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L’érection, en 2008, de Kaffrine en région avait fait naître l’espoir que la nouvelle entité administrative commencerait à compter sur l’échiquier sportif national. Cinq ans après, la région manque encore presque de tout. Une de nos équipes de reportage y a fait une incursion pour faire l’état des lieux. Le dénuement est à la mesure des attentes

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Comme deux autres régions (Sédhiou et Kédougou), celle de Kaffrine est née avec la réforme administrative de 2008. Une mesure qui a rendu autonome la localité qui dépendait, jusqu’alors, de la région administrative de Kaolack, après avoir fait partie de la région du Sine-Saloum au début des indépendances. Une régionalisation que les populations ont accueillie favorablement, espérant une prise en charge locale de leurs préoccupations avec l’aide des pouvoirs publics et en particulier, l’Etat. Mais l’état des lieux sportifs (pratique, compétitions, organisation, infrastructures, ressources humaines, entre autres), montre que beaucoup de choses restent à faire avant de sevrer ce bébé, âgé de 5 ans, qui a encore besoin de la présence nourricière de l’Etat pour prendre son envol.
Kaffrine est quasi-absente du top des localités sénégalaises qui s’illustrent grâce aux résultats sportifs de ses représentants (équipes ou sportifs individuels). Chargé d’administrer la pratique dans toute la zone, l’inspecteur régional des sports a dressé un tableau peu flatteur du secteur dans la localité. Pour Mouhamadou Lamine Boye, en poste depuis novembre 2010 et que nous avons trouvé seul dans le bâtiment qui lui sert de bureau et de résidence, la région peut avoir mieux que ce dont elle dispose actuellement en la matière. Selon lui, la difficulté réside dans les deux maillons essentiels : les infrastructures et les ressources humaines.

Une carence en ressources …
Chargé d’administrer le sport dans la région, le Service régional des sports est l’exemple type d’une administration qui manque de tout. Le service est, en effet, géré par un inspecteur de l’éducation populaire de la jeunesse et des sports, chef du service régional, Mouhamadou Lamine Boye, assisté par un professeur d’Eps qui fait office de secrétaire général de l’Uassu, d’un inspecteur directeur technique régional de football et d’un agent d’administration, comptable des matières. Le service a ses démembrements dans trois des quatre départements de la région, à savoir  Kaffrine, Birkelane et Koungheul qui disposent chacun d’un maître d’éducation populaire, chef du Service départemental des sports. Le département de Malèm Hoddar, lui, attend toujours son chef de service. Un déficit de ressources humaines auquel s’ajoute le manque de matériel et de finances, entre autres. Car l’inspecteur s’appuie sur l’existant pour étayer ses propos. Depuis son installation, le « service n’a pas bénéficié de dotation pour son fonctionnement, et le peu de matériels existants a été emprunté au Service régional de la jeunesse ».
Pourtant, le Service régional des sports qui est une structure décentralisée du ministère des Sports a pour mission d’exécuter, à la base, la politique définie par l’Etat en la matière. A ce titre, il est chargé « de soutenir et de contrôler l’action des ligues, groupements sportifs et structures consacrant une partie de leur activité au sport », de la « formation initiale et continue des cadres et initiateurs bénévoles du mouvement sportif », de la « gestion des infrastructures sportives de proximité en collaboration avec les collectivités locales », ainsi que « d’organiser et de superviser les activités de l’Uassu en collaboration avec l’inspection d’académie ». Des missions que l’inspecteur ainsi que ses quelques collaborateurs auront du mal à accomplir vu l’immensité de la tâche et la modicité des moyens à leur disposition. Parce que tout simplement, dans ce service, il y a des problèmes puisque le personnel se résume au seul inspecteur régional qui n’a pas de collaborateur. A part les inspecteurs départementaux qui sont à Kaffrine, Birkelane et Koungheul, (Malem Hoddar n’en a pas). Là-bas encore, il n’y a que l’inspecteur qui fait le travail. Il y a donc des problèmes dans l’encadrement mais aussi dans la mise en place des infrastructures.

… des infrastructures qui se font désirer
Kaffrine, à l’image de beaucoup de contrées de l’intérieur du pays, souffre de son manque d’infrastructures. Ce qui réduit les capacités des pratiquants et surtout réduit la marge de manœuvre des encadreurs et dirigeants dans leur volonté de bien faire. Ce que confirme l’inspecteur régional. « Le secteur des sports a connu, ces dernières années, un développement fulgurant marqué par l’augmentation du nombre de pratiquants et la diversification des activités. Parallèlement, la région souffre d’un manque criant d’infrastructures sportives de qualité, les structures étatiques (service régional et services départementaux des sports) et les regroupements sportifs (ligues et districts) peinent à trouver des moyens suffisants pour organiser et promouvoir la pratique sportive jusque dans les coins les plus reculés ». Un stade fonctionnel est construit à Kaffrine depuis 1988 ; une infrastructure que les acteurs voudraient valoriser pour servir un peu plus aux sportifs. Mais le stade ne compte qu’un terrain de football qui n’est utilisable que la journée puisque ne disposant pas d’éclairage. Ce qui conduit à des conséquences négatives dans les performances des acteurs, obligés de jouer en plein jour et sous la chaleur. Et pourtant, à côté, le stade dispose d’une réserve foncière mise à profit par le gardien qui en a fait un champ où il cultive des arachides, du mil, du maïs, entre autres variétés. Du coup, les responsables des différentes disciplines militent pour une meilleure valorisation de l’espace avec la construction d’un plateau multifonctionnel où peuvent cohabiter basketteurs, handballeurs, volleyeurs, tennismen, pratiquants des arts martiaux, etc. On compte également une salle de karaté et une salle de taekwondo à Kaffrine ainsi qu’un gymnase à la Mission catholique. Un luxe par rapport aux autres localités de la région puisque Koungheul dispose d’un stade et d’un plateau multifonctionnel qui sont à peine praticables alors que Birkelane peut se targuer également d’avoir son plateau multifonctionnel même si la qualité peut être améliorée. Le reste des infrastructures est constitué de terrains plus ou moins clôturés qui accueillent les pratiquants.

Seuls le foot et le hand…
La pratique sportive à Kaffrine se résume essentiellement au football et au handball qui sont pratiquement les seules disciplines qui permettent à la région d’être présente dans le paysage sportif sénégalais. Mais ces deux disciplines évoluent, tout de même, loin de l’élite nationale.
Pour le football, l’As Kaffrine poursuit sa chute vers les abîmes puisqu’elle doit évoluer, l’année prochaine, en Nationale 2, alors qu’elle a flirté avec l’élite à un moment donné, ratant de peu la montée en Ligue 1, en 2010. Les équipes de navétanes participent également aux joutes de niveau supérieur à travers les phases nationales de l’Oncav qui mettent, chaque année, en lice, les meilleures équipes du championnat national populaire. « Notre participation est pour le moment symbolique, dans la mesure où nous n’avons pas encore été dans les premières places », reconnaît Insa Faye, président de l’Orcav. Pour le handball, ce sont surtout les filles qui sont plus présentes avec des va-et-vient entre l’élite et les divisions inférieures mais avec de réels efforts qui sont déployés pour faire évoluer la situation. En dehors de ces disciplines, les autres sports sont quasi-invisibles avec une présence qui se limite au seul périmètre régional, si ce n’est municipal.

 

Lesoleil

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