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25 – 15 – 17 : Tiercé gagnant. Celui qui valide la montée en Ligue 2 pour l’Us Créteil-Lusitanos. Ce sont les numéros respectifs sur les maillots de Christophe Diédhiou, 25 ans (1,91m) défenseur central, de Ibrahima Seck, 24 ans (1,94) et Cheikh Tidiane Ndoye, 27 ans (1,92), milieu de terrain. Les trois Sénégalais de l’équipe de la banlieue parisienne ont participé activement à la montée en Ligue 2 française de leur club.

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C’est la Success story de trois jeunes joueurs qui ont réussi à franchir un cap et, dans leur sillage, à faire passer leur club, Us Créteil-Lusitanos, du monde amateur au professionnalisme. « Ce sont des joueurs dont l’apport nous manquait l’année dernière », analyse Jean-Luc Vasseur, l’entraîneur de l’Us Créteil. Le coach lusitanien décrit Cheikh Ndoye comme « bien intégré dans l’équipe. Il est en progrès depuis le début de saison ». Des progrès matérialisés par 11 buts inscrits pour un milieu défensif. Ibrahima Seck est dans le même registre mais avec moins de but. Pour Vasseur, ce grand gaucher a « un profil intéressant, techniquement, qui est complémentaire de celui de Cheikh », le droitier. Et de Christophe, il soutient : « Il a du tempérament et du caractère. Ce qui lui a valu quelques cartons rouges cette année ».

Des statistiques déterminantes
Les trois joueurs sont des produits de Yakaar. Mais pas seulement. Christophe était membre de la sélection olympique de 2005. Il a également participé avec cette catégorie aux Jeux de la Francophonie à Niamey en 2009. Ibrahima Seck a eu plus de chance puisqu’ayant participé aux tournois au Maroc en prélude à la qualification face à Oman aux Jo de Londres 2012. De cette compétition, même s’il n’a joué qu’un match, contre les Emirats Arabes Unis, il garde un souvenir unique. Cheikh Ndoye n’a pas encore connu la joie de porter le maillot frappé de la tête du lion mais il est, cette année, au centre de toutes les attentions. Avec 31 matches joués sur 36, ses 11 buts (le meilleur buteur du club en est « seulement » à 14) lui valent les lumières de la presse locale. Ibrahima Seck en est à 4 buts pour 25 matches et Christophe Diédhiou à 2 buts en 26 matches. « Ce sont des garçons timides mais affectueux, si on apprend à mieux les connaître », confie leur capitaine Jean-Michel Le Sage, ancien joueur de l’Aj Auxerre et du Havre Ac. En plein match, je les entends parfois parler leur langue (wolof, ndlr) entre eux ».

Incompréhensible intégration

Dans un pays où la centralisation héritée du jacobinisme administratif a tendance à être transformée en une forme assimilationnisme, il est souvent mal vu, pour des raisons d’adaptation voire d’intégration, de parler une autre langue. « Mou gui niew (il arrive), Guestoul (retourne-toi), Gawal (fais vite)… ce sont des expressions de ce genre que nous utilisons », informe Ibrahima Seck. « C’est juste pour une meilleure efficacité dans la communication et dans le jeu ». Ce que Jean-Michel Le Sage comprend : « Cela ne dérange personne car c’est une manière de communiquer rapidement ». Mais ce ne fut pas toujours le cas dans leur expérience française. En 2009, à leur arrivée commune à Epinal, la communication en wolof était interdite aux trois Sénégalais provenant de Yakaar. Epinal fut, en effet, la première étape de leur aventure française. « Nous sommes arrivés tous les trois du Sénégal en septembre 2009. Deux semaines plus tard, nous faisions la découverte de la neige », raconte Cheikh. Leur vie se limitait entre le terrain d’entraînement et l’appartement qu’ils ont toujours partagé depuis Epinal, en région parisienne.

Tolérance religieuse
« Il n’y a pas beaucoup de noirs dans ce coin de l’est de la France, note Ibrahima. On s’était renfermés sur nous-mêmes. Notre agent, Salif Diao, l’ancien international sénégalais et joueur de Liverpool, nous demandait de nous fondre dans la masse pour faciliter l’intégration et l’adaptation ». L’huis-clos par défaut finit par créer des liens forts qui n’existaient pas entre les trois au Sénégal. Ce que Cheikh, le plus âgé du groupe, résume par « nous sommes trois pères, trois mères et trois frères ». Si Christophe décrit « Ibou » comme celui qui « calme tout le monde et donne des conseils » et parle de Cheikh comme « le plus timide », il évoque une autre explication à leur entente. « Ils sont musulmans, moi chrétien, c’est un respect mutuel ». Ibrahima le rectifie dans le bon sens du terme : « Christophe fait preuve de beaucoup de  tolérance. Il s’interdit certaines choses (Alcool ou viande de porc dans l’appartement commun, ndlr) pour ne pas aller à l’encontre de notre croyance religieuse. Nous n’avons jamais de divergences sur ce plan et nous passons toutes les fêtes ensemble ».

Volonté de réussir ensemble
Une amitié dont Christophe parvient à donner les contours en se basant sur des épisodes de vie commune. « A notre arrivée à Epinal, du trio, c’est moi qui avais plus de problèmes d’adaptation. Ils m’ont beaucoup aidé. Je suis tombé gravement malade à trois reprises. Ils se sont occupés de moi. Ils m’engueulaient même pour m’obliger à manger. Ils ont été d’un soutien tel que les membres de ma propre famille ne pouvaient mieux faire. Ce sont plus que des frères ». Une reconnaissance éternelle que le défenseur central a largement rendue. Après avoir réussi une première montée de Cfa à National avec Epinal, ils avaient raté de deux points la montée en Ligue 2. Leurs performances sportives avaient fini par taper dans l’œil des recruteurs dont ceux de Créteil. Et dès le premier appel des dirigeants de l’équipe parisienne, Christophe a tenu à en parler à Cheikh et Ibrahima puis à Salif Diao. Au mercato de l’été 2012, Christophe et Cheikh rejoignent le club lusitanien de Créteil. Ibrahima en compétition avec les Olympiques sénégalais à Londres finira par suivre ses « plus qu’amis » en septembre.

Les « Lions » en ligne de mire
« Ils ont apporté de la technique, du physique au groupe avec beaucoup d’humilité », témoigne le capitaine Jean-Michel Le Sage. « On les avait vus jouer l’année dernière quand ils étaient à Epinal, se souvient, pour sa part, le coach Vasseur. Ils nous avaient posé pas mal de problème. Comme on était à la recherche d’équilibre, on a tout fait pour les faire venir. Ils ont plus que répondu à nos attentes ». La montée en Ligue 2 étant assurée, la Senegalese connection cherche à épingler dans son palmarès encore vierge le titre de champion de National. « La montée, c’est bien mais un titre, c’est encore mieux. Il nous faut un point, au moins sur les trois derniers matches de la saison », dit sagement Ibrahima. L’ambition des trois est d’intégrer l’équipe nationale du Sénégal. Pour cela, la Ligue 2 qui les attend l’année prochaine sera un bon tremplin. A moins qu’une belle proposition d’un grand club au mercato d’été ne vienne changer leur destin commun. « Depuis le début, nous nous sommes dit qu’un jour ou l’autre nous serons séparés », prévient Ibrahima. Du côté de l’Us Créteil, on espère que ce jour arrivera le plus tard possible.

 

Lesoleil

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