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Nouvelle recrue du club anglais, West Ham, Cheikhou Kouyaté veut profiter de la Prermier League pour gravir les paliers. Le désormais exsociétaire d’Anderlecht veut se donner les moyens de reconquérir sa place de titulaire en équipe nationale. Car, pour lui, il n’est pas question de rater la CAN- 2015. Entretien

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Cheikhou, êtes-vous satisfait de votre saison à Anderlecht ?

Jusqu’au mois de décembre non, je n’étais pas du tout satisfait. Mais après la trève, on est revenu en fanfare. L’équipe était tellement malade que dans nos têtes, on ne se voyait pas champion de Belgique. On était 4ème au classement. On se cherchait. Avant les play-offs, notre coach est parti. À l’arrivée d’un nouvel entraîneur, on est reparti avec une autre mentalité. Et ce n’est pas pour rien qu’on est champion de la Belgique. On a serré les dents, ce qui nous a permis de repartir de zéro. Dans son discours, il nous a fait comprendre qu’il n’y a ni ancien ni nouveau. Personnellement, il m’a remis à ma place, c’est-à-dire milieu de terrain. Cela m’a fait du bien. Et je dis que c’est grâce à cette place que j’ai eu mon transfert à West Ham. Pourtant, des observateurs me disaient que, pour moi, ce ne serait pas facile de partir en jouant en défense centrale. Je n’y croyais pas. Mais après douze matchs quand on m’a fait glisser au milieu de terrain, tout est parti crescendo pour moi.

Qu’est-ce qui a motivé votre choix de signer à West Ham ? 

Ça me fait du bien de quitter Anderlecht en ce moment. Et comme je l’avais annoncé il y a quelques années, je voulais partir par la grande porte. Et, Dieu merci dont c’est arrivé au moment idéal. Là, je vais découvrir un autre championnat. Celui dont j’ai toujours rêvé depuis mon enfance. Ça me fait vraiment plaisir.

Pourquoi aviez-vous refusé les mirobolantes offres venues de la Russie ?

La Russie n’est pas pour l’instant dans mes plans. Les clubs russes étaient vachement interessés, mais West Ham s’est montré plus accroc sur moi. Que ce soit le coach, le président et même la vice-présidente, ils ont tous fait un geste. Même lors de ma première partie de vacances à Dakar, ils n’arrêtaient pas de m’appeler. J’avais laissé le boulot à mes agents. C’est quand le coach, Sam Allardyce, m’a appelé en me disant : «Cheikhou, je veux vraiment que tu viennes et je suis même prêt à sacrifier mes vacances pour qu’on se voie et qu’on discute de vive voix». On s’est donné rendez-vous à Londres, on a bien discuté et cela m’a permis de savoir que c’était la destination qu’il me fallait.

Comment s’est passée cette rencontre avec Sam Allardyce ?

Ça s’est bien passé. Je me souviens même qu’il y a deux mois, il était venu me superviser à Bruxelles, lors d’un match contre Standard de Lige. Il était là pour moi et un autre attaquant du Standard. Il était satisfait. D’ailleurs, à son retour, il n’a pas hésité à m’appeler pour me dire qu’il était vraiment interessé par mon profil. Cela s’est confirmé lors de notre première rencontre. Il m’a parlé de beaucoup de joueurs africains qu’il avait  eus par le passé. Il m’a rassuré qu’il pourra me faire progresser et que je pourrai aller très loin. Sam, c’est le coach qu’il me faut. Il m’a parlé d’El Hadji Diouf, d’Okocha, de Nwankwo Kanu. Il m’a même dit qu’il était un «père» pour El Hadji. Il m’a parlé en bien de ce footballeur très talentueux que l’on ne présente plus au monde. Malgré le caractère trempé de Diouf, Sam Allardyce a su le «gérer» comme il faut. Aujourd’hui, c’est une chance pour moi de le côtoyer. Il a tout fait pour m’enrôler dans son effectif. Je ne peux que lui dire merci.

Vous rejoignez Mohamed Diamé à West Ham. Vous at- il filé quelques informations sur ce club ?

Bien sûr. On a bien discuté. Il m’a dit que j’allais être content et que je serai facilement adopté par les supporters du club. Il m’a aussi dit qu’il n’a pas besoin de m’en dire plus parce que je vais découvrir moi-même l’ambiance. Et le reste viendra tout seul. Il m’a bien conseillé. Il sera derrière moi.

Le championnat anglais devrait vous permettre de vous imposer en équipe nationale ?

Ce n’est pas parce que l’on joue en Angleterre ou en Espagne qu’on est forcément titulaire en équipe nationale. En sélection, on a besoin de joueurs qui se donnent à fond, qui mouillent le maillot convenablement. Aujourd’hui, on peut être là et demain on se retrouve sur le banc ou en dehors de la sélection. Le plus important, c’est d’être tout le temps prêt. Dans leur tête, tous les footballeurs savent qu’en équipe nationale rien n’est définitivement acquis.

Titulaire en équipe nationale, vous vous êtes subitement retrouvé sur le banc…

En football, il y a des hauts et des bas. Quand on perdait le match aller des barrages contre la Côte d’Ivoire (3-1), j’étais passé complètement à côté de mon sujet. Franchement, je n’étais pas dans le bain. Après, quand le coach a choisi de changer le système, c’est normal que je sorte parce que nul n’est indispensable en équipe nationale. Cette décision, je l’ai acceptée. Maintenant, à moi de prouver en club que j’ai ma place dans cette équipe. Et je travaille pour y arriver.

Mais le banc de touche vous dérange ? 

Je ne suis pas dérrangé du tout. Psychologiquement, je suis bien dans ma tête. Nous constituons une famille. Aliou Cissé nous disait pendant les JO qu’une équipe nationale est avant tout une famille. Il faut créer des liens de sang. Et cela se voit entre nous. On essaie tout le temps de faire ce qu’il faut. Même sur le banc de touche, on se sent concerné. Entre jeunes, on essaie de créer ce lien de sang et les anciens aussi nous épaulent. Et ça rigole bien entre nous. Nous ne sommes pas en équipe nationale pour nous faire la guerre, mais plutôt pour défendre les couleurs de notre Nation. C’est sûr qu’une fois que la mayonnaise prendra, on fera de bonnes choses.

Le Sénégal a-t-il les moyens de se qualifier à la CAN- 2015 ?

C’est sûr. On a une belle équipe. Là, on a raté et la CAN-2013 et le Mondial 2014. Maintenant, il faut tout faire pour ne pas rater les prochaines échéances. On sait bien que rien n’est facile et que nos supporters nous en veulent d’avoir manqué ces rendez-vous. Le discours n’est pas suffisant. Il faut se donner à fond pour atteindre nos objectifs. Il est impensable de rater la prochaine CAN. Les paroles ne vont pas nous qualifier, il faut prouver sur le terrain en se sacrifiant. Je pense que si on commence bien la campagne en gagnant notre premier match à la maison, la motivation sera grande aussi bien du côté de nos supporters que dans l’équipe.

Le talent ne manque pas en équipe nationale mais les résultats ne suivent pas, pourquoi ?

Quand on n’a pas les résultats attendus, il y a forcément des problèmes. Nous en sommes conscients. C’est sûr que si on se qualifie, tout le monde sera derrière l’équipe. Aujourd’hui, il y a des gens qui ont tourné le dos à l’équipe parce qu’ils n’y croient plus. C’est à nous de nous  serrer les coudes et essayer de nous qualifier pour faire l’unanimité autour de nous. Parfois, nous-mêmes ne comprenons pas ce qui nous arrive. Mais, il ne faut pas perdre confiance. La vie est ainsi faite, il y a des hauts et des bas. Il faut juste s’adapter sans douter. On doit se concentrer sur notre sujet et se dire que l’on ne doit pas manquer Maroc-2015, un grand rendez-vous du football africain.

Le démarrage des éliminatoires coïncidera avec le début des championnats en Europe. Ne faut-il pas craindre un manque de rythme ?

On sait bien que ça sera difficile. En Angleterre, on va reprendre à la mi-août. Ça fera deux semaines de compétition, soit deux matchs de championnat dans nos jambes. Ça ne sera pas facile. Certains reviendront de vacances et tout. Mais, on sait bien comment ça marche en Afrique. Il faut arriver avec un mental de fer. Tout se passera dans la tête. Donc, à nous de nous adapter et de rester mentalement costauds. Nous sommes restés pendant plus de quatre mois sans jouer ensemble et pour le début des éliminatoires, on n’aura que six jours de préparation. Il faut s’adapter, c’est la seule solution.

Pendant ce temps, vos adversaires égyptiens et tunisiens auront beaucoup de matchs dans leurs jambes…

Si on joue avec la même mentalité que face à la Côte d’Ivoire à Casablanca, on pourra s’en sortir. Si nous tirons tous du même côté, nous irons loin. Sinon ça sera extrêmement difficile.

N’y a-t-il pas un problème de mental en équipe nationale ?

Non, je ne crois pas. Après ce match contre la Côte d’Ivoire, nous n’avons joué que des matchs amicaux. Ce n’est pas le même enjeu, ni la même préparation et le coach essaie de faire tourner son effectif aussi. L’équipe sera prête en septembre. Mais, nous sommes au Sénégal et nous savons que nos supporters sont exigeants. On va tout de même accepter les critiques parce que c’est le propre du métier qu’on a choisi. Tout le monde attend un résultat positif du Sénégal même si c’est difficile. Nous donnerons les moyens de nos ambitions.

Stades

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