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Dans le landerneau footballistique sénégalais, on a rarement vu une sélection évoluer avec une défense à trois. Sous l’ère Giresse, c’est une belle découverte. Après une première réussie contre la Côte d’Ivoire à Casablanca (1-1), l’entraîneur français a récidivé contre l’Egypte et le Botswana avec à la clé des résultats probants. Séduit par ce système, Lamine Dieng met le doigt sur ses avantages et limites.

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La défense à trois face au Botswana était-elle une nécessité ou un choix dicté par le résultat du match contre l’Egypte, 2-0 ?

Dans la configuration d’hier (avant-hier) face à une équipe qui revenait d’une défaite (contre la Tunisie 1-2) et qui voulait faire son retard à domicile, c’est l’une des dispositions les plus favorables pour sauvegarder ses buts et pouvoir planter une banderille. On garantit l’axe par rapport à des joueurs qui sont habitués à jouer long et aérien.

Une défense à trois, est-ce une révolution au Sénégal ?

On n’a pas l’habitude de voir l’Equipe nationale évoluer avec une défense à trois. Mais déjà au Mondial, la Hollande jouait de cette façon. Ce système a ses avantages et ses limites. Il permet d’avoir la maîtrise axiale. Mais pour cela, il faut des hommes capables de l’animer. Sur les bases arrières, il faut des gens qui osent, avec des latéraux qui montent beaucoup et qui viennent participer au milieu. C’est dans une telle perspective qu’il faut voir le choix d’une telle organisation.

Les «Lions» sont-ils suffisamment outillés pour adopter de façon durable cette défense à trois ?

On a les hommes qu’il faut pour animer ce système. Encore faudrait-il qu’ils connaissent les rôles qui leur sont dévolus. C’est déjà être capable de se projeter vers l’avant et, à un certain moment, remonter le ballon à partir du gardien de but. Comme le faisait l’Egypte qui a remporté trois Can avec le même système. Il faut des gens rompus à la tâche, capables de bien défendre et bien attaquer. Mais surtout à partir de la défense que les gens osent. Dans les phases d’approche classique, qu’ils soient capables de remonter le ballon. Il faut aussi des milieux de terrain capables, sur une récupération très haute, de plonger vers l’avant pour exploiter l’avantage de la surprise. Ce que les gens appellent aujourd’hui la transition. C’est un concept qui semble nouveau, mais le football n’a jamais changé. Les innovations terminologiques ou conceptuelles sont toujours l’œuvre d’un homme qui a un rayonnement pour influencer les autres. Mais la transition a toujours existé. On a appelé la contre-attaque ce qu’on appelait l’équilibre défensif. C’est-à-dire les dispositions qu’on prend pour pouvoir rapidement partir à l’attaque lorsqu’on récupère très haut le ballon.

Dans une défense à trois, quel rôle devrait tenir le reste de l’équipe ?

Les autres joueurs doivent être rompus aux tâches défensives. Avec cette disposition, on a l’impression que l’adversaire vous domine. Mais ce n’est qu’une illusion. A partir du moment où l’on entre dans la masse, il y a un pressing qui se fait. A la récupération du ballon, les milieux de terrain comme les avants-centres peuvent plonger dans les espaces. Le schéma idéal, c’est d’avoir une équipe qui défend et qui attaque ensemble. Dans ce dispositif (3-4-3) tout le monde est concerné. Surtout l’axe central qui constitue la rampe de lancement des phases offensives. A partir du moment où ce secteur est bien huilé et que les milieux de terrain comprennent leur rôle, ça passe comme lettre à La Poste. La Juventus a remporté deux titres et deux coupes avec ce système. La Hollande est allé en demi-finale de Coupe du monde avec.

Quelles sont les limites d’une défense à trois ?

Il faut interroger le match Hollande-Costa Rica. Aucun système n’est parfait. Celui-ci a ses failles. Je suis persuadé que le coach connaît les secrets. Il faut avoir d’excellents latéraux qui sont forts en contre-attaque. Qui peuvent jouer comme des excentrés. C’est le cas de Stéphane Badji. Ce poste lui est taillé sur mesure. Il est capable de défendre et d’attaquer dans le sens positif. C’est-à-dire, il peut parfois centrer ou continuer les actions jusqu’à la ligne pour servir un caviar à un des avants ou un milieu de terrain au lieu de centrer à tout va comme le fait Pape Ndiaye Souaré. Peut-être aussi que ce sont ses limites tactiques ou son arsenal personnel. Stéphane est un milieu offensif qui a des qualités défensives, mais aussi tactiques. Il sait se replacer dans un dispositif. Milieu axial ou excentré, il tirera toujours son épingle du jeu.

Pape Souaré et Stéphane Badji sont des joueurs qui demandent à avoir plus de confiance en eux-mêmes. Il ne faut pas que le ballon leur brûle les pieds. Qu’ils aillent au bout d’un effort et ne pas se dire qu’ils sont simplement des pourvoyeurs de balle. Pourquoi pas aller marquer ! Il faut simplement que la confiance s’installe pour qu’ils aillent au bout de leurs actions. On ne perd pas un ballon sur des centres inconsidérés.

Kara Mbodji qui est dans l’axe a-t-il le profil de l’emploi ?

A part deux ou trois actions contre l’Egypte où des déchets techniques ont fait que notre gardien a été obligé de s’opposer (il s’en est bien sorti). Dans le domaine aérien, les jaillissements et les anticipations, il les fait assez bien. Mais c’est quelque chose de nouveau qui demande des capacités à donner des ballons propres au milieu de terrain pour ne pas s’exposer à des contres de l’adversaire. Pendant cette phase où les trois sont écartés devant la défense (l’un comme latéral droit l’autre à gauche), il ne faut pas donner le ballon à l’adversaire au milieu. C’est à ce niveau qu’il va falloir corriger. Au milieu, les prises d’informations doivent se faire rapidement pour pouvoir transiter rapidement le ballon et ne pas s’exposer à des pertes inconsidérées.

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