’ai aussi eu la chance de tomber sur un préparateur des gardiens que j’ai déjà côtoyé en équipe nationale, Gaspard Gomis. J’ai souvent eu cette chance. A la Linguère, il y avait Samba Fall aussi. Ça m’a permis d’avoir une avance dans la préparation.

Qu’est-ce que le Jaraaf vous a appris depuis que vous y êtes ?

L’environnement du Jaraaf me fait penser à l’équipe nationale. Même au-delà du staff, il y a plusieurs joueurs qui ont fréquenté l’équipe nationale. Les Pape Ciré Dia, Alpha Oumar Sow, Pape Macou Sarr… Tous des internationaux. Dans le staff, il y a Abdoulaye Sarr, Amadou Diop « Boy Bandit », Gaspard Gomis… Avec ça, on ne peut pas ne pas penser à l’équipe nationale. Ils nous demandent toujours d’être performants, que chacun se batte s’il veut intégrer une sélection dans les différentes catégories.

De titulaire en équipe nationale, aujourd’hui vous n’êtes même plus convoqué. Comment avez-vous accueilli le fait de perdre votre place ainsi ?

C’était quand même difficile psychologiquement. Je le reconnais. Dieu a fait que quand je perdais ma place, j’avais disputé trois matches de la phase aller des éliminatoires de la Can, face à l’Ile Maurice, à la Rdc et au Cameroun. Nous avions récolté trois victoires lors de ces matches. Au retour, j’ai été mis sur le banc au profit de Bouna Coundoul. Ce dernier a fait un très grand match au Cameroun. Du coup, on ne pouvait plus le faire sortir et j’ai dû rester sur le banc. Il a continué à faire de bons matches, pour le bien de l’équipe. Ce n’est pas pour autant que j’ai baissé la garde. J’ai amené une concurrence saine. Quand je viens en équipe nationale, c’est pour me donner à fond, progresser et faire progresser les autres gardiens par la concurrence. Il n’y a pas de cadeau à espérer. Je n’abandonne jamais. C’est toujours difficile de regarder les autres jouer alors qu’on est en tribune. Mais je m’en sers toujours pour progresser. Je me remets toujours en question, pour redoubler d’efforts et reprendre ma place.

À vous entendre parler, on dirait que vous pensez que la place vous appartient…

Je suis toujours convaincu que la place m’appartient. Je n’y vois personne d’autre. Je ne me préoccupe que de mon talent, de mon potentiel et de mes prestations. Je ne dis pas que je suis le meilleur, mais je sais que je fais partie des meilleurs. Ce n’est nullement pour faire dans l’autoglorification, mais je sais qu’à mon poste, je suis prêt à tout miser sur moi. Le secret des équipes qui remportent des titres, c’est de compter sur des gardiens de talent, la base d’une bonne assise défensive.

Mais le Sénégal pêche toujours à avoir de la stabilité à ce poste. Quand-est-ce qu’on trouvera la véritable relève à Tony Sylva ?

Dans ma carrière, je n’ai eu que deux modèles de gardiens. Tony Sylva et Fabien Barthez (France) ont été mes idoles à ce poste. Au niveau local, il y avait Diakhaté de Touré Kunda qui habitait mon quartier à Saint-Louis et que j’ai vu jouer en navétanes. Il sera très difficile de faire mieux que Tony Sylva en équipe nationale et avant d’espérer le faire, il faut commencer par lui rendre l’hommage qu’il mérite. Déjà, faire mieux que lui, ce serait remporter la coupe d’Afrique. Le jour où l’on aura un gardien qui fera mieux que lui, on remportera la Can. Il faut qu’on ait l’humilité de lui rendre hommage. Pour arriver à son niveau, nous, les gardiens, devons l’écouter et lui demander des conseils pour progresser et profiter de son expérience. Il manque ce contact entre lui et nous. À deux reprises, j’ai eu la chance de le rencontrer. Nous avons discuté quelques minutes seulement, mais rien qu’à l’écouter, on sent que l’équipe nationale le préoccupe grandement. Lors de ma 2e sélection, face à la Grèce, en match amical, il m’a pris en aparté (Tony Sylva était sélectionné, ndlr) avant le match pour me dire que si j’en suis là, c’est parce que j’avais des qualités. Ensuite, il m’a conseillé de prendre de l’assurance pour mon premier ballon et le reste serait facile. C’est vous dire combien il est un grand monsieur. Avec quelqu’un comme lui à nos côtés, on ne peut que progresser.

Souhaitez-vous montrer aux dirigeants qu’ils ont eu tort de vous avoir écarté ?

Je ne suis pas du genre à garder une quelconque rancune pour qui que ce soit. C’est le Sénégal qui est ainsi. Quand ça marche, tout le monde applaudit, mais quand ça ne va pas, on vous tape dessus. Je ne regarde pas derrière moi.

Pensez-vous que cela soit une bonne chose de faire jouer le turn-over en équipe nationale à un poste aussi particulier que le vôtre ?

En conférence de presse, Amara Traoré avait l’habitude de dire qu’il n’a pas de numéro un. Cela nous permettait de tout donner à l’entraînement. Chacun espérait jouer le prochain match. Ça stimule les gardiens. Parce que parfois, certains qui ont tendance à se relâcher quand l’entraîneur désigne un autre comme titulaire. Le risque, c’est que le jour du match, ce dernier peut se blesser au dernier moment, alors que le numéro deux ne s’était pas suffisamment préparé. Personnellement, je ne réfléchis pas comme le font généralement les autres. Je suis assez spécial. Quand je viens en regroupement, je me dis toujours que c’est moi qui vais jouer le prochain match. A l’entraînement, en briefing, le jour du match, jusqu’à la publication de l’équipe-type, je me dis que je jouerai le match. Après, quand le choix me montre que je ne suis pas titulaire, j’en prends acte.

Vous faites partie de la liste publiée par Demba Ramata Ndiaye pour l’équipe nationale locale. Considérez-vous cette sélection comme un bon début ou une façon de voir l’équipe A vous échapper ?

J’espère que le meilleur est à venir pour moi. On m’a réveillé de mon sommeil pour m’annoncer ma sélection en équipe nationale locale. C’est un début. J’y serai avec toujours la même conviction, mais je m’attends aussi à faire partie de la liste de la sélection A. Dans ma tête, je vais en équipe locale le 15 pour revenir intégrer l’équipe A juste après et jouer le match contre l’Angola. Je ne vous dis pas que je veux faire partie du groupe, mais je vais au-delà. Je veux jouer ce match.

Mais vous n’étiez même pas convoqué lors du dernier match (amical) de l’équipe A…

Je suis un compétiteur. Lors du match amical contre la Guinée, je n’ai pas été sélectionné et je trouvais la décision tout à fait normale. C’était logique. Quand il publiait cette liste, je ne jouais pas. Je n’avais pas encore de club. Je n’étais pas encore qualifié pour intégrer l’effectif du Jaraaf. Donc, s’il m’avait sélectionné, ce ne serait pas logique. Mais je savais que si je reprenais la compétition, je serais un candidat sérieux et déterminé pour la sélection. Cela fait maintenant trois mois que j’ai atterri au Jaraaf. Je n’ai jamais caché que je suis venu ici pour reprendre ma place en sélection. D’abord, faire partie des 23 joueurs, ensuite, me battre pour être titulaire. Je ne doute pas un instant que je suis prêt. Même si on me sollicitait pour être titulaire contre l’Angola, je répondrais présent.

Qu’est-ce qui a fait capoter votre départ pour la Suède où vous deviez vous engager ?

J’y suis d’abord parti pour des essais. Je me suis entraîné régulièrement avec l’équipe professionnelle et j’ai disputé quelques matches avec l’équipe réserve et un jour, les dirigeants m’ont dit qu’ils souhaitaient me voir à l’œuvre avec l’équipe A. La Linguère a accepté et je suis parti jouer. J’ai fait un très bon match et l’équipe a gagné. A mon retour, ils m’ont demandé de revenir en janvier. Ils n’avaient qu’un seul gardien et ont contacté mon agent pour voir si je pouvais jouer deux mois avec eux avant de m’engager ensuite pour trois ans. Quand on m’a sollicité, j’étais déjà en préparation avec le Jaraaf. Je suis alors retourné en Suède, j’entrais dans les plans du coach. J’ai attendu quelques jours avant de disposer de mon permis de travail. Quand le moment est venu de jouer, il y a eu du bruit entre ceux qui souhaitaient que je joue et d’autres qui pensaient que le moment n’était pas idéal pour chambouler l’équipe. On m’a fait jouer en réserve et j’ai fait de bonnes performances en enchaînant 5 bons matches pour 4 victoires et un nul. En même temps, je restais sur le banc de l’équipe A. Nous avons discuté et l’équipe m’a proposé un contrat, nous sommes tombés d’accord sur les termes, le salaire, etc. Ils m’ont demandé si je comptais m’installer avec ma famille, je leur ai dit oui, je souhaitais que mes frères me rejoignent parce que là-bas, c’était stressant. Ils m’ont alors proposé de me donner l’appartement d’un autre joueur nigérian qui devait partir en Russie. En revenant au Sénégal, je suis revenu avec les clés de mon appartement. J’ai encore des bagages en Suède. Ils m’ont même donné le programme que je devais suivre durant la trêve. Les contacts se sont poursuivis. Mais les clubs scandinaves ne sont pas si riches que ça. Quand cela a traîné en longueur, je leur ai demandé à quoi m’en tenir. Ils s’attendaient à vendre 5 joueurs et comptaient sur cela pour m’enrôler. C’est pourquoi je ne voulais pas perdre du temps. J’ai alors décidé de rejoindre le Jaraaf, en me disant que si cela aboutissait, tant mieux, sinon, je prends un autre départ.

 

GFM

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