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C’est depuis 2007, quand la Fifa a pris la décision, que la démesure s’est installée. Dès l’attribution de la compétition, on sut que Brésil-2014 n’était pas qu’un simple Mondial de plus. Pour cette vingtième édition, c’est comme si on passait des petits temples de village au lieu de sacralité absolue pour la grand-messe quadriennale des initiés. 

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Il est vrai qu’on joue au foot partout dans le monde, que les talents essaiment la planète et que les grandeurs sont partagées. Mais avec aucun pays au monde, la phrase n’est aussi harmonieuse quand «ballon» est complément d’objet direct et que «Brésil» devient sujet.

A partir de ce jeudi, l’éclat de l’or et du vert est attendu pour éblouir le monde. On est loin du meilleur Brésil de l’histoire, mais il nait toujours sur cette terre d’Amérique du Sud quelque chose d’apte à sublimer le foot, cet art qui exprime le mieux au monde l’intelligence du pied humain. Car, à ce jour, on n’a pas encore trouvé quelque chose d’autre que l’homme sait faire de plus raffiné avec ses membres inférieurs.

Si tout le monde attend le Brésil qui ouvre ce jeudi le Mondial, contre la Croatie, c’est de raison.

S’il y a une magie et un éclat surdimensionné qu’on attend de cette compétition, c’est parce que le Brésil bouillonne d’une fusion charnelle impossible à vivre ailleurs, entre ceux qui jouent, ceux qui chantent et ceux qui dansent.

Dans ce pays, le football est samba, alors qu’il n’a jamais pu être rock’n roll ailleurs ou tango quelque part.

C’est dans ce pays que l’on comprend si bien la magie (noire par excellence) du foot, que Rivelino, gaucher sublime qui gambadait sur son aile aux côtés de Pelé, a pu sortir cette définition du football qui demeure l’une des plus savoureuses qu’on ait pu lire ou entendre : «C’est la danse du diable. Il faut rendre fou l’autre et éviter qu’il ne vous rende fou quand il a le ballon.» Imaginez ces milliards de neurones que Garrincha a fait péter à travers le monde !

Ce qu’on aime avec le Brésil et qui explique tant d’élan, tient au fait que là où d’aucuns cultivent le foot dans la raison, on l’y exprime dans l’inspiration. Plus belle parce libre, plus fertile parce que sans limites.

On entend ainsi dire que si les Anglais ont inventé le football, les Brésiliens ont créé le dribble pour ajouter la magie du corps à la construction de l’esprit.

On aime aussi le Brésil pour sa part d’Afrique. En dehors du Nigeria qui prend part à ce Mondial, c’est le pays où l’on retrouve le plus de Noirs sur terre. Des Afro-descendants qui expriment de leurs talents immenses l’idée jouissive du football et construisent le plus grand rêve d’un pays qui leur doit tant, dans ce qui fait sa splendeur la moins contestée de par le monde. Dans ce pays contrasté, divisé, déchiré même par les contradictions socioéconomiques et raciales, ils tissent le principal trait d’union qui bâtit l’identité brésilienne.

Ce soir, à l’entame d’un Mondial chahuté par la contestation sociale comme jamais cette compétition ne l’a été dans l’histoire, les «Auriverde» jouent plus qu’un match de foot contre la Croatie. C’est la paix sociale qui est jeu. Une sorte de consensus qu’ils peuvent aider à rebâtir en créant le bonheur total autour du ballon.

©Waasports

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