Il est l’un des doyens du championnat. En lui, Abdoulaye Sarr trouve un relai important sur le terrain pour faire passer son message. Le club de la Médina compte sur lui pour ajouter un 11e titre en championnat à son palmarès. Ses jeunes coéquipiers l’apprécient bien.
De retour au pays depuis la dernière saison après un exile de plusieurs années, Pape Ciré Dia apporte sa touche personnelle à son club de toujours. « Il joue le rôle de leader dans le groupe. Il ne se prend pas pour un joueur, mais plutôt pour un encadreur ou un dirigeant ». Ce morceau choisi du témoignage de Mbaye Mbengue sur Pape Ciré Dia résume tout. « Il dit souvent à ses jeunes coéquipiers qu’il est là pour les accompagner », ajoute l’ancien défenseur du Diaraf. Mais cela ne veut pas dire qu’il manque d’ambitions. Au contraire. Il n’écarte pas une nouvelle aventure à l’étranger après un séjour d’une dizaine d’années hors du pays. « Si je trouve une autre opportunité pour sortir, je ne cracherai pas dessus. Je me sens toujours apte pour honorer un contrat professionnel », rassure le milieu offensif du Diaraf. Sorti très tôt du Sénégal, « plus précisément en 2000 pour le Koweit où j’ai joué pendant cinq ans », il est retourné en 2004-2005. De retour au pays en milieu de championnat, il a « terminé meilleur buteur avec le Diaraf. J’avais marqué 18 buts. Un record qui court toujours, Et c’est pourquoi je ne cesse d’encourager Ibrahima Diop (actuel meilleur buteur) pour qu’il l’efface ». Car, le capitaine du Diaraf trouve qu’il n’est « pas normal qu’un record court pendant dix ans…». Après le Koweit, Pape Ciré Dia a aussi joué au Maroc « pendant quatre ans et en Turquie pendant trois ans ». Avec la sélection nationale, il a également fait toutes les catégories. Révélé en 1997, il a honoré sa première sélection en équipe nationale un 22 juillet de la même année contre le Cap-Vert (1-0). But d’Abdoulaye Mbaye. Entré à la 44e minute à la place de Souleymane Cissé, Ciré Dia avait à l’époque comme partenaires un certain Pape Malick Diop de la Ja, et titulaire dans l’axe de la défense des « Lions » de la célèbre génération de 2002. Malgré son âge assez avancé (34 ans), Pape Ciré Dia se dit toujours apte à tenir son rang même en sélection nationale. Le secret de la longévité de sa forme, le meneur du Diaraf l’explique par une « hygiène de vie ».
Un « exemple » sur le terrain
« Pape Ciré Dia est un exemple pour nous les jeunes. Il ne cesse de nous donner des conseils, de nous corriger sur le terrain. Franchement, il est indispensable dans l’équipe », reconnaît Ibrahima Diop, l’actuel meilleur buteur du championnat avec 13 buts. Mais comme tout être humain, Ciré Dia n’est pas exempt de reproches. Il a aussi son côté négatif. « Son seul défaut, c’est qu’il se fâche vite. Mais c’est parce qu’il est rigoureux, donc il ne tolère pas certaines erreurs. C’est un gagneur… », relativise l’attaquant des Verts et Blancs. Son partenaire Babacar Seck abonde dans le même sens. Selon le latéral gauche et vice-capitaine du Diaraf, « Ciré Dia est un cadre sur le plan local. Il est en train de nous encadrer très bien ». Dans tous les cas, la nouvelle génération du club compte sur « son aide pour avancer ». Et comme défaut, Babacar Seck lui reproche aussi de « s’énerver vite ». Mais cela est dû à son « tempérament de gagneur », précise –t-il. Sinon, il ne voit « aucun défaut » chez Ciré Dia. « Il faut le comprendre, il n’aime pas perdre. C’est un gagneur. Quand on joue mal, il s’emporte ». Ce que le latéral international du Diaraf trouve normal, puisque « en dehors du terrain, c’est un grand qui est sans problème. Il ne cesse de nous donner des conseils, notamment sur le football sénégalais qu’il connaît très bien. Sur le terrain, il nous recadre ». En fait, compte tenu de son expérience, il prend le relai du coach sur le terrain pour recadrer ses jeunes partenaires. « Ciré, c’est d’abord un enfant du club qui a fait toutes ses gammes au Diaraf. Qui dit Ciré Dia l’identifie facilement au club. Il a fait beaucoup de piges à l’étranger, et je pense que sur ces transferts, il a pu apporter des ballons d’oxygène au club », renchérit Abdoulaye Sarr, le coach du Diaraf qui « connaît depuis longtemps Ciré Dia pour l’avoir encadré dans les différentes sélections de la sélection nationale ». A l’instar de ses joueurs, lui reconnaît aussi un côté négatif. « Comme tout être humain, il a ses défauts. Parfois, il veut tout régler seul, ce qui est impossible, mais c’est aussi une volonté de quelqu’un qui a confiance en lui. Donc cela peut aussi être une qualité. Sur le terrain, il aime le ballon et quelquefois, je lui demande de partager avec les autres… Mais ce que je retiens de l’homme, Ciré Dia, c’est quelqu’un qui, sur le plan humain, à de grandes qualités. C’est un vrai rassembleur, ce qui nous aide dans le travail », témoigne Laye Sarr.
Je peux encore jouer pendant quatre ans
A 34 ans, Ciré Dia a encore du jus même s’il lui arrive difficilement de terminer les matches. A la question de savoir le secret de sa forme malgré son ancienneté, le milieu de terrain du Diaraf répond sans ambages. « Je crois qu’il n’y a pas de secret en football. Il suffit de jouer régulièrement, avoir beaucoup de compétition dans les jambes, s’entraîner comme les professionnels. Je pense que je peux encore jouer pendant trois à quatre ans encore », rassure-t-il. Il n’écarte pas une nouvelle aventure à l’étranger.
Au regard de son expérience pour avoir joué longtemps, et notamment avec plusieurs générations au plan local, Pape Ciré Dia est donc bien placé pour juger le niveau du championnat. « Depuis l’année passée, la fin des championnat est passionnante. Donc, cela veut dire qu’il y a beaucoup de progrès qui sont faits. En tout cas, depuis deux ans, le championnat est très serré en fin de saison. Je pense que les équipes font beaucoup d’effort », a-t-il constaté. Fort aussi de son expérience internationale, notamment au Maroc, Ciré Dia est bien placé pour comparer le niveau du professionnalisme sénégalais par rapport à celui du Maroc. Notamment sur le plan de l’organisation. Prenant l’exemple du Maroc, il révèle que dans ce pays, « chaque équipe a son propre terrain. Au Sénégal, ce n’est pas le cas. Ici à Dakar, la plupart des équipes se partagent le stade Demba Diop sous les yeux de tout le monde. Donc les entraîneurs ne peuvent pas cacher leur plan tactique à leurs adversaires… C’est dommage, parce que si chaque équipe dispose de son propre terrain, ce serait plus professionnel », regrette le capitaine du Diaraf. En plus de ce retard sur le plan infrastructurel des clubs sénégalais, Ciré Dia a aussi noté une plus grande stabilité sociale dans les clubs marocains. En effet, d’après lui, ce sont des clubs qui ont non seulement des moyens pour recruter des joueurs et des entraîneurs étrangers mais aussi honorer leurs engagements. Dans la foulée, il déplore aussi l’ouverture des stades prédestinés au football, à la lutte, faute d’arène nationale.
Romario et Iniesta sont mes idoles
Naturellement, comme tout footballeur, Pape Ciré Dia a une référence dans le milieu du football. Le Brésilien Romario et Iniesta, l’Espagnol du Fc Barcelone, sont ses deux idoles. « Depuis mon enfance, j’ai toujours admiré Romario, mais aussi Iniesta parce que c’est un joueur qui ne perd pas de ballon. J’essaie de jouer comme lui, parce que je n’aime pas perdre le ballon ». Marié et père de trois enfants, Pape Ciré Dia a « deux frères qui sont actuellement en Italie et un neveu qui était à l’Institut Diambars » sur lequel il compte pour « assurer la relève ».
Lesolei