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Auteur d’une très belle prestation dans la défense centrale contre la Côte d’Ivoire à Casablanca (1-1), Papy Djilobodji revient sur cette rencontre, mais évoque également sa forme actuelle et son avenir. 

Ça doit être frustrant de sortir une grande prestation, pour finir par rater l’objectif final qui était la qualification…

Malheureusement, on ne peut pas refaire le match. On connait tous le résultat, on ne peut pas le changer. C’est la Côte d’Ivoire qui est passée, c’est la loi du sport. Il faut un vainqueur et un vaincu. Il faut les féliciter et espérer qu’ils fassent un bon parcours au Mondial et représenter dignement le continent africain. Je leur souhaite le meilleur. Maintenant, nous devons nous concentrer sur le futur et ne pas rester sur ce match. Nous devons nous orienter vers le futur et tout faire pour avoir de bons résultats par la suite, sinon ça ne servira à rien de faire un bon match et après de ne pas enchaîner.

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Quel a été le discours que vous vous êtes tenu dans le vestiaire, après le match ?

On était vraiment trop déçu. C’est clair ! Mais bon, on s’est dit qu’on avait fait le match qu’il fallait et que le plus important maintenant, c’est de regarder vers l’avenir. Il faut continuer à travailler, en espérant que la prochaine fois, ce sera notre tour. Si nous continuons comme ça, nous aurons de bons résultats. Le match nous a permis de retrouver la confiance. Ça a remobilisé les troupes. J’espère surtout que ça a permis au peuple sénégalais de reprendre confiance en son équipe nationale. Notre devoir, c’est de bien mouiller le maillot. Pour retrouver la confiance du public, il faut enchaîner des prestations comme celle de samedi, en s’améliorant aussi. Il faut cravacher maintenant, tout en ayant la tête sur les épaules, prendre exemple sur la Génération 2002, essayer de faire plus qu’eux. Ça ne sera pas facile car ils ont beaucoup fait pour le football sénégalais. Il faut les remercier pour cela.

Justement, la Génération 2002 avait démarré l’aventure en terre marocaine. Aujourd’hui, vous semblez tenir votre match référence, après cette partie jouée au Maroc où se disputera aussi la prochaine Can (2015). Cela ne vous donne-t-il pas des idées ?

C’est vrai que le Maroc nous sourit bien. Là, on sent que quelque chose est en train de naître avec cette équipe. C’est vrai que nous n’avons pas été réguliers dernièrement. Maintenant, espérons que c’est le début d’une nouvelle aventure. La prochaine Coupe d’Afrique, c’est au Maroc, tant mieux. Nous devons avoir l’objectif d’y aller et essayer de la remporter. Pour ça, il faut bien la préparer, se concentrer sur chaque match pour y être déjà. Nous ne sommes pas encore aux éliminatoires, mais il faut être prêt dès maintenant.

Avant le match, vous avez clamé votre désir de jouer. Qu’est-ce qui vous a poussé à tenir ce discours ?

J’ai toujours cru en mes capacités. Je me suis toujours dit que si l’on me fait jouer, je le ferai le plus naturellement, sachant que si l’on travaille bien en club et aux entraînements, il n’y a pas de raison de ne pas reproduire cela sur le terrain. Je suis venu avec l’envie de bien faire. La préparation s’était très bien passée. On a bien travaillé toute la semaine précédant le match. On avait un seul objectif, c’était la qualification. Cela ne s’est pas passé comme nous le souhaitions. La vie continue. On va continuer le travail, chacun dans son club.

Comment avez-vous appris que vous seriez titulaire ?

C’est à deux jours du match que le coach est venu m’annoncer que je serai titulaire. Il m’a demandé si j’étais prêt, je lui ai dit : «Bien sûr que je suis prêt !» Ensuite, il m’a dit : «Je sais que tu es prêt, maintenant, quand tu entres sur le terrain, il faudra le montrer.» Je lui ai répondu : «Coach, ne vous inquiétez pas. Dès que je serai sur le terrain, je vous le montrerai. Vous allez voir !»

Avec ce que vous avez dit avant le match, ça aurait ressemblé à de la prétention mal placée si vous étiez passé à côté de votre match. Cela ne vous a pas mis la pression ?

Je ne connais pas la pression. J’ai la foi. Je ne vais jamais avoir de pression ou une quelconque appréhension. Ce n’est pas de prétention ou un manque de modestie, mais je crois en moi. En plus, ça reste un match de football. J’ai déjà joué des matches de haut niveau, peut-être pas comme celui-là, mais ce n’est pas pour autant que je vais avoir peur alors que j’ai toujours voulu jouer. Le coach m’a donné ma chance, c’est ce que je voulais. J’espère avoir bien fait mon boulot. Je sais que je peux faire plus. Je peux faire mieux et j’essaie toujours de jouer mieux que le match précédent. Maintenant, en sélection, le plus difficile vient de commencer pour moi. Il faut avoir la tête sur les épaules. Le plus dur, c’est de confirmer. Cela passe par de bonnes performances en club.

Pour votre première titularisation en match officiel, vous étiez associé en défense à Kara Mbodj et Lamine Sané, dans une configuration inhabituelle pour l’équipe nationale. Avez-vous communiqué avant le match pour créer des automatismes ?

On ne s’est pas spécialement parlé avant le match car on ne savait pas qui allait jouer. Après, c’est Kara qui était à mes côtés, je le connais très bien. On a fait ensemble les essais à Lille (en 2009), on s’entendait déjà super bien. Tout se passe bien entre nous, quand on se retrouve en sélection aussi, avec Lamine (Sané) et les autres. Mais il n’y a pas que nous en équipe nationale. Il y a aussi d’autres très bons joueurs à notre poste. Je pense par exemple à Cheikhou Kouyaté, qui est lui aussi un très bon joueur même s’il est resté sur le banc. Peut-être qu’il n’était pas au meilleur de sa forme, mais il va revenir car c’est vraiment un très bon joueur. C’est bien pour la sélection d’avoir autant de bons joueurs à tous les postes. Après, le dernier mot reviendra au coach. L’essentiel, c’est qu’on joue tous pour notre pays et une fois sur le terrain, on donne tout pour faire plaisir à notre peuple, à nos amis, notre famille.

Durant le match, vous avez eu une petite altercation avec Didier Drogba, le capitaine ivoirien qui par moments faisait valoir son expérience pour casser votre rythme. Que s’est-il passé sur cette action ?

C’est vrai que Drogba est agaçant ! Il tombe tout le temps, sans prendre de coup, sans contact, sans rien. Même quand tu ne le touches pas, il profite d’une inattention de l’arbitre pour se mettre à terre. Moi je n’appelle pas ça de l’expérience, pour moi, c’est de la tricherie. C’est énervant. Sur une des actions, je lui ai dit ce que je pensais. Il s’est énervé en me demandant de me taire, mais bon je n’ai pas trop prêté attention à ce qu’il disait. Je me suis concentré sur le match. Ça arrive.

Il y a aussi cette action où vous êtes en bonne position dans la surface ivoirienne, après avoir éliminé votre adversaire d’un crochet, vous faites une passe en retrait au lieu de tenter la frappe. Il y avait de la place pour chercher le but, non ?

J’y ai pensé, mais ça va très vite. Dans ma tête, je n’avais pas assez d’angle pour frapper. J’ai vu que Papiss Cissé était bien placé et j’ai fait la passe. Le défenseur adverse a intercepté, malheureusement. Après le match, beaucoup de gens m’ont dit que je devais plutôt tirer au but. C’est vrai que ça m’a traversé l’esprit, mais je n’étais pas trop sûr de moi car je crois qu’il y avait aussi des gens devant moi, il faut que je revoie les images pour savoir.

Les observateurs ont loué votre qualité de relance. C’est peut-être l’une de vos principales forces…

J’ai toujours eu une certaine qualité de relance. Maintenant, comme toutes les qualités, il faut toujours travailler à les améliorer. Le dispositif dans lequel on a joué, avec trois défenseurs, permet de mieux mettre en évidence les qualités de relance des défenseurs. J’ai eu la chance de réussir toutes mes relances samedi dernier, ça m’a mis dans le match.

Un gaucher qui sait utiliser son pied droit pour autre chose que monter dans le bus, c’est assez rare. Comment avez-vous fait pour être autant à l’aise avec votre pied droit ?

(Rires) C’est vrai que c’est assez rare. Depuis tout petit, je jouais avec les deux pieds. C’est ce qui fait que ça ne me gène pas. Que le ballon soit sur mon pied droit ou sur le pied gauche, je ne me pose pas de question. La saison dernière, j’ai joué axe droit à Nantes et ça ne me dérangeait pas. A l’entraînement, je m’exerce toujours à faire des transversales avec les deux pieds, du coup, en match, je ne perds pas de temps entre le pied gauche ou le pied droit. En football, il faut toujours chercher à s’améliorer. Tout ne peut pas être parfait. Mais le plus important à mes yeux, c’est de garder le maximum de concentration, pendant tous les matches, puisqu’il s’agit de répéter les mêmes efforts.

Qui est votre modèle, chez les défenseurs ?

Mon modèle de défenseur, c’est Papy Djilobodji ! (Rires)

Vraiment ?

Oui, vraiment. J’aime bien certains joueurs quand je les regarde jouer, mais mon modèle, c’est Papy Djilobodji. Pour moi, chacun doit montrer ses propres qualités, les parfaire, essayer de gommer ses défauts et ne pas avoir à copier sur quelqu’un d’autre.

D’où tirez-vous cette confiance en vous ?

J’ai toujours aimé le football. Chez moi, je ne regarde que le football. Quand je finis de jouer un match, je récupère bien, ensuite j’essaie de voir ce qui n’a pas trop marché, ce qu’il faut améliorer pour être au top. Je crois en mes qualités, en sachant que je dois faire plus. C’est pourquoi, je ne cesse jamais de travailler.

Votre prestation a été unanimement saluée par la presse, les techniciens et les supporters. Avez-vous des échos de la façon dont le public a apprécié votre match ?

J’ai eu la famille et des amis au téléphone. Ils m’ont dit que j’ai fait un très bon match. Ce n’était pas le plus important par rapport à la qualification, même si ça fait plaisir que les gens apprécient positivement. Mais, je ne reste pas sur ce match. Après un match, je passe à autre chose, je me retourne vers le prochain match.

Le public sénégalais est généralement très versatile. Autant vous pouvez être encensé après un bon match, autant vous serez voué aux gémonies en cas de contre-performance. Vous êtes-vous préparé à ça ?

Mentalement, je suis fort. Je suis footballeur et je sais qu’on ne peut pas toujours être à 100%. On sait comment ça marche. Il ne faut jamais être à 80%. Si tu baisses à 50% ou moins, tu reçois une pluie de critiques. C’est comme ça. Moi, je me prépare à tout entendre. Il m’arrive souvent de me parler tout seul, pour me corriger, pour me rappeler que je dois faire plus, je dois continuer à travailler pour montrer ce que je sais faire. Je ne veux pas qu’on me critique. Mais, le jour où l’on me critiquera aussi, je le prendrai très bien, j’essaierai de ne pas répéter les mêmes erreurs une prochaine fois. Les gens sont libres. Quand tu fais de belles prestations, ils te félicitent, t’encouragent et ça fait plaisir, donc quand tu passes à côté aussi, s’ils sont durs, il n’y a pas de raison de prendre ça mal.

Le match contre la Côte d’Ivoire était très médiatisé en France. A votre retour à Nantes, que vous ont dit vos coéquipiers en club ?

Je ne les ai pas encore vus. Je viens tout juste de rentrer à Nantes parce que j’étais resté à Paris pour renouveler mon passeport. Je vais les voir demain (aujourd’hui, Ndlr). Déjà, certains d’entre eux m’ont envoyé des messages, car ils ont regardé le match. Ils m’ont dit que j’avais bien joué.

Certains médias français ont évoqué un intérêt de l’Olympique de Marseille pour vous. Qu’en est-il réellement ?

Pour le moment, je n’en sais pas grand-chose. C’est Issa Cissokho qui me l’avait annoncé lors du regroupement en Côte d’Ivoire. Je suis patient de nature. Depuis que je joue au foot, les choses viennent normalement. Je ne me précipite pas. Je sais que les choses arrivent par le travail. Quand on fait de bons matches, quand on est régulier dans les bonnes performances, les gens seront forcément intéressés et c’est ainsi qu’on progresse. Marseille ou n’importe quel club, tant que tu ne signes pas, ce n’est pas fait.

L’éventualité de quitter, dès janvier, Nantes existe-t-elle ?

Tout est possible en football. Moi, je me concentre sur les matches à venir. Ensuite, il y a les vacances avant le mercato. Il faut vider la tête pour revenir en force. Après, on verra ce qui se passera.

Pour les vacances, ce sera où ?

Je ne sais pas encore. Je n’ai pas encore décidé. Mais je sais que le Sénégal me manque, ma famille et mes amis me manquent. Je leur fais un coucou d’ailleurs, ainsi que tous les gens qui me connaissent, à tous les Sénégalais, particulièrement aux Kaolackois.

©L’Obeservateur

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