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Hervé Renard a dit au revoir au football zambien et, partant, au football africain.  Cet entraîneur, brillant vainqueur de la Can 2012 en battant les deux supers favoris qu’étaient le Ghana et la Côte d’Ivoire, était perçu comme le modèle achevé du coach recherché pour le football africain. Un football envahi par ses supers pros.

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Après les techniciens parrainés par la Direction technique nationale française, qu’ils fussent ces anciens coaches des «Bleus» comme Henry Michel et Roger Lemerre, ou ces faiseurs de miracles qu’on avait annoncés comme Le Guen, Guy Stephan, ou Lechantre, tous partis sans gloire, Hervé Renard se particularisait dans la mesure où l’homme était venu en Afrique dans les bagages de Claude Le Roy, pour les besoins de la Can-2008 au Ghana. Il était donc hors des circuits pompeux de recrutements généralement usités.

Vainqueur de la Can avec la Zambie, en se basant sur une forte ossature de joueurs locaux, Renard avait cassé le miroir du phénomène de  starisation des équipes africaines et faisait rêver. On l’annonçait partout sur le continent, de la Cote d’Ivoire à l’Afrique du Sud, en passant par le Maroc ou l’Egypte.  Mais voilà, l’homme qui s’est fait  connaitre et surtout découvrir à travers le football africain, comme son maître Le Roy, a simplement fait tomber un gros masque. Il est allé, contre toute attente, s’engager avec Sochaux, une équipe de Ligue 1 française, avant dernier du classement et des moins prestigieuses.

Ce cas est instructif. Il fait apparaître qu’une équipe de Ligue 1 française, dans un championnat de niveau moyen en Europe, est préférable, pour un coach déjà estampillé «sorcier blanc africain», à une équipe nationale africaine, même de la classe performante A.

Ce cas Hervé Renard pourrait être une sorte de jurisprudence  pour les décideurs africains. Les grands entraîneurs européens sont faits pour le football professionnel européen. L’Afrique n’est, pour eux, qu’une terre d’asile, voire un repli pour se faire ou se refaire une reconnaissance, une carte de visite qui ouvrent les portes du football pro, français surtout.

Claude Le Roy, après ses frasques africaines, s’en est allé à Strasbourg où, démasqué, il se replia en Asie profonde avant de refaire surface au Ghana et en Rd Cameroun d’où il est reparti bredouille. Limogé par l’Om, Lechantre était  venu s’embourber au Cameroun, suivi en grandes pompes par Le Guen. Tous deux, ayant échoué, sont allés se perdre dans les footballs confidentiels du Golfe.

De même, si Giresse n’avait pas connu des déboires rapides avec Toulouse et le Paris Saint-Germain, on ne l’aurait sans doute pas connu dans les pays conquis de la Françafrique.

Et pourtant, il y a longtemps, Antoine Bell avait levé le voile quand Claude Le Roy, en grand inconnu, fut parachuté au Cameroun. Il disait : «C’est comme à la coloniale. On demande un assistant technique et on nous envoie le dernier de la liste.»

N’empêche, le Sénégal ne retiendra pas la leçon. Le Roy fut engagé au delà de toute orthodoxie, comme faiseur de miracles pour la Can. Après quatre ans d’errements, le fiasco fut retentissant. Limogé, il est parti en laissant le football sénégalais en mille morceaux.

Des «entraîneurs créateurs de systèmes qui rationalisent  l’épanouissement des joueurs», c’est fini depuis les époques des Kovacs, l’homme du football total, entre autres.

Aujourd’hui, en Afrique, ce sont lesdits anciens internationaux qui revendiquent les  gestions techniques des clubs alors que la plupart, sinon tous, sont issus du football de la rue, sans formation. En dehors de ces derniers, on a aussi lesdits professeurs qui se positionnent, aidés en cela par une tutelle complice, alors que leur fonction prédestinée est d’aller apprendre la gymnastique et le sport de base aux lycéens et collégiens. Mais ils se sont faits recycler par la Caf, sur complicité fédérale.

Au Sénégal, il y a de quoi pleurer sur les lacunes qui gangrèent les choix de coaches locaux. Les cas d’Amara Traoré et de Joseph Koto montrent que les décideurs sont loin de se pencher sur les bons profils, préférant l’obscurantisme dicté par le népotisme et le favoritisme, dès lors que les vrais entraîneurs-instructeurs sont exclus des systèmes de sélections pour oppositions d’idéaux.

Dans ces conditions, on est loin de voir cesser les cas semblables à celui d’Hervé Renard, malgré les grandes leçons qui viennent des Ivoiriennes et des Marocains. Le règne  des «sorciers blancs», venus pour la carte de visite, est loin de se terminer. Et l’Etat  continuera de demander des comptes, pour avoir dépensé sans voir les résultats attendus.

Il n’y a pas longtemps, on avait entendu dire devant un aréopage d’entraîneurs en conclave : «On nous envie d’avoir choisi un coach local». Allez demander la suite à Koto.

 

Waasports/Galsenfoot

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