Les raisons du dépassement de soi, de la rédemption et de la victoire sont d’abord psychologiques ensuite culturelles et enfin sociologiques. Point besoin d’insister sur la relation dialectique entre le socio-culturel et le psychologique : le plus important, c’est que les faits objectifs finissent toujours par avoir une résonnance psychologique. Nous devons éduquer nos enfants dans la culture de l’ambition, de l’autocritique (et non de l’autoglorification).
Il faut éviter de montrer à nos enfants qu’on peut avoir une récompense même si on n’atteint pas son objectif ; que l’essentiel n’est pas de gagner. Cette morale ne suscite pas l’humilité, elle cultive plutôt l’humiliation et la culture de la médiocrité, du manque d’ambition.
Tout le monde n’est pas Messi qui sait tout faire avec le ballon (lui, il sait même ce qui est impossible) mais tout le monde peut avoir la hargne et le mental des hollandais. Mais ça, c’est avant tout l’effet de l’éducation et de la culture. Un pays où on inculque aux jeunes qu’on ne peut pas réussir sans recourir au coup de pouce des autorités ou de forces occultes, bâtit difficilement le moral d’acier qui fait les grandes équipes.
Dans les écoles, dans les lieux de travail, dans les familles, on met tout sous le compte de forces occultes ou du toppatô et du lijjënti. C’est quoi cette fédération qui convoie des charlatans à toutes les grandes compétitions au lieu de dépenser de l’argent pour faire, en aval, des projections sur tous ses adversaires potentiels du Sénégal et de déterminer les solutions pour contenir leur système de jeu ? Au lieu de convoyer ces mythomanes et autres imposteurs pourquoi ne pas organiser des séminaires et des forums pour les techniciens en préparation des compétitions en perspective ? Cette façon de penser et d’être détruit les ressorts psychologiques qui doivent servir de dopage aux compétiteurs. Il faut certes honorer nos lions pour leur courage et leur savoir-faire, mais on ne peut être champions d’Afrique et avoir des ambitions médiocres !
En regardant certaines équipes jouer, on a l’impression que les joueurs récitent des leçons bien assimilées : il s’agit sans aucun doute de données rationnelles qu’on peut acquérir et mettre en œuvre. La façon dont les Anglais et Equatoriens et les Hollandais ont joué avec le Sénégal, montrent qu’ils savaient parfaitement où passer pour nous battre. Nous devons pouvoir acquérir cette science au lieu de convaincre les jeunes à compter sur l’irrationnel.
* Par Alassane K. KITANE