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L’oraison funèbre prononcée par Augustin Senghor pour accompagner la « dépouille » de Giresse illustre l’impitoyable destin des entraineurs. A entendre le président de la fédération, c’était le coach parfait jusqu’au désastre de Malabo. Un bon organisateur, témoigne-t-il. Un concepteur qui a fait émerger un groupe ramassé au plus bas, assure-t-il (même si la première année fut celle du tâtonnement). Un accoucheur d’idées qui laisse des lignes de cohérence au football sénégalais, atteste-t-il.

Mais un général a beau gagner des batailles, l’histoire ne l’attend que sur le terrain des guerres qu’il conclut.

La dernière image que laisse Napoléon est celle du désastre de Waterloo ; Giresse risque de ne jamais représenter dans l’imaginaire collectif de ce pays autre chose que le « gâchis » de Malabo. Terre de douleur et de désespoir pour le football sénégalais.

Démissionnaire ou démissionné, non-renouvellement de contrat ou absence de manifestation d’intérêt, l’essentiel se trouve ailleurs. Entre ce que déclare Augustin Senghor et la sanction qui s’est imposée, il y a ce destin implacable qui est celui de tout entraineur. Et cela quelle que soit la résilience du coach devant l’échec ou la patience d’un président à tendre vers l’inéluctable.

Ici ou ailleurs, les limites ne sont pas dans le temps, mais dans les urgences. Pour Giresse comme pour celui qui sera appelé à lui succéder, le destin ne s’écrit pas à l’encre de la compétence, mais du résultat. Demain ne changera sans doute pas aujourd’hui.

Qu’on ne se leurre pas au moment du choix et qu’on expose les exigences et les attentes qui pèsent sous le futur impétrant. Un entraineur, c’est comme un Premier ministre. L’illustration d’une extrême fragilité. Un sursitaire qui vit en permanence avec un pistolet à six coups sur la tempe.

Le bon entraineur, c’est celui qui gagne. Pas celui qui porte dans la main droite le coran et dans la gauche la bible du foot. Celui qui mange technique et boit tactique.

Mais dans un domaine où la compétence se heurte souvent à l’aléatoire, la bonne pioche ne relève pas pour autant du hasard. Il y a des repères qui, pour ne pas être mathématiques, donnent pertinence à un choix.

L’entraineur idéal, en plus de ses connaissances et de sa pratique, c’est la capacité à s’adapter à un contexte, puis à agir sur cet environnement pour pouvoir afficher ses compétences. C’est la rigueur dans le fonctionnement. Et puisqu’on n’est plus à l’ère du coach-à-tout-faire, c’est aussi la capacité à monter une équipe qui n’agit pas uniquement dans l’infériorité et la subsidiarité, mais dans la complémentarité des rôles et des responsabilités bien définies.

On a aussi besoin d’une philosophie et d’un discours qui éclairent sur le jeu et s’expriment dans le jeu. Histoire d’éviter les errements qu’on a connus entre Mongomo et Malabo. Les équipes qui sont venus dans cette Can pour s’exprimer sur ce qui fait leur talent et leurs particularités offensives, ne se sont pas perdus dans des chemins de traverses pour finir dans leur propre piège.

Limoger un coach peut s’identifier à une fuite des responsabilités, quand la colère populaire a besoin d’une victime expiatoire, mais ce n’est pas toujours une solution de facilité. C’est aussi une nécessité de survie. La logique du résultat sportif appelle à travailler dans la continuité et la durée, mais quand on se retrouve dans un gouffre, il importe de se remettre à zéro, revenir à la surface pour chercher le socle qui pourrait servir de tremplin.

Devant l’exigence d’un choix d’entraineur qui se fait pressant, l’impératif premier est de trouver un technicien qui peut améliorer la productivité du groupe actuel. Les faillites dans le management des hommes et des matches, qui ont conduit à l’échec dans cette Can, n’occultent en rien la valeur d’une équipe en phase de progression et dont la marge vers les sommets est portée par des joueurs qui ont encore valeur d’au moins deux campagnes africaines.

Cette équipe est devenue un groupe. L’apprentissage de l’échec participe à sa maturation. Il lui faut un homme de continuité. Non pas dans l’immobilisme et la gestion des acquis, mais dans l’amélioration des faiblesses constatées et analysées. Après une dizaine de sélectionneurs usés depuis 2002, entre titulaires et intérimaires, il est temps de faire preuve de logique.

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