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Discret de nature, Mayoro N’Doye sort les crocs dès qu’il chausse les crampons. Le football est l’histoire d’une vie chez ce jeune homme respectueux et déterminé, qui rêve de porter les couleurs du Sénégal. Découverte.

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En civil, Mayoro N’Doye ne paie pas de mine et ne fait pas de bruit. En tenue de footballeur, c’est une autre chanson, façon symphonie militaire ou chevauchée des Walkyries. Il devient méconnaissable, remarque son coéquipier Romain Inez : « Quand tu le vois comme ça, c’est un petit mec pas trop costaud mais il prend tout de la tête, il met des “boîtes” aux autres joueurs et, surtout, il n’est jamais fatigué. Son surnom, c’est le soldat. »

Point d’arme ni de haine chez Mayoro N’Doye, juste un goût naturel pour la fureur du combat physique, l’impact des corps dans les duels et, sans surprise, l’économie des mots. « Le coach aimerait que je parle plus sur le terrain , admet l’intéressé, mais c’est dur, parce que je suis timide. Alors j’essaie de changer, de crier parfois… Ce n’est pas moi. Ce n’est pas mon caractère. »

« Je ne lâche rien »

Hier, il s’est présenté sur les coups de midi dans l’obscur bungalow qui fait office de salle de presse à Saint-Symphorien. En un quart d’heure, il n’a laissé transpirer qu’une chose sur la table des confessions : une détermination farouche. Si ce garçon autrefois chétif a gagné en volume par exemple, il le doit aux séances supplémentaires qu’il s’impose au quotidien. « Je cours , dit-il, même après les entraînements. Je fais aussi de la muscu tout le temps et des abdos, du gainage à la maison. » Son credo ? « Je ne lâche rien. Je suis un guerrier. »

Ce monstre de travail a un besoin viscéral de se dépenser. C’est une nécessité professionnelle mais aussi un héritage familial enraciné dans son enfance au Sénégal. « Quand j’étais petit , se souvient-il, je courais tout le temps avec ma mère ou mon père. Il venait me réveiller à six heures du matin pour aller jusqu’à la mer. »

Souvent, un ballon venait se glisser entre ses pieds. Pour égayer son enfance et aiguiller sa destinée. Des matches de quartier à Thiaroye-sur-Mer au centre de formation à Dakar, le jeune Sénégalais a conçu cette idée fixe de faire du football un métier. Le plus dur fut d’annoncer à son père qu’il préférait les bancs de touche à ceux de l’école… « Je n’étais pas bon en cours », admet-il volontiers.

L’histoire du jeune Mayoro s’est emballée lorsque le Messin Olivier Perrin l’a repéré. Les sirènes de l’Europe venaient de retentir. « Le jour où on m’a appelé, ça m’a fait mal au cœur de quitter ma famille et mes amis. C’était dur… » Son exil adolescent sera finalement facilité par une famille d’adoption lorraine, « avec une femme, Thérèse, que je considère comme une mère aujourd’hui. » Sadio Mané et Diafra Sakho endosseront, eux, les rôles de grands frères dans le vestiaire.

De son éducation sénégalaise, N’Doye a aussi gardé un sens intact du respect des anciens. C’est l’autre pilier de son fonctionnement : « Quand ils parlent, je les écoute , dit-il. Je suis jeune, j’ai 21 ans et ils ont l’expérience. C’est grâce aux gens qui m’entourent que j’ai pu progresser. » La marge est encore énorme pour cet ancien n°10 reconverti en milieu increvable mais le temps de jeu est là. Il a disputé 34 matches la saison dernière et inscrit son premier but avec les pros, à Quevilly. Aujourd’hui, il se pose tantôt titulaire, tantôt un recours derrière Ahmed Kashi, mais il demeure un élément indéboulonnable du groupe professionnel.

Ce grand fan de « Robinho » rêve « comme tout le monde » d’Angleterre et d’Allemagne. « J’aimerais aussi qu’on m’appelle pour défendre mon pays, avoue-t-il. Je travaille dur pour arriver en sélection. » A terme, N’Doye voudrait d’ailleurs « ouvrir un centre de formation pour les petits à Dakar. » Pour boucler la boucle d’une vie de foot.

©Le republicain

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