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S’il estime que ses chances de qualification sont maigres face à la Côte d’Ivoire, Patrick Mboma soutient tout de même que l’équipe du Sénégal a valeur de deux buts par match. Mais pour battre les Éléphants, l’ancien Lion indomptable pense qu’il faut être mordant. Entretien

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Patrick, en termes de pourcentage, pensez-vous que le Sénégal a assez de chance de qualification devant la Côte d’Ivoire ?

Le Sénégal a moins de 50% de chance face à la côte d’Ivoire. Quand on voit le déroulement du match aller, on se rend compte que les Lions sont restés timorés jusqu’à la dernière seconde pour marquer ce but de l’espoir. Le score serait plus lourd si les Ivoiriens étaient plus réalistes devant. Cette ascendance psychologique n’est pas à négliger surtout quand on sait que le Sénégal ne recevra pas sur son territoire. Hormis tout cela, les Ivoiriens ont un potentiel qui leur permet de se mettre en situation avec leurs quatre tueurs devant.

Comment aborder ce genre de match ?

Il faut onze joueurs du Sénégal qui n’ont pas la moindre préoccupation de l’adversaire. Connaissant bien ses hommes, Giresse doit s’atteler à aligner des joueurs qui ont un minimum de forme. Il faut faire bloc et acculer l’adversaire dans son propre camp. En même temps, il faut être mordant et concrétiser la moindre occasion. La Côte d’Ivoire n’est pas une équipe facile à manoeuvrer. Je n’aime pas le terme «guerrier», parce qu’il n’est pas sportif, mais je pense que si le Sénégal présente un visage tout à fait différent de celui qu’il a montré au match aller. Il peut remonter son retard de deux buts sans en encaisser.

Quel est le problème réel de l’équipe du Sénégal ?

L’équipe du Sénégal est déséquilibrée. Je crois qu’on n’a même pas besoin de le démontrer. Pour remédier à ça, il faut remonter le ballon chez l’adversaire et y jouer les trouble fêtes. Cette formule permettra au Sénégal de presser très haut. Mais, attention, il faut rester vigilant derrière parce que la côte d’Ivoire a des éléments qui vont vite avec un matador en la personne de Didier Drogba qui peut-être dangereux à tout instant.

Justement, l’âge des Éléphants n’a-t-il pas trompé les Sénégalais ?

C’est un faux débat. Je fais partie de ceux qui avaient pensé qu’après la dernière CAN, Drogba allait raccrocher. Mais le garçon continue à séduire et à prouver qu’on peut toujours compter sur lui. Personnellement, j’ai connu le même sort en 2004. Les gens ont beaucoup parlé de mon âge et
tout. Mais après avoir pris ma retraite au sortir de la CAN-2004, certains me disaient qu’il fallait continuer. La Côte d’Ivoire a un atout très important qu’elle puise dans l’expérience de Yaya Touré, de Didier Drogba, et surtout de Didier Zokora toujours à la baguette.

Le Sénégal peut-il remonter les deux buts de retard ?

Oui. Parce que c’est la condition sine qua none. Marquer deux buts, c’est encore possible, mais marquer trois, voire quatre buts à cette équipe ivoirienne est quasi-impossible pour le Sénégal. C’est ça la délicatesse de cette rencontre. L’équipe du Sénégal a valeur de deux buts par match. Il
faut prendre des risques démesurés. Certains pensent que le mach est plié d’avance, mais moi je crois aux chances du Sénégal. Pour être solide dans ce genre de match, il faut s’ériger en boucliers.

Pour avoir joué le Sénégal à la finale de la CAN-2002, qu’est-ce qui manque à cette présente équipe des Lions ?

Je ne dis pas les choses méchamment. En 2002, j’ai rencontré cette équipe du Sénégal, mais croyez-moi, elle avait un entraîneur qui, sportivement et humainement, comprenait ses joueurs. Donc, forcément, ces derniers pouvaient se battre et mourir pour sa cause. Ensuite, il y avait des joueurs qui, techniquement, été bien dotés. Je veux parler de Khalilou Fadiga et d’El Hadji (Diouf). Sans oublier un milieu de terrain costaud. En tout cas, en son temps, l’équipe du Sénégal avait ce rouleau compresseur qui lui manque aujourd’hui. Là, il y a des talents, mais l’abnégation et la volonté font défaut. On ne peut pas reprocher à Giresse de ne pas être à la dimension de Metsu ou un autre entraîneur. Il est là depuis juste un an. Je crois qu’il pourra, à la longue, faire un bon travail s’il bénéficie toujours de la confiance de ses dirigeants.

Le débat sur l’absence de Demba Bâ fait toujours rage au Sénégal…

Le Sénégal a un talent devant qui lui permet, avec ou sans Demba Bâ, de continuer. Mais, je pense que ce garçon est un joueur énorme. Dans un match où on a besoin de mettre à profit la moindre occasion, je pense  qu’il est plus efficace que les autres. Son dernier match avec Chelsea en est une parfaite illustration. Son but contre Schalke 04 prouve que le garçon est un vrai renard de surface.

Y a-t-il, selon vous, une explication à cette décision de Giresse ?

Dans cette affaire, je pense qu’il ne faut pas trop incriminer Alain Giresse. À mon avis, s’il ne l’a pas pris, c’est parce qu’il n’a pas décidé de le titulariser. C’est normal, parce que le garçon a très peu joué. Et dans cette situation, s’il doit le mettre sur le banc de touche, c’est sûr qu’il gérera les egos. Mais je pense que dans de pareilles circonstances, le coach doit prendre son courage à deux mains et mettre des joueurs de
grande dimension sur le banc de touche. Mais bon, il est le seul patron de son équipe.

 

Stades

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