Ça papote à fond depuis Sénégal-Algérie (0-2). On entend du tout dans les transports, sur les radios, les grand-places. Ce bavardage est une thérapie de groupe, un art de l’auto-consolation après la défaite. Je vous livre une compilation des commentaires entendus autour de moi. Il n’est pas interdit de rire. Ça soulage aussi.
“C’est un complot français. Il ne fallait pas prendre un entraineur français (Giresse). Ils nous en veulent depuis qu’on les a battus à la Coupe du monde en 2002.”
“Moi, au moins, je suis épargné par la tension et le stress des matches des “Lions”. Quand le Sénégal joue, je suis dans un tel état de nerf. Je passe par tous les stades de frayeur. C’est une vraie torture pendant 90 minutes. Et, franchement, cette élimination nous épargne les chocs émotionnels du 2e tour : ça fait du bien à nos nerfs.”
“Il faut prendre la vraie mesure de ce qui est en jeu. Malgré les titres catastrophés de la presse, rien n’est fichu. L’équipe nationale continuera d’exister. Si tu aimes le foot et les joueurs sénégalais, tu pourras regarder les championnats étrangers.”
“De toute façon, l’équipe nationale, c’est une arnaque. En dehors des années de Can, il y a au plus sept matches dans l’année. C’est largement insuffisant pour bâtir une équipe de foot cohérente avec un jeu huilé. L’équipe nationale, c’est juste le truc nécessaire pour entretenir le. Et le patriotisme, c’est le bois qui nourrit le feu de la passion sportive.”
“N’oubliez pas : il y a quelques mois, le football sénégalais était dans les profondeurs du classement de la Fifa. Nous n’étions même pas qualifiés pour la dernière Can, éliminés par la Côte d’Ivoire.”
“Il faut prendre moins à cœur les résultats des matches de foot. Qu’est-ce qui aurait changé dans le quotidien des Sénégalais, si on avait gagné la Coupe ? Rien. On continuera à bouffer du riz et du riz, à payer les factures chères.”
“De toute façon, le football sénégalais est dans une phase de reconstruction. Quand on reconstruit, le mieux, c’est de tout raser, repartir de zéro. Cette défaite est donc un bon point de départ.”
“Pourquoi ne pas leur dire merci et tourner la page. Ils (les “Lions”) ont donné tout ce qu’ils avaient. Je crois qu’il faut leur dire “Merci pour tout ce qui vous avez fait, pour ces moments de plaisirs. C’est une manière de reconnaître leurs mérites et leurs limites…”