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Ils ont en commun d’avoir été des footballeurs de grand talent et de n’avoir jamais disputé une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations (Can). Pour une raison ou pour une autre. Nous vous proposons d’aller à la rencontre de cette belle brochette de joueurs qui auraient certainement fait bonne figure dans cette compétition si courue. Aujourd’hui, Pape Ciré Dia.

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Trois fois meilleur buteur du championnat (en 2004 avec 18 réalisations, «alors que je n’avais disputé que la phase retour», en 2011 avec 11 buts et en 2013 avec 10 buts à égalité avec Ousseynou Ndiaye de Diambars)… Première sélection avec les «Lions» étrennée en 1999 en amical face au Cap-Vert… International sous Peter Schnittger et Amsatou Fall, sous Guy Stéphan et sous Abdoulaye Sarr-Amara Traoré… Et pourtant, Pape Ciré Dia, l’avant-centre du Jaraaf, n’a jamais eu le bonheur de disputer une phase finale de Can.

Passe encore qu’il n’ait pas été de la Can de 2000 au Nigéria, bien qu’il eût disputé presque tous les matches amicaux sous Peter Schnittger et Amsatou Fall, notamment contre le Mali à Bamako où il avait été buteur ; et toutes les éliminatoires, surtout l’expédition victorieuse à Asmara en Erythrée où les «Lions» avaient décroché la qualification au bout du barrage tripartite Sénégal-Erythrée-Zimbabwe. «C’est que, juste après, suite à un tournoi disputé en Arabie saoudite, j’avais signé un contrat professionnel au Koweït où j’avais passé 4 ans. Or, en ce temps-là, on avait décidé de ne plus convoquer de joueurs évoluant dans le golfe», explique-t-il.

Pape Ciré Dia accepte aussi, même s’il a du mal à se l’expliquer, de n’avoir pas été retenu pour la Can 2012 en Guinée équatoriale. «J’étais sur la liste d’attente, avec les Baye Oumar Niasse, Ass Mandaw et autres Stéphane Badji. Mais du lot, seul Khadim Ndiaye avait finalement été retenu pour la phase finale, rappelle-t-il. Mais de n’avoir pas été retenu pour la Can de 2006 en Egypte, ça, Ciré Dia l’a encore au travers de la gorge. «Ce qui s’est alors passé, c’est très grave, scandaleux même», peste-t-il. Pour cause, le redoutable attaquant du Jaraaf rappelle que c’est lui qui avait marqué le but égalisateur (2-2) face au Mali, à Bamako, lors du match décisif sur la route de la phase finale. «Entré à 7 mn de la fin de la rencontre, alors que le Mali menait par 2 buts à 1 après une première égalisation d’Henri Camara, j’avais rétabli la parité sur le deuxième ballon que j’avais touché. Une égalisation qui qualifiait le Sénégal pour cette Can-là. Ce n’est pas pour rien que les coaches, Abdoulaye Sarr et Amara Traoré, avaient poussé un sprint du diable pour venir me congratuler», se souvient-il.

Récompense

Or, pour la phase finale où le Sénégal avait été jusqu’en demi-finales, Ciré Dia avait été laissé au pays. «Sans aucune explication» », ajoute-t-il. «C’est le point noir de ma carrière. Et je ne comprends toujours pas comment cela a pu arriver. Dans n’importe quel autre pays au monde, on m’aurait inclus dans la liste des joueurs retenus pour la phase finale. Ne serait-ce que pour me récompenser et pour faire comprendre aux «locaux» qu’eux aussi pouvaient avoir leur chance en équipe nationale». Mais rien de tout cela. Surtout que Pape Ciré Dia qui revenait de 4 ans passés au Koweït venait de survoler le championnat avec ses 18 buts en 12 matches avec le Jaraaf couronné, en plus des 5 plantés en Coupe du Sénégal où son équipe n’avait été battue qu’en finale (1-2) par l’As Douanes d’un certain Papiss Demba Cissé, buteur ce jour-là. «J’étais vraiment dans une grande forme. J’aurais dû être de cette Can ; même en tant que remplaçant. Et en plus, on avait un problème de n°9 ; j’aurais donc pu apporter quelque chose comme je l’avais fait à Bamako face au Mali».

En fait, Ciré Dia semble avoir un don inné pour trouver le chemin des filets adverses, malgré sa petite taille pour un attaquant de pointe. Ce qui fait que, juniors, il avait très tôt été surclassé dans son club sénégalais de toujours, le Jaraaf. Une habileté qu’il a également démontrée pendant les 4 ans qu’il avait ensuite passés en Turquie où il avait côtoyé les Hassan Sass et autres Rigobert Song, après la Can 2006. C’est que Ciré Dia, en plus d’être un joueur technique, était très rusé et avait une culture tactique assez poussée qui faisait qu’il sentait plus que tout autre les bons coups dans le jeu. Ce qui lui avait conféré beaucoup de responsabilités au Jaraaf mais aussi en équipe nationale locale dont il était le capitaine lors du tournoi de l’Uemoa de Dakar remporté en 2013 à Dakar. Et dont il avait été le meilleur buteur.

Mais, cela ne le console toujours pas de n’avoir pas été sélectionné pour la Can de 2006 en Egypte. «Si j’avais été de cette Can et si j’avais joué ne serait-ce que des bouts de matches de cette compétition, je suis sûr que j’aurais trouvé un club en France ou quelque part en Europe», jure-t-il. Pas de quoi, toutefois en vouloir à la terre toute entière. «C’est la volonté divine et je le prends avec philosophie», soutient-il.

 

B. Khalifa NDIAYE

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