Pas de bol pour Gigi ! Le sélectionneur national du Sénégal n’a pas vu se réaliser son souhait d’éviter la Côte d’Ivoire pour le tirage au sort du 3e tour des éliminatoires de la Coupe du Monde 2014. Alain Giresse affrontera, malgré lui, les «Éléphants» de la Côte d’Ivoire qui rappellent au Sénégalais un souvenir aussi vivace que douloureux. Mais, ce n’est pas pour autant qu’il part en victime expiatoire.
Vous tombez sur une équipe que vous souhaitiez éviter. Quelle a été votre réaction, à l’annonce du tirage ?
J’étais d’abord surpris que ça soit le même tirage, qui fait que les deux équipes se retrouvent encore. Ensuite, j’ai pris acte du tirage, en regrettant que ça soit effectivement la Côte d’Ivoire, c’est un gros morceau, l’une des meilleures équipes africaines. C’est la preuve qu’entre ce que l’on souhaite et ce que l’on a, il y a une différence. Nous sommes tombés sur la Côte d’Ivoire. Je ne pense pas qu’il y ait eu beaucoup de Sénégalais qui souhaitaient affronter cette équipe, mais voilà. L’histoire se répète, c’est comme ça. On aura à nouveau un Sénégal – Côte d’Ivoire, c’est dommage.
Il y a quand même un point positif, en ce sens où le Sénégal a eu la main heureuse sur l’ordre des matches qui nous permet de «recevoir» au retour…
C’est sûr que c’est mieux comme ça, même si nous ne pourrons pas dire que le match retour sera totalement à domicile. Mais c’est toujours mieux que d’aller chez l’adversaire pour le dernier match.
Le passé récent entre les deux équipes, avec les deux défaites et les incidents qui s’en sont suivis, joue-t-il en votre défaveur ?
Il ne faut pas mélanger les incidents et les résultats sportifs. Sur le terrain, il ne s’est rien passé d’extraordinaire entre les deux équipes. C’était une confrontation normale que la Côte d’Ivoire a remportée et là, on s’achemine vers une autre confrontation.
L’écart de niveau qui séparait les deux équipes l’année dernière, est-il toujours aussi grand ?
Un écart entre deux équipes est difficile à mesurer. On peut considérer que l’équipe ivoirienne est supérieure. Elle arrive à maturité, avec des joueurs d’expérience… Elle est favorite. Mais ce n’est pas pour ça que nous sommes battus d’avance.
Sur le plan de la motivation, rencontrer la Côte d’Ivoire, dans ce contexte, ne vous facilite pas un peu la tâche ?
Non (Il se répète). De toute façon, on parle de qualification en Coupe du monde à l’issue de ces matches qui nous attendent. Alors, vous imaginez derrière l’objectif que ça représente et que les joueurs n’avaient pas besoin de plus de précision pour se motiver. Après, que l’adversaire soit la Côte d’Ivoire, ça veut dire surtout qu’il faudra une concentration au meilleur niveau pour jouer contre elle.
Y a-t-il un risque que les joueurs prennent cette rencontre comme une revanche ?
Je ne sais pas si parmi ceux qui seront là, il y en aura beaucoup qui avaient joué l’année dernière. Quand vous parlez de revanche à Alfred Ndiaye, Issa Cissokho, Henri Saivet ou Papi Djilabodji, je ne sais pas s’ils percevront le match comme ça. Et puis, on ne réécrit pas l’histoire. On ne va pas jouer ce match pour régler les problèmes du passé, mais on va l’utiliser comme une possibilité d’aller en Coupe du monde. Ce qui s’est passé avant, c’est fini, c’est terminé. On ne va pas revenir là-dessus.
L’année dernière, au match aller, malgré la défaite, le Sénégal avait, par deux fois, mené au score. N’est-ce pas là un signe que la Côte d’Ivoire est malgré tout prenable ?
Je ne peux pas vous parler de ce match-là parce que je ne l’ai pas suivi de près. Entre deux matches, la vérité n’est pas toujours la même. Bien sûr, je vais me servir de tous les éléments, dont ce match. Maintenant, il faut aborder le match à Abidjan dans les conditions qui seront à l’ordre du jour, sachant que la Côte d’Ivoire essaiera de faire la différence sur ce match. C’est à nous de nous organiser pour être solides d’abord et dans le domaine offensif, exploiter les possibilités qui s’offriront à nous.
A grande affiche, grande préparation. Peut-on avoir une idée du programme que vous souhaitez mettre en place pour cette double confrontation ?
Déjà, il faut commencer par régler les questions de primes qui ont perturbé le match à Marrakech contre l’Ouganda. Il ne faut pas qu’on vienne jusqu’au match pour se retrouver avec des réclamations. Que tout cela soit réglé. Mais aussi tout ce qui concerne le déplacement, la logistique. Je vous rejoins quand vous dites : «A grande affiche, grande organisation.» Il faut que tout soit au point et qu’on ne se retrouve pas à faire face à des impairs qui auraient pu être évités par une bonne prévision. Pour ça, on doit être plus rigoureux, plus vigilant, et éviter que certains soucis qu’on rencontre de temps à autre se répètent.
Avez-vous parlé aux joueurs après le tirage ?
Oui, avec certains.
Que vous ont-ils dit ?
Le discours a été le même : «Coach, on tombe sur la Côte d’Ivoire, ce ne sera pas facile, c’est un gros morceau.» J’ai dit : «Oui, effectivement.» Sans qu’il n’y ait un quelconque abattement ou une déception. Ils sont conscients de la tâche, mais sans avoir un sentiment de démotivation face à l’adversité. Ils connaissent parfaitement l’enjeu qu’il y a au bout.
Votre choix de recevoir à Marrakech a été validé lors du dernier match, mais le soutien populaire a fait défaut. Pour une affiche contre la Côte d’Ivoire, ne faut-il pas revoir votre position et étudier une solution comme Casablanca où il y a une forte colonie sénégalaise ?
La difficulté qu’on a, c’est que dans l’idéal, on doit choisir à la fois des conditions d’entraînement et de jeu qui sont correctes, et en même temps chercher un soutien populaire. Ce n’est pas facile de combiner les deux. C’est là que ça pose problème. Après, si Casablanca est une solution idoine, pourquoi pas ? Je ne maîtrise pas la situation des colonies sénégalaises dans un pays ou un autre. Si effectivement Casablanca offre cette solution, tant mieux. On avait reçu l’Angola à Conakry. Mais en Guinée les conditions ne sont pas évidentes. On ne peut pas y jouer en nocturne, donc ce serait sous la chaleur. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte et ce n’est pas facile. Il faudra voir.
Il y a eu beaucoup de soucis évoqués dernièrement dans l’équipe ivoirienne, entre les joueurs ou dans l’environnement de la sélection. Cela peut-il participer à vous faciliter la tâche ?
Les histoires des coulisses, vous savez… Je ne pense pas. Dans ce genre de match, la motivation est toujours là. Il y a la mobilisation qui est grande. En plus, je ne me suis pas encore penché sur le sujet, donc je ne sais pas exactement ce qu’il en est. Si ça peut nous aider, tant mieux, mais là, on ne peut pas savoir.
Entre Drogba, Yaya Touré et Gervinho, qui faut-il craindre en premier ?
Tous ! C’est un ensemble, un collectif, avec de fortes personnalités, de grands joueurs de talent. C’est sur le plan collectif qu’il faut espérer les contrer. Si vous mettez quelqu’un en marquage individuel sur Gervinho qui fait la différence, il n’y a plus personne pour s’en occuper. C’est par le collectif qu’on pourra les contrer.
iGFM