Le stade Léopold Sédar Senghor de Dakar doit porter le nom de Mawade Wade, indépendamment de la décision des pouvoirs publics de baptiser celui de Médine, à Saint-Louis (nord), du nom du défunt éducateur et entraîneur de football sénégalais, plaide Amadou Lamine Sall, commissaire général du mémorial Gorée-Almadies.
“Un stade à Saint-Louis vient de porter le nom de Mawade Wade. C’est heureux et c’est bien. Mais c’est bien le stade Léopold Sédar Senghor qui doit porter son nom dans la capitale”, écrit le poète sénégalais dans une contribution parvenue à l’APS.
“Peut-être que cela se fera un jour, et alors le stade qui porte aujourd’hui son nom dans cette mythique et glorieuse ville de Saint-Louis du Sénégal, glissera vers le nom d’un autre fils de Ndar (NDLR : la ville de Saint-Louis) qui a servi le sport, son pays, son continent”, ajoute-t-il.
“Depuis l’ancien régime au pouvoir (NDLR : celui d’Abdoulaye Wade), j’avais écrit et soutenu auprès des ministres en charge des Sports, que le stade Léopold Sédar Senghor devait être débaptisé, pour porter le nom de Mawade Wade”, écrit encore Amadou Lamine Sall, par ailleurs président de la Maison africaine de la poésie internationale (MAPI).
“Je n’ai jamais compris pourquoi ce stade portait [le nom de Léopold Sédar Senghor]. Bien sûr, pour ceux qui connaissent l’histoire, sans revenir sur les détails, on sait comment finalement tant de lieux et d’espaces ont été baptisés simultanément, en grand nombre, du nom de Senghor”, fait-il valoir.
Il cite l’aéroport de Dakar, l’ancienne avenue Roume et le stade de l’Amitié.
“Saluons simplement la générosité qui a conduit à ces baptêmes”, estime le poète, soulignant toutefois : “L’aéroport Léopold Sédar Senghor et l’avenue Léopold Sédar Senghor peuvent porter le nom de Senghor. Le stade de l’Amitié, non”. “Senghor, c’est notre visa. Cela aurait pu lui suffire.”
“Ce stade, depuis fort longtemps, dès la disparition de Mawade Wade, devait porter le nom de ce dernier. Cela a été mon combat. Il importe de bien faire les choses et de bien distribuer les rôles. A chacun son mérite, son lampadaire là où il a installé sa lumière”, estime Amadou Lamine Sall.
Ancien instituteur, ancien footballeur, fondateur en 1950 du Réveil de Saint-Louis, puis entraîneur du club en 1965, Mawade Wade est décédé le 14 septembre 2004, des suites d’un accident vasculaire cérébral (AVC).
Il fut directeur technique de l’équipe nationale du Sénégal, de 1966 à 1977, en compagnie de Lamine Diack et de Jo Diop. Il était considéré comme un entraîneur aux idées d’avant-garde dans les années 1960, partisan d’un jeu offensif et créatif.
Mawade Wade, également militant panafricain actif, a rejoint dès 1970 la Confédération africaine de football (CAF), dont il intègre la commission de développement technique. Il a contribué à l’élaboration d’une nouvelle “constitution” pour l’organisation continentale, avec l’Éthiopien Ydnekatchew Tessema et l’Algérien Mohamed Maouche.