Des scientifiques américains ont réalisé une étude sur les footballeurs professionnels qui a révélé que certains présentaient les mêmes symptômes que ceux des victimes de traumatisme crânien. La faute aux nombreuses têtes que réalisent les joueurs au cours des entraînements et des matchs.
Jouer au football n’est pas sans danger pour la santé. Outre les traumatismes qu’ils peuvent subir après un tacle venimeux ou une mauvaise chute, les joueurs s’exposent également à des blessures irréversibles qui touchent, cette fois, l’intellect. La pratique du football à haut niveau détruit en effet les neurones qui permettent de réfléchir et d’associer des idées. En cause ? Les chocs à répétition sur le crâne qui se produisent quand les footballeurs jouent beaucoup de la tête. Selon une étude réalisée par le professeur Kim Namhee, du Collège Albert Einstein, à New York, et publiée par le magazine Pour la science, les têtes à répétition auxquels les footballeurs se livrent les joueurs durant les entraînements et les matches causeraient des dommages aux axones, les petites fibres nerveuses permettant de relier entre eux les neurones du cerveau.
Les scientifiques américains ont observé ces lésions à l’aide d’une méthode d’imagerie cérébrale qui permet de visualiser les voies de communication qu’emprunte l’information dans le cerveau. Ils ont constaté que cinq régions cérébrales présentent une perte d’axones comparable à ce qui est observé chez les personnes victimes de traumatismes crâniens. C’est la répétition des chocs, plus de 1 000 par an chez les footballeurs professionnels, notamment pour les arrières, qui redirigent avec la tête le ballon dégagé par le goal de l’équipe adverse, qui finit par déclencher des mécanismes de mort neuronale dans certaines aires cérébrales, avec des conséquences cognitives notables. Ainsi, les joueurs ayant subi divers tests cognitifs ont présenté une baisse de leurs performances de mémoire verbale, notamment. Ce qui peut expliquer la difficulté de certains à certains à s’exprimer…
Aux Etats-Unis, le phénomène est pris très au sérieux. Il est connu depuis presqu’un siècle dans le monde de la boxe, où plus d’une cinquantaine cerveaux d’athlètes, victimes de commotions cérébrales répétées, ont ainsi été examinés : tous souffraient de ce que l’on appelle communément le “punch drunk” et scientifiquement la «dementia pugilistica». Les chocs à répétition avaient déclenché chez eux une encéphalopathie chronique post-traumatique, qui se manifeste par un comportement dément : troubles de la mémoire, désocialisation progressive, comportements impulsifs, addictifs et pulsionnels menant parfois au suicide.
Le phénomène touche également le football américain, une discipline dans laquelle les joueurs portent pourtant un casque pour se protéger. Et certains d’entre eux ont décidé de se rebeller : 75 joueurs professionnels à la retraite ont porté plainte contre la NFL– la National Football League – devant un tribunal de Californie, pour obtenir des dommages et intérêts au regard des commotions cérébrales dont ils souffrent tous. Selon leurs avocats, la NFL connaissait depuis les années 1920 mais a caché ces faits aux entraîneurs, aux préparateurs et aux joueurs. Outre-Atlantique, le scandale ne fait que commencer…